L'Église de Tanzanie inquiète face à la persistance des enlèvements dans le pays

Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

Cela fait plus de deux ans que ces incidents se multiplient. À en croire Mgr Ruwa'ichi, ils sont orchestrés par des groupes spécifiques qui commettent des actes malveillants dans diverses régions du pays. Ceci «pousse de nombreux Tanzaniens à se demander pourquoi ces ravisseurs semblent plus puissants que les agences de sécurité et les autorités chargées de garantir notre sécurité et notre prospérité», a affirmé le prélat. L’archevêque de Dare es Salam s’est indigné du fait qu’on entend aucune condamnation ni «aucune action de la part de ceux qui sont chargés de protéger la vie des Tanzaniens», regrettant la perte que cela entraine en termes des droits humains fondamentaux, en particulier le droit à la vie. Il a exhorté le gouvernement à «trouver des solutions durables aux enlèvements et disparitions qui se poursuivent», lui rappelant son devoir de «veiller au bien-être de tous les citoyens et de le promouvoir, sans discrimination d'aucune sorte».

L’appel au dialogue pour le bon déroulement des prochaines élections

Les célébrations du 14 octobre, jour de la mort de Julius Kambarage Nyerere, qui a le statut de père de la nation, sont une occasion pour l’ensemble du pays de faire le bilan des années passées, en esquissant les promesses et projets pour l’avenir. Saisissant cette occasion, Mgr Ruwa'ichi a interpellé l’ensemble de la nation sur les enjeux des prochaines élections, devant avoir lieu le 29 octobre 2025, alors que le climat politique s’avère être de plus en plus tendu. Il a exhorté ses compatriotes «à se laisser guider par une conscience sincère, vivante, guidée par la vérité et consciente de la crainte de Dieu, de la dignité humaine et de la noble histoire de notre pays», et non pas des intérêts partisans. «Prenez des décisions qui respectent ces valeurs, en tenant compte de la crainte de Dieu et de la dignité humaine telles qu'elles se reflètent dans votre conscience. Ne vous laissez pas influencer par les menaces, les pots-de-vin ou toute forme d'intimidation», a insisté le prélat. S’adressant de façon particulière à la classe politique du pays, il a demandé que «ceux qui ont des opinions divergentes sur les questions électorales» engagent un dialogue, «dans le respect des droits politiques fondamentaux énoncés à l'article 21, qui garantit ces droits à chaque citoyen», a précisé le prélat tanzanien.

Portrait de Julius Kambarage Nyerere

Julius Nyere a été déclaré Serviteur de Dieu par Benoît XVI

L'une des réalisations de Nyerere a été d'atténuer les tensions ethniques en Tanzanie. Grâce à sa philosophie de l'«Ujamaa» - «esprit de famille», une conception «communautariste» de la société africaine, le premier président tanzanien avait tenté de rassembler ses compatriotes autour des idéaux communautaires de fraternité et de l’égalité, au-delà des liens de sang ou de tribut qui semblaient prévaloir sur l’intérêt commun. Il constitue désormais une mémoire commune pour tout le continent et une figure de proue dans la promotion de l’unité africaine.

Le 13 mai 2005, le Pape Benoît XVI l déclaré Julius Kambarage Nyerere Serviteur de Dieu, marquant ainsi la première étape du processus menant à sa béatification et, à terme, à sa canonisation.