La camerounaise Francoise Kofache Aissatou, médiatrice culturelle bénévole catholique, dans les studios de Radio Vatican. La camerounaise Francoise Kofache Aissatou, médiatrice culturelle bénévole catholique, dans les studios de Radio Vatican. 

En Italie, le travail d’une médiatrice culturelle bénévole pour soutenir les migrants

Au moment où l’Église célèbre le Jubilé des Migrants qui coïncide cette année avec la 111e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, rencontre avec la camerounaise Francoise Kofache Aissatou, qui s’engage depuis plusieurs années déjà, pour la cause de ces hommes, femmes et enfants en détresse dans la paroisse catholique de Rebbio, à Côme, au nord de l’Italie. Un engagement bénévole personnel, motivé par «l'amour du prochain». «L’Évangile nous dit d'être charitable», déclare t-elle.

Augustine Asta – Cité du Vatican

Dans la paroisse catholique de Rebbio, à Côme, au nord de l’Italie, la camerounaise Francoise Kofache Aissatou, est un visage connu des lieux. Discrète mais attentive, concentrée mais souriante, la médiatrice culturelle s’engage bénévolement depuis plusieurs années déjà pour la cause des migrants et des réfugiés. «Quand je suis arrivée ici en Italie, il y a 17 ans pour motif familial, j'ai eu la possibilité de travailler avec les migrants et les réfugiés politiques pour le compte de "La farsi Prossimo Onlus" de Milan, au niveau de Taino, dans la province de Varèse. Après cette expérience comme médiatrice culturelle, j'ai continué à travailler avec les migrants à Côme. Et je le fais vraiment bénévolement», explique-t-elle dans une interview accordée aux médias du Vatican.

Esprit de solidarité

Aux côtés du père Giusto della Valle, Françoise Kofache Aissatou, originaire de l'Extrême-Nord du Cameroun, qui vit en Italie depuis près de deux décennies, accompagne des migrants ainsi que des réfugiés. En effet, la paroisse catholique de Rebbio accueille et essaye de soutenir sur les plans nutritionnel, vestimentaire et social - avec la présence des éducateurs, des responsables de l'administration et des documents, des infirmières, des psychologues ainsi que des volontaires - des réfugiés et des migrants. Le père Giusto, d'une grande écoute, présence et bonté, a toujours la porte de sa paroisse grande ouverte, pour venir en aide aux personnes dans le besoin.

Cet esprit de solidarité est un principe que défend Françoise Kofache. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, à ses heures perdues, elle soutient dans la vie quotidienne ces migrants et réfugiés de la paroisse de Rebbio, en les aidant à accomplir toutes les démarches administratives et en leur fournissant des informations sur leurs droits et leurs devoirs. «Il faut une présence et un soutien moral effectif», fait-elle savoir.

«L'amour de l'autre»

Dans cet engagement bénévole, sa motivation première c'est tout simplement «l'amour du prochain». «Quand tu quittes ton pays et que tu vas vers d'autres horizons, ce n'est pas évident. Il faut vraiment quelqu'un en qui tu peux avoir confiance, sur qui tu peux compter et t'agripper», affirme la jeune femme.

Le nœud du problème, note-t-elle, c’est surtout la barrière linguistique. «Ils ont beaucoup de difficultés en ce qui concerne la langue italienne, c’est pourquoi je travaille dans le domaine de la sensibilisation, de l'accueil, de la traduction. Je m’engage ainsi au profit de ceux qui arrivent et de ceux qui ont besoin», confie-t-elle.


Françoise Kofache, a la ferme conviction que chaque action qu’un être humain pose n'est pas gratuit, ni perdu. «Mon engagement il est personnel. Je prône l'amour et l’ humilité. Aussi bien pour les grands que pour les petits». Dans cette mission de volontaire qu’elle a choisie, l'Évangile guide ses pas. «L’Évangile nous dit d'être charitable. La charité vient d'abord en premier pour soi, quand on a de la charité à l'intérieur on peut la partager partout, autour de soit. Et le Pape François disait qui accueille le migrant accueille le Christ».

Déconstruire les idées préconçues

Témoin de toutes les détresses de ces hommes et femmes «à le recherche d’une vie meilleure», la médiatrice culturelle bénévole facilite donc leur intégration dans la nouvelle communauté. La camerounaise œuvre pour que plusieurs idées reçues sur les migrants ou les réfugiés politiques puissent être déconstruits. 

«Quand le migrant arrive ici en Europe, pour la plupart des cas, il fait peur parce que c’est quelqu'un qu'on ne connaît pas. Le migrant, selon certains, le qualifiant de délinquant, vient ravir le travail aux autres». «Ce sont des idées à bannir dans la société», estime Françoise Kofache, qui rappelle par ailleurs avec force et vigueur que le migrant n'est surtout pas «celui là qui vient pour faire du mal». Bien au contraire, soutient-elle, il apporte «sa pierre à l'édifice, avec ses faiblesses et ses forces. Ces personnes ont besoin d'aide», lance-t-elle.

Des histoires qui marquent et qui touchent

Les histoires des migrants et des refugiés sont parfois un «lourd fardeau à porter». Et réussir à s'en détacher est un défi constant à relever. «Ce n'est pas du tout facile de garder une attitude professionnelle face à des personnes, à des souffrances, à des histoires qui touchent, qui font "brûler l'intérieur"», lâche-t-elle, la voix tremblante. «En tant que professionnelle, même bénévole, on a un sentiment d'impuissance devant toutes ces histoires souvent tragiques».

Créer des liens avec ces hommes, ces femmes, ces familles et même ces enfants qui, lorsqu'ils arrivent parfois sans rien, restent une tâche difficile. «Avant d’arriver en Italie ces personnes traversent des situations compliquées: des maltraitances. Plusieurs ne se confient pas, vu le poids des souffrances vécues. Mais, dit Françoise, on reste toujours attentif. Et petit à petit, la confiance s'installe». Il faut simplement, poursuit-elle «donner la force et de la confiance aux migrants, un soutien émotionnel». Car, ajoute-t-elle, «ce n'est pas facile pour eux de raconter leur histoire. Mais avec le temps, ils se lâchent tout doucement». Construire donc une relation de confiance, passe par «l'écoute, la présence, et le silence». Ce sont des «petites choses qui produisent de bons résultats», note la bénévole.

De petites joies  

Pour certains réfugiés et migrants, après la souffrance, vient le beau temps, rapporte la médiatrice culturelle camerounaise. Elle se souvient encore de «Bamba, ce petit garçon qui est arrivé ici, mineur, qui a perdu sa tante lors de la traversée de la méditerranée. Il a dû être suivi par un psychologue. Mais aujourd’hui, Bamba s'est intégré dans la société italienne», affirme Francoise Kofache lâchant un sourire.

Ce qui donne de l'espoir «dans ce travail que je fais bénévolement c'est lorsque je vois le réfugié, le migrant s'intégrer, être autonome, progresser. Quand un réfugié arrive ici sans connaître la langue et que petit à petit il l’apprend, il a un emploi, il gère des situations, il va à l'hôpital…Cela est une grande satisfaction», conclut-elle.

Entretien avec la Camerounaise Françoise Kofache Aissatou, médiatrice culturelle bénévole catholique

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04 octobre 2025, 09:00