Annie, dévote de saint Charbel, vit dans la pauvreté à Beyrouth Annie, dévote de saint Charbel, vit dans la pauvreté à Beyrouth 

Annie, pauvre et malade, sauvée par saint Charbel Makhlouf

Il est le saint au plus grand nombre de miracles aux dires des Libanais. Saint Charbel est vénéré par tous les catholiques du Liban, indépendamment de leur rite d’appartenance. Le Pape Léon XIV se rendra sur sa tombe lundi matin 1er décembre.

Jean-Charles Putzolu – Envoyé spécial à Beyrouth, Liban

Annie et sa sœur Seta vivent ensemble dans un quartier populaire de Beyrouth. Veuve et sans enfants, Annie n’a pas de revenus. Seta en revanche travaille, mais son salaire, en millions de livres libanaises, ne représentent que quelques dizaines de dollars mensuels. Trop peu pour vivre, pas assez pour survivre. Annie a perdu son travail bien rémunéré de secrétaire en 2004 à cause d’un état de santé fragile, victime du délestage des plus vulnérables dans son entreprise. Après ce limogeage, elle a enchainé les petits boulots, mais n’a jamais retrouvé un emploi stable. En 2017, elle tombe gravement malade d’un cancer. Sans travail ni assurance, les soins lui sont inaccessibles. Ce sont les petites sœurs de Jésus et Marie qui lui viennent en aide, grâce à un financement de la fondation Aide à l’Église en détresse. Sans ce soutien, elle n’aurait pas pu suivre un traitement lourd, et guérir. Dans son petit appartement trois pièces, elle s’éclaire à la pile électrique. La compagnie nationale d’électricité alimente la ville environ deux heures par jour. Pour les heures restantes, ceux qui en ont les moyens s’offrent les services de fournisseurs d’électricité privés, qui gèrent des générateurs gigantesques disséminés un peu partout dans la capitale, alimentés au fuel et extrêmement polluants. En se déplaçant en ville, l’odeur du mazout est omniprésente.

Un quotidien au centime près

Faire les courses, se nourrir, est un casse-tête quotidien pour les deux sœurs, tout est cher et hors de portée. Mais le problème majeur reste l’accès aux soins. Annie est diabétique et a besoin de trois doses d’insuline chaque jour. Ces soins coûtent 100 dollars par mois. Là encore, la congrégation religieuse fait son possible pour l’aider lorsque Seta, la sœur d’Annie n’arrive pas à trouver suffisamment d’insuline dans les centres de santé publics. «J’en veux au gouvernement», dénonce Annie, «dans quel pays un gouvernement ne se préoccupe-t-il pas de ses citoyens?»

Quand elle raconte son histoire, elle a les larmes aux yeux. «Pourtant je suis toujours optimiste», dit-elle, «c’est vrai qu’il y a des moments où je vois tout en noir, mais je me reprends vite». Par ailleurs, 2026 s’annonce compliqué pour Annie et sa sœur. Les deux femmes vivent dans un appartement en location dont le loyer pourrait être très fortement augmenté dès janvier lorsqu’une nouvelle législation entrera en vigueur. Elle craignent tout simplement d’être expulsées et se reloger sera presque impossible à cause de leur faible revenu.

Comme Annie et Seta, une grande majorité de Libanais vit sous le seuil de pauvreté, dans un pays autrefois qualifié de «Suisse de l’Orient». Les deux sœurs sont loin d’être un cas isolé.

Monastère de Saint Charbel Makhlouf
Monastère de Saint Charbel Makhlouf

Dévote de saint Charbel

Avant sa maladie, Annie, arménienne-catholique, se rendait très régulièrement à la tombe de saint Charbel au monastère d’Annaya. Elle priait devant l’ermite maronite. La dégradation de son état de santé l’a empêchée de poursuivre son pèlerinage pendant plusieurs années.

L’an dernier, alors qu’elle n’avait pas reçu d’insuline pendant trois jours, elle s’inquiète. Un prélèvement sanguin révèle des valeurs affolantes. Un médecin de l’hôpital lui demande de se faire dialyser de toute urgence. Mais impossible de trouver une place dans l’immédiat. Le système sanitaire public est saturé.

Dans l’attente de se voir donner un rendez-vous, sa nièce lui rend visite et lui offre une image du saint maronite, elle se raidit et s’énerve un peu: «Je me suis adressée à saint Charbel en regardant la photo. Je luis ai dit: “pourquoi tu ne m’as pas aidée. Je t’ai tellement prié et tu n’as rien fait pour moi. Maintenant tu dois me guérir”». Quinze jours passent, puis Annie refait un prélèvement sanguin. Elle ne comprend pas les résultats et laisse le médecin de l’hôpital s’occuper de les interpréter pour elle. «Annie, qu’est-ce que tu as fait? Tes valeurs sont normales, tu n’as plus besoin de dialyse», lui lance-t-il.

Annie, qui prie le saint tous les jours depuis l’annonce de son médecin, attribue sa «guérison miraculeuse» au saint patron du Liban. Elle a apporté toute la documentation médicale au prêtre chargé d’analyser les guérisons au monastère, certaine d’être la 14ème personne sauvée par saint Charbel Makhlouf en 2024.

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28 novembre 2025, 22:13