Mgr Muteba : «Quand il s’agit de l’éducation de la jeune fille, je ne peux pas reculer»
Jean-Paul Kamba, SJ – Cité du Vatican
Dans le cadre du jubilé de la spiritualité mariale, tous les fidèles de l’archidiocèse de Lubumbashi s’étaient dirigés samedi 11 octobre, non pas vers le domaine marial, mais plutôt en direction du Lycée Lubusha qui célèbre ses 75 années d’existence et sur lequel pèse un lourd nuage de spoliation et de destruction.
Un patrimoine historique et spirituel
L’établissement, situé dans la localité de Lwisha, fut offert à l’archidiocèse de Lubumbashi par le couple Marguerite et Blaise Cousin, des bienfaiteurs français proches de l’Église. «Il ne s’agit pas seulement d’une école, mais d’un véritable complexe éducatif et spirituel», explique Mgr Muteba précisant que le site comprend des salles de classes au standards modernes, un laboratoire, avec du matériel sophistiqué pour les expériences chimiques, un couvent, un dortoir de 800 lits, un centre spirituel ainsi qu’une chapelle en moellons ornée de malachite.
Madame Cousin, n’ayant pas eu d’enfants, avait fait de l’éducation de la jeune fille sa priorité et c’est ce legs historique et culturel, souligne-t-il, que l’archidiocèse entend préserver.
Une triple menace: spoliation, délocalisation, disparition
Selon l’archevêque, deux sociétés minières chinoises opérant à proximité du lycée mènent une exploitation irrégulière, en violation du Code minier congolais, qui interdit toute activité extractive à moins de 800 mètres d’une école. «Ces entreprises extraient le cuivre à 50 mètres à peine du dortoir des jeunes filles», déplore-t-il, en indexant les dynamitages, pollution chimique et dégâts matériels qui menacent directement la sécurité et la santé des élèves.
Pire encore, s’insurge Mgr Muteba, «ces sociétés n’auraient ni études d’impact environnemental, ni autorisations conformes. C’est l’illustration d’une corruption à très haut niveau et d’une anarchie qui coûte cher à notre pays».
Un appel à la résistance
Face à ce qu’il qualifie de «sabotage de l’éducation de la jeune fille», l’archevêque de Lubumbashi a lancé un appel à la résistance contre l’anéantissement de ce lycée qui a formé des personnalités illustres du pays. «Fidèles, anciens élèves, congrégations religieuses et même des citoyens non catholiques se sont mobilisés pour défendre le lycée. Nous formons un front commun pour protéger ce patrimoine. Il y a des partenaires, au Congo et à l’étranger, prêts à se joindre à cette bataille», affirme-t-il.
«Nous demandons la justice, pas la faveur»
L’archevêque de Lubumbashi et président de la CENCO appelle les autorités congolaises et la communauté internationale à intervenir pour que justice soit rendue: «Nous ne demandons pas de faveur, mais la justice. Ce lycée n’est pas seulement un lieu d’éducation ; c’est un symbole de dignité et de foi». Et d’ajouter: «Si une société minière ne peut pas exploiter à 500 mètres d’une école en Chine, pourquoi le ferait-elle ici ? Ce n’est pas acceptable». Pour finir, l’archidiocèse demande la fermeture immédiate des sociétés concernées ainsi que la réparation d’innombrables dommages causés.
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