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«Le tout carcéral est une impasse» déclarent les évêques français

À l’occasion de Jubilé des détenus le 14 décembre, les évêques français sont invités à se rendre dans les prisons pour organiser des célébrations liturgiques auprès des personnes incarcérées. Dans un communiqué, l’Église de France déplore la situation carcérale actuelle et appelle les responsables politiques à trouver des alternatives pour sanctionner tout en respectant la dignité humaine.

Alexandra Sirgant – Cité du Vatican

Le 2 décembre, moins de deux semaines avant le Jubilé des détenus, la Conférence des évêques de France a publié un plaidoyer sur la situation carcérale en France pour «inviter les catholiques et toutes les personnes de bonne volonté à s’engager au service de l’espérance pour les détenus». Ce texte s’inscrit dans une volonté d’inviter «toutes celles et ceux qui sont éprouvés à demeurer dans l’espérance», souligne la CEF, répondant à l’appel lancé par le Pape François au début de l’Année sainte.

Tout au long de son pontificat, le pontife argentin a développé une sensibilité particulière à l’égard des prisonniers, auprès desquels il se rendait souvent à l’occasion du Jeudi Saint pour réaliser le rite du lavement des pieds. Lors de ses onze années passées sur le trône de Pierre, François a visité une quinzaine de centres pénitentiaires, dont le dernier fut celui de Rebibbia le 26 décembre 2024 pour l’ouverture inédite en prison d’une porte sainte, deux jours seulement après l’inauguration du Jubilé à Saint-Pierre. Près d’un an plus tard, signe de l’importance accordée à ceux qui vivent derrière les barreaux, son successeur le Pape Léon XIV célébrera le dernier jubilé thématique de l’Année sainte avec des détenus, le 14 décembre.

Des célébrations dans 102 prisons françaises 

Souhaitant célébrer ce Jubilé en communion avec Rome, les évêques français ont prévu d’être présents dans 102 établissements pénitentiaires à travers le pays au cours de ce mois de décembre. Dans chaque diocèse, des célébrations liturgiques seront organisées dans les aumôneries de prison: messes jubilaire, temps de prière, célébration du pardon ou passages symboliques d’une «porte jubilaire» installée dans la prison. Les équipes d’aumônerie renforceront leur présence en proposant des rencontres, temps d’écoute, groupes de parole ou ateliers bibliques spécialement dédiés au Jubilé.

Certaines célébrations auront lieu dès ce weekend, en raison des contraintes organisationnelles, notamment le 6 décembre au Centre pénitentiaire de Lannemezan et le 7 décembre à la Maison d’arrêt de Tabes dans les Hautes-Pyrénées. Toutes deux seront présidées par Mgr Jean-Marc Micas, évêque de Tarbes et Lourdes.

Le respect de la dignité humaine

«Aujourd’hui, la surpopulation carcérale atteint un seuil historique en France. Elle contribue à une prise en charge dégradée– sentiment d’humiliation, augmentation de la violence et de l’oisiveté, perte du sens du travail pour les agents pénitentiaires» écrivent les évêques dans ce texte commun, signé par le président de la Conférence des évêques de France, le cardinal Jean-Marc Aveline. Selon les données publiées lundi 1er décembre par le ministère de la Justice, la densité carcérale en France a atteint les 136,2% au 1er novembre. Le système carcéral actuel «empêche que les personnes détenues ressortent “meilleures” qu’ au moment de leur incarcération et génère ainsi plus de récidive que de sécurité», déplore l’Église de France.

À l’occasion du Jubilé des personnes détenues, les évêques souhaitent rappeler que «tout être humain est créé à l’image de Dieu et que la dignité qui en résulte est inaliénable, indestructible. Personne ne peut être réduit à l’acte qu’il a commis, quel qu’il soit».

«Nos aumôniers en détention sont témoins que derrière les murs d’une prison, l’ amour du Christ relève, réconcilie et ouvre à l’espérance». «La foi en un Dieu» assurent-ils «ne peut s’accommoder du renoncement à croire en ce que chacun porte en lui de meilleur, de la désespérance de l’autre, d’une justice qui ne ferait que punir sans restaurer, d’une peine dans laquelle on n’ offre pas à la personne condamnée les moyens d’aller vers le meilleur d’elle-même».

Face à ce constat jugé «alarmant et inquiétant», et profitant du Jubilé, la Conférence des évêques de France souhaite interpeler les responsables politiques et les juges de notre pays afin qu’ils s’engagent «délibérément sur des voies nouvelles pour exercer la justice et condamner ceux qui commettent des infractions ou même des crimes». «Le “tout carcéral” est une impasse», concluent-ils.

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03 décembre 2025, 18:00