RCA: les évêques appellent à un vote responsable et à la paix avant les élections
Moriba Camara, S.J. - Cité du Vatican
À l’approche des élections législatives et présidentielles du 28 décembre, les évêques centrafricains se sont adressés à la Nation dans un message intitulé «Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas…» (Is 62,1). Rappelant que les Centrafricains sont appelés à élire «les femmes et les hommes […] appelés […] à conduire la destinée de notre Nation pour les sept prochaines années», Mgr Bertrand-Guy-Richard souligne le caractère «historique» de ce rendez-vous pour la reconstruction du pays. Dans leur appel, les prélats rappellent que la République centrafricaine demeure «un véritable chantier», confrontée à des défis majeurs: santé, éducation, sécurité, infrastructures, justice sociale, lutte contre la corruption et promotion de la dignité humaine.
Un climat préélectoral à apaiser
La Conférence épiscopale, au dire de Mgr Bertrand-Guy-Richard, se réjouit de la publication de la liste définitive des candidats, saluant le rôle du Conseil constitutionnel, qui a su «prendre de la hauteur et dire le droit» face aux crispations autour de la nationalité. Ces controverses avaient provoqué «frustrations, malaise et sentiment de discrimination». Les évêques exhortent les médias et les utilisateurs des réseaux sociaux à «délaisser les messages de discrimination, de violence et de haine», afin de garantir des élections dans un climat serein.
Rappelant les nombreuses interventions pastorales depuis 2013, le président de la CECA réaffirme que «l’Église ne cherche aucune forme de pouvoir politique», mais veut être «le ferment de la concorde et du bien-être de tous à travers sa présence dans les structure sociales». Elle souhaite «donner confiance à ceux qui doutent de l’avenir» et encourager ceux que «la souffrance, la pauvreté accablent». Les évêques mettent en garde contre de nouvelles «souffrances et calamités» infligées à une population qui peine à se relever des crises successives.
Les appels de la CECA à moins d’un mois du scrutin
Mgr Bertrand-Guy-Richard a souligné que les évêques ont lancé plusieurs appels, notamment celui au dialogue inclusif. Pour la CECA, le dialogue reste «la voie cardinale» pour aboutir à des solutions durables. Le refus d’écoute, écrivent les évêques, constitue «une entorse à la démocratie». Ils encouragent les acteurs politiques à maintenir le dialogue pendant et après les élections afin de garantir «sécurité et paix» pour tous.
Ensuite, l’appel à la tolérance et à la responsabilité des acteurs politiques. Les prélats exhortent candidats et militants à la modération: «Les divergences politiques ne doivent pas être source d’inimitié. Vous êtes tous filles et fils d’une même patrie: la Centrafrique.». À cela s'ajoute l’appel à un vote conscient et responsable. S’adressant aux électeurs, la CECA insiste: «Votre voix et votre vote comptent. Par l’expression de votre vote, vous détenez l’immense pouvoir de déterminer l’avenir de notre pays.». Elle appelle à dépasser les critères ethniques, le fanatisme et les pressions sociales, pour privilégier «l’intérêt suprême de la Nation».
À travers l’appel au respect et à l’indépendance des institutions, les évêques rappellent que la stabilité repose sur «des institutions solides, fortes, indépendantes et stables», fondées sur la séparation effective des pouvoirs et la nomination de femmes et d’hommes intègres. Le cinquième appel est celui à la liberté et à la neutralité des forces de l’ordre et des médias. Ici, la CECA souligne «le rôle capital» des forces de sécurité et des professionnels des médias, les invitant à demeurer «réellement libres et apolitiques», au service de la vérité et de la dignité humaine.
Enfin, le dernier appel est à la non-instrumentalisation de la jeunesse. Pour les évèques, la jeunesse, majoritaire dans le pays, ne doit plus être manipulée pour «des plans machiavéliques» de déstabilisation. Ils encouragent la promotion de programmes éducatifs, professionnels et sociaux, et reprennent l’appel du Pape François: «Il est nécessaire de prier pour résister, pour aimer, pour ne pas haïr, pour être des artisans de paix.»
Quelle Centrafrique voulons-nous?
Les évêques invitent chaque citoyen à s’interroger: «De quelle Centrafrique voulons-nous? Et pour quel avenir?» Ils appellent à puiser dans l’héritage du pays et dans la sagesse nationale pour bâtir une Nation où la justice, la paix, la réconciliation, la dignité humaine et le civisme sont les piliers d’un développement durable. «Il est de notre devoir sacré de laisser aux générations futures […] un véritable havre de paix et de prospérité », écrivent-ils, rappelant que «l’espérance ne déçoit pas» (Rm 5,5).
Un appel final à l’unité nationale
En conclusion, la CECA exhorte la population à se lever «comme un seul homme, avec courage et détermination» pour construire un avenir meilleur: «Œuvrons pour la justice qui rend à chacun sa dignité, pour la paix qui favorise l’unité et pour la fraternité humaine qui incarne le principe humaniste de ‘’Zo Kwe Zo’’.». Les évêques confient la Nation à la protection de «Notre-Dame de Centrafrique», priant pour une période électorale paisible et féconde pour l’avenir du pays.
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