Léon XIV à Nicée, la réaction du métropolite orthodoxe Emmanuel de Chalcédoine
Entretien réalisé par Delphine Allaire - Cité du Vatican
Que représente pour vous la venue du Pape Léon XIV à cette date à Iznik (Nicée), ville qui deviendra celle de son premier déplacement à l'étranger?
C'est une visite au Patriarcat œcuménique, sur l'invitation de Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée, pour un pèlerinage ensemble afin de célébrer le 17e centenaire du premier Concile œcuménique de Nicée. C'est avec une grande joie que l'on aborde cette visite. Les échanges et les visites des Papes à l'Eglise de Constantinople à Istanbul ont lieu depuis Paul VI. Jusqu'à maintenant, la visite était limitée uniquement à Ankara, la capitale, puis à Istanbul pour la visite du patriarcat œcuménique et les communautés catholiques. C'est pourquoi Nicée n'était pas jusqu'à maintenant à l'ordre du jour, mais le 17e centenaire, l'anniversaire que nous célébrons cette année pour marquer le centenaire du 17e centenaire du Concile de Nicée de 325 donne l'occasion de cette visite commune.
Ce sera une célébration avec la présence d'autres invités, des primats et des délégués fraternels des autres Églises chrétiennes, puisque ce Concile est celui qui a notamment produit les sept premiers articles du Credo, les cinq autres ayant été complétés par le deuxième Concile œcuménique de 381. Le Concile de Nicée a eu une importance pour notre foi et pour le dogme. Notamment le Credo, commun à tous les chrétiens.
Comment se portent aujourd'hui les relations entre l'Église catholique et l'Église grecque-orthodoxe?
Les relations entre l'Eglise de Rome et l’Eglise de Constantinople sont excellentes. Le dialogue se poursuit. Le dialogue théologique avance. Pas uniquement avec le patriarcat œcuménique, mais avec toutes les Églises orthodoxes autocéphales.
Nous avons encore des points à éclaircir, mais nous avons fait beaucoup de progrès jusqu'à maintenant, grâce aux initiatives des dernières décennies, après la levée des anathèmes de 1054 dont nous célébrons le 60e anniversaire cette année, qui montrent que nous avons quand même franchi beaucoup d'obstacles. Nous sommes sur la bonne voie pour la réalisation, dans un avenir proche je l'espère, de la communion entre nos deux Églises sœurs.
Le patriarche Bartholomée a nourri plusieurs amitiés avec les différents derniers Papes, François, Benoît XVI, Jean-Paul II. Que dire de ces liens personnels et amicaux? On pourrait d'ailleurs remonter à Paul VI et Athénagoras.
C'est à l'époque de Paul VI et d’Athénagoras que ces relations ont commencé grâce à la rencontre de Jérusalem en 1964. Egalement pendant les pontificats de Jean-Paul II, de Benoît XVI et de François, ces contacts faits de visites réciproques et d’échanges ont montré que les contacts personnels et la connaissance mutuelle aussi sont nécessaires pour avancer dans le dialogue. Ce n'est pas uniquement un dialogue au niveau théorique, ils avancent également au niveau pratique.
1964-2025. Après l'esprit de Jérusalem, l'esprit de Nicée va-t-il souffler?
Absolument. Il suffit de voir comment à la suite de la rencontre de Jérusalem en 1964, à la suite de la levée des anathèmes en 1965, c'est une nouvelle étape, une nouvelle période des relations entre nos deux Églises qui montre qu'il y a un avenir possible. Il y a certainement encore du travail à faire, mais il y a, en ce moment, une meilleure connaissance les uns des autres. Alors qu’il y avait pendant une longue période une ignorance... Maintenant, nous entrons dans une période où nous acceptons l'autre, nous connaissons mieux l'autre, et nous venons notamment avec ces échanges, d'établir des liens beaucoup plus profonds qui vont nous aider à accomplir la volonté du Christ lui-même pour que tous soient un.
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