Dialogue national : l’Eswatini entre espoirs et désillusions
Claire Riobé – Cité du Vatican
Nouvel espoir pour le peuple eswatinien. L’ex-Swaziland, petit pays entouré par l'Afrique du Sud et limitrophe à l'est du Mozambique, a été le théâtre de violentes manifestations en mai 2021 contre le roi Mswati III, au pouvoir depuis 35 ans. Les manifestations pro-démocratiques, menée par des étudiants, travailleurs des transports ou soignants et fonctionnaires, ont été durement réprimées par l’armée et auraient fait des dizaines de morts et divers blessés.
C’est dans une tentative de médiation entre le souverain et son peuple que le président sud-Africain Cyril Ramaphosa, en sa qualité de directeur de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), s’est de nouveau rendu en Eswatini le 2 novembre dernier.
Pour les habitants «aucun signe d’un avenir meilleur»
La situation sécuritaire de la dernière monarchie absolue du continent africain est toujours imprévisible, comme le décrit Mgr José Luís Gerardo Ponce de León, missionnaire de la Consolata et évêque du diocèse de Manzini. «La situation a été calme ces derniers temps, mais nous devons garder à l'esprit qu'il y a toujours un couvre-feu de 21h00 à 4h00 du matin pour contrôler et prévenir d'éventuelles émeutes». En outre, dans toutes les villes, les forces de sécurité sont présentes et visibles dans les rues.
Le religieux argentin attire l’attention sur les jeunes du pays «frustrés, fatigués d'attendre et ne voient aucun signe d'un avenir meilleur». Les manifestations de mai avaient été déclenchées par le meurtre d'un étudiant en droit, Thabani Nkomonye, dont la police est accusée. La mobilisation, la plus importante depuis les manifestations de 2019, s'était étendue au cours de la dernière semaine de juin alors que la répression s'intensifiait. Le roi y a répondu en bloquant les connexions internet, en imposant un couvre-feu et en déployant l'armée contre les manifestants.
La présence de la SADC, porteuse de nouveaux espoirs
La visite du président sud-africain Cyril Ramaphosa pourrait cependant avoir initié les bases d’une nouvelle dynamique de dialogue, pour Mgr José Luís Gerardo Ponce de León. Si «par le passé, la SADC a toujours donné l'impression d'être inefficace», regrette l’évêque de Manzini, lui a perçu dans cette rencontre «quelque chose de nouveau». Cyril Ramaphosa «est venu en personne et ensuite parce que, après son intervention, il y a eu une déclaration publiée par les deux gouvernements» (ce qui n’avait pas été le cas en juillet 2021), observe-t-il.
L'accord passé entre le gouvernement d'Eswatini et la SADC devrait donner lieu à une feuille de route pour le dialogue entre le roi et les citoyens. Et l’évêque de Manzini de s’interroger : «Le peuple aura-t-il son mot à dire et ses besoins seront-ils écoutés ?»
«Nous répétons que le dialogue est urgent»
Le processus d’un dialogue national ne commencera cependant pas avant la célébration de l'Incwala, la fête nationale célébrée en mars 2022. Ce délai inquiète les manifestants et parties civiles, qui y voient l’occasion de nouveaux mois de répression de la part de l’armée. «Depuis que les émeutes ont éclaté, nous répétons que le dialogue est urgent. Maintenant, le reporter au mois de mars signifie souffler sur le feu».
Mgr José Luís Gerardo Ponce de León conclut : «Notre espoir est que la SADC et le gouvernement publient des directives pour le dialogue national et que certaines dates soient connues, cela nous aidera à l'avenir. (…) nous espérons que des mesures seront prises pour garantir le calme et la paix sociale.»
(avec Agence Fides)
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