ATD-Quart Monde exhorte à se débarrasser des préjugés sur les pauvres

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

Publiée jeudi 9 octobre et signé par le Saint-Père le 4 octobre, «Dilexi te», «Je t’ai aimé», l’exhortation apostolique de Léon XIV centrée sur l’amour des pauvres, reste, selon Jean Tonglet, un «message très important pour notre monde actuel. Il «interpelle notre vie, nos sociétés, nos systèmes politiques, économiques, et surtout l'Église» sur leur situation. «On a l’impression que ces dernières années les choses ont reculé», constate le volontaire permanent d'ATD-Quart Monde. Fondé en 1957 par le père Joseph Wresinski, ce mouvement international présent dans plus de 30 pays sur les cinq continents, est engagé dans la lutte contre l’extrême pauvreté.

Les préjugés

Aujourd’hui, «il faut à la fois lutter contre les causes structurelles», mais «en même temps, suggère Jean Tonglet, il faut profondément modifier en chaque être humain, en chaque individu, les préjugés, les idées reçues et fausses qu'on a sur la pauvreté». Apprendre d'une certaine manière à «sortir de ces fausses représentations qu'on a des plus pauvres qui seraient passifs, qui seraient complaisants dans leur pauvreté». Et cela «passe effectivement par une transformation du cœur de chacun d'entre nous»: «une éducation du cœur», comme l’affirmait le père Joseph.  

«Les pauvres ne demandent pas à être assistés. Ils voudraient bien avoir du travail, gagner leurs revenus par leurs propres forces», confie Jean Tonglet, soulignant également à ce sujet que l'assistance, «la réponse de notre société», pourrait avoir d'autres ambitions. Il faut aller bien au-delà et avoir «une combinaison d'actions structurelles». La force de la conversion, de la prière, jouent également un rôle important.

La prière des pauvres

Au micro de Radio Vatican, il invite les parents à «l'éveil de leurs enfants, à la solidarité avec celui qui est différent, avec celui qui est pauvre». Grandir dans l’indifférence et le mépris des pauvres peut avoir des conséquences à l’âge adulte, fait-il remarquer. Dans les mouvements de jeunesse et les paroisses, Jean Tonglet invite à accueillir les personnes démunies. Certains, témoigne-t-il, «parfois, mal vêtus, se résignent d’aller les dimanches à la messe le matin, et préfèrent se rendre à l’église dans l’après-midi pour discrètement allumer une bougie, et la poser devant une statue de la Vierge pour prier pour leurs proches et pour la paix dans le monde, comme nous le racontait un homme ici, à Montpellier».

Le volontaire permanent du mouvement ATD-Quart Monde depuis 1977, déplore le fait que parfois, les stratégies mises en place pour lutter contre la pauvreté ne soient «pas reconnues, entendues et encouragées». «Le cri des pauvres se fait entendre dans l'histoire de l'humanité», alerte-t-il. Dans son exhortation apostolique «Dilexi te», le Pape invite «le chrétien à ne pas considérer les pauvres seulement comme un problème social», car «ils sont une “question de famille”; ils sont “des nôtres”. La relation avec eux ne peut pas être réduite à une activité ou à une fonction de l’Église» (104).