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Nigeria: mort d’un séminariste entre les mains de ses ravisseurs

Le diocèse d'Auchi a annoncé la mort d'Emmanuel Alabi, l'un des trois séminaristes enlevés lors de l'attaque du petit séminaire de l'Immaculée Conception, à Ivianokpodi, dans l’État d'Edo, au Nigeria. Dans le communiqué signé par le père Linus Imoedemhe, directeur adjoint des communications sociales du diocèse, Mgr Gabriel Ghiakhomo Dunia, ordinaire du lieu, met en garde les dirigeants politiques contre «le fait de fermer les yeux sur la détérioration de la situation d'insécurité dans le pays».

Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

Selon le père Jude Sule, chancelier du diocèse d'Auchi, qui a recueilli le témoignage de Joshua Aleobua, l'autre séminariste enlevé au même moment que le défunt, Emmanuel Alabi serait mort de faim et des suites des blessures subies lors de son enlèvement. Le séminariste qui a retrouvé la liberté le 4 novembre, a expliqué que pendant la marche forcée imposée par leurs ravisseurs, «Emmanuel, qui avait été blessé lors de l'attaque du séminaire, s'était épuisé, de sorte qu’il n’était plus en mesure de poursuivre le voyage que nous étions forcés d’effectuer. En conséquence, il a été abandonné à un certain endroit. Lorsque les ravisseurs sont revenus le lendemain pour le récupérer, ils l’ont découvert mort».

Le fait remonte à l'épisode dramatique survenu dans la nuit du 10 juillet dans l'État d'Edo au nord-ouest du Nigeria. Au cours de l'assaut organisé par des bandits armés, un membre des forces de sécurité, Christopher Aweneghieme, avait été tué, tandis que trois séminaristes - Japhet Jesse, Joshua Aleobua et Emmanuel Alabi - avaient été enlevés. Selon le communiqué du diocèse, deux des trois jeunes ecclésiastiques avaient ensuite été libérés: Japhet Jesse «quelques jours après son enlèvement» et «plus récemment» Joshua Aleobua. 


Donner la priorité à la sécurité et au bien-être de la population plutôt qu'aux ambitions politiques

L’évêque d'Auchi exprime sa profonde douleur et sa tristesse face à la perte du jeune séminariste et, dans le même temps, met en garde les dirigeants politiques contre le «fait de fermer les yeux sur la détérioration de la situation d'insécurité dans le pays», les exhortant à «donner la priorité à la sécurité et au bien-être de la population plutôt qu'aux ambitions politiques en vue des élections de 2027». Il appelle les agents de sécurité à «intensifier leurs efforts pour protéger la vie et les biens de tous les citoyens».

Un conflit multiple faisant des victimes autant parmi les chrétiens que les musulmans

Cette unième tragédie intervient alors que la tension ne cesse de monter entre le Nigeria et les États-Unis autour de la question de la liberté religieuse. Le président américain a dit envisager samedi dernier une intervention militaire dans le pays, considérant la situation des chrétiens comme «particulièrement préoccupante», en raison du nombre croissant d'assassinats commis sellon lui par des «islamistes radicaux». Donald Trump invoque une persécution des chrétiens, tandis que les autorités nigérianes qualifient ces affirmations d’«infondées».

L’Église quant à elle continue de soutenir qu’on ne peut pas parler de «génocide des chrétiens», mais que la nation ouest-africaine est confrontée à de multiples conflits qui «font des victimes parmi les musulmans comme les chrétiens, souvent sans distinction».


 

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05 novembre 2025, 16:53