Côte d’Ivoire: l’Église prie pour les migrants disparus sur les routes de l’exil
Marcel Ariston Blé – Côte d’Ivoire
Un temps de prière pour les victimes de la migration
Dans une atmosphère de profond recueillement, les participants, évêques, prêtres, religieux, fidèles et personnalités civiles autour d’un même cri: la vie humaine est sacrée ont imploré la miséricorde de Dieu pour les migrants disparus dans la mer Méditerranée ou dans le désert libyen. La prière s’est également élevée pour ceux qui souffrent encore dans les «centres de détention», victimes d’un système migratoire souvent marqué par l’indifférence et la violence. «Nous voulons confier leurs âmes au Seigneur et encourager la prévention et l’assistance aux migrants», a expliqué Georges Adon, responsable national de la Communauté de Sant’Egidio. Selon lui, cette initiative vise à «rendre hommage aux victimes et sensibiliser aux dangers de l’immigration illégale», rappelant que «plus de 70 000 personnes» ont péri dans la Méditerranée ou dans le désert ces dernières années.
« Quelle espérance brisée ! »
Au cours de la célébration, le père Emmanuel Aka Amon, secrétaire exécutif de la sous-commission pour l’apostolat de la mer, des migrants et des personnes en déplacement, a livré un témoignage empreint d’émotion. «Beaucoup n’ont jamais atteint l’autre rive. Il ne reste d’eux que des embarcations brisées, des chaussures, des vêtements rejetés sur les plages. Quelle espérance brisée !», a-t-il déclaré avec tristesse.
Le prêtre a évoqué «la douleur et l’indignation » suscitées par ces drames répétés, les corps retrouvés sur les plages nous rappellent la souffrance des familles qui attendent encore des nouvelles de leurs proches, mais qui, hélas, n’en recevront jamais. «Nous sommes face à une tragédie humaine qui interpelle chacun sur sa responsabilité envers l’autre.» a-t-il exprimé.
« Construire l’eldorado ici »: l’appel de Mgr Yedoh
En conclusion de la cérémonie, Mgr Bruno Essoh Yedoh, évêque de Bondoukou et président de la Commission épiscopale pour la pastorale sociale et le développement humain intégral (CePAS-SDHI), a lancé un appel vibrant aux jeunes: «Nous recevons de nombreux ressortissants de la sous-région qui voient en la Côte d’Ivoire un eldorado. Pourtant, beaucoup de nos jeunes estiment que cet eldorado se trouve ailleurs. Je les invite à le construire ici, car notre pays regorge de potentialités», a-t-il exhorté.
L’évêque a reconnu le désir légitime de voyager, tout en invitant à la prudence et au respect des lois. «Ce que nous demandons, c’est que ces départs ne se fassent pas au prix de la vie, car la vie humaine est sacrée», a-t-il rappelé. Et d’ajouter : «Même s’il est difficile de trouver du travail, avec du courage et l’aide des autres, il est possible de commencer de petites activités porteuses d’espérance et d’épanouissement.»
En clôturant la célébration, les participants ont prié pour les familles endeuillées et pour que les politiques migratoires soient guidées par la compassion et la justice. Selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 8 938 personnes ont trouvé la mort sur les routes migratoires en 2024, faisant de cette année la plus meurtrière jamais enregistrée.
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