Bernard Holzer, religieux en mission depuis 20 ans aux Philippines

À l’occasion du Jubilé du monde missionnaire organisé ces 4 et 5 octobre à Rome, coup de projecteur sur un prêtre assomptionniste, qui fut secrétaire général du CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) durant neuf ans. Le père Bernard Holzer, âgé aujourd’hui de 77 ans, exerce toujours sa mission aux Philippines avec amour, dévotion et passion. Et voici 20 ans déjà que l’aventure religieuse continue.

 Augustine Asta - Cité du Vatican

«Je suis un peu un aventurier», «je crois que le Seigneur m'a donné cette curiosité, cette ouverture». Les premiers mots du père Bernard Holzer, au micro des médias du Vatican, dressent en quelque sorte son portrait-robot. Le prêtre assomptionniste, en contact avec des missionnaires dès son enfance a toujours été émerveillé par les découvertes et les histoires qu’ils racontaient. Ce qui aura sans doute forgé et nourri son «esprit aventurier» mais aussi sa carrière religieuse bien remplie. «J'ai beaucoup servi en France. Je voyageais énormément. J’ai été élu assistant général de la congrégation. J'étais en charge de l'Afrique et de la fondation en Asie». Ce long cheminement l’a ainsi conduit à se proposer spontanément, comme volontaire en Asie. «C’est un continent qui me fascinait, et qui me fascine toujours», dit-il.

Jusqu'au bout du monde

Née à Huningue d’une mère française, originaire de Magstatt, et d’un père allemand, de la Forêt Noire, le père Bernard Holzer, a grandi en Alsace mais a eu dès le départ la chance d'être moulé dans un univers biculturel, avec deux langues à la fois, l'allemand et le français. Très jeune, il se lança alors dans la vie religieuse, effectuant ses premiers vœux à 19 ans chez les assomptionistes. «J'ai vécu la transformation de l'Église avec un dynamisme certain. On a eu la chance d'être une génération qui était pleine d'espérance. C'était le temps de décolonisation, on avait un regard très positif sur le monde», rappelle-t-il.

La mission, selon le le père Bernard Holzer, prêtre assomptionniste.

Âgé aujourd’hui de 77 ans, le religieux se souvient encore avec exactitude de ses premiers pas dans le monde missionnaire. «J'étais jeune, et c’était avant le Concile, les missionnaires allaient évangéliser les païens, ceux qui ne connaissaient pas Jésus-Christ». En effet, poursuit-il, lorsque les missionnaires sont arrivés aux Philippines, en 1521, ils ont trouvé un peuple très religieux, pacifique, accueillant, qui a été conquis par le christianisme, avec une forte religiosité populaire. «Quand je suis arrivé ici avec mes confrères, il y a 20 ans, on est allé voir le cardinal de Manille. Il nous a dit qu’il a 3 rêves. Le premier c'était qu’on aide l’Église locale à former prêtres, religieux, religieuses et laïques pour passer d'une religiosité populaire à une foi personnelle en Jésus-Christ qui transforme la société. Le deuxième, c’est un des défis de notre Église, être proche des pauvres. Et le troisième c’est de touver comment l'Église des Philippines peut aider celle de Chine». Cela représente les trois axes «de notre ministère aux Philippines», confie-t-il.

Adaptation missionnaire, face aux défis

Et voici 20 ans déjà que l’aventure religieuse du père Bernard Holzer aux Philippines continue. Mais durant tout le temps passé, il a dû se confronter au défi du dialogue avec d'autres cultures et religions. Et «c'est cette ouverture qui m'a beaucoup passionné, qui continue à me passionner d'ailleurs», lance-t-il. «J'ai beaucoup appris, au niveau de la religiosité populaire, et c'est un véritable atout, une chance. Le peuple philippin a une foi très profonde, enraciné». Même s’il faut dire en revanche qu’il existe «une culture très lourde de corruption. C'est le pays le plus catholique d'Asie et le plus corrompu», regrette-t-il.

Face aux défis rencontrés, le père estime qu’il faut du temps à la fois pour «accepter, ne pas juger, et essayer de comprendre». Il faut «être aussi patient», ajoute-t-il. Car «les pas de Dieu ne sont pas les nôtres». «J'essaie vraiment d’être à l'écoute et en même temps faire des propositions et entrer en dialogue, ne pas imposer un modèle». La plus grande joie du missionnaire qui a su tracer les sillons d’une vie religieuse accomplie, «ce sont les sourires des gens, c'est être accueilli avec amour dans un pays qui est si merveilleux. Être au contact d’un peuple qui est très ouvert et très chaleureux», affirme-t-il.

“La mission aujourd'hui, c'est ne pas imposer quelque chose, c'est écouter, c'est le dialogue et c'est de marcher ensemble. Dans un monde où actuellement les tensions sont fortes, avec des guerres, des violences un peu partout, l'Église donne ce signe de paix, ce signe de dialogue afin de suivre le chemin synodal, d'avancer et de collaborer ensemble.”

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05 octobre 2025, 12:00