Audience jubilaire: «Devenir un peuple où les contraires s'unissent»
Tiziana Campisi – Cité du Vatican
«Espérer, c'est ne pas savoir. Nous n'avons pas encore les réponses à toutes les questions. Mais nous avons Jésus. Suivons Jésus, et espérons ce que nous ne voyons pas encore. C'est aussi ce que nous enseigne l'Année Sainte», a expliqué Léon XIV aux pèlerins réunis sur la place Saint-Pierre pour l'audience jubilaire. «Comme les disciples de Jésus, nous devons maintenant apprendre à habiter un monde nouveau», à regarder chaque chose «à la lumière de la résurrection du Crucifié» et à avoir conscience qu'ainsi «nous sommes sauvés», dans cette «espérance»...
Cependant, bien que le Ressuscité ait «commencé à éduquer nos regards, et continue à le faire aujourd'hui, nous ne sommes pas habitués à voir les choses avec espoir». Mais «c'est avec les yeux de la foi qu'il faut se projeter vers l’avenir», a encouragé le Pape depuis le parvis de la basilique vaticane, après avoir salué les fidèles lors de son habituel tour en jeep blanche. L'amour a triomphé, «même si nous avons sous les yeux de nombreux contrastes et que nous voyons s'affronter de nombreux opposés».
Il y a des opposés à maintenir ensemble
Au XVe siècle, le cardinal allemand Nicolas de Cuse, «grand penseur et serviteur de l'unité», a vécu dans une réalité tout aussi «tourmentée». On peut apprendre de lui «qu'espérer, c'est aussi "ne pas savoir"», a indiqué le Souverain pontife, dressant ensuite le portrait du cardinal. Au cours de ses voyages, «en tant que diplomate du Pape», «il priait et réfléchissait», «c'est pourquoi ses écrits sont pleins de lumière».
Beaucoup de ses contemporains vivaient dans la peur; d'autres s'armaient en préparant de nouvelles croisades. Nicolas, en revanche, a choisi dès son plus jeune âge de fréquenter ceux qui avaient de l'espoir, ceux qui approfondissaient de nouvelles disciplines, ceux qui relisaient les classiques et revenaient aux sources. Il croyait en l'humanité. Il comprenait qu'il y avait des opposés à maintenir ensemble, que Dieu est un mystère dans lequel ce qui est en tension trouve l'unité. Nicolas savait qu'il ne savait pas et comprenait ainsi toujours mieux la réalité.
La «savante ignorance» et l'espérance
Le cardinal Nicola Cusano enseigne alors à «faire de la place, à concilier les contraires, à espérer ce qui n'est pas encore visible», a souligné le Saint-Père, expliquant qu'il «parlait d'une ignorance savante, signe d'intelligence» et rappelant que dans certains écrits du cardinal, le protagoniste «est un personnage curieux: l'idiot», «une personne simple, qui n'a pas étudié et qui pose aux savants des questions élémentaires qui remettent en cause leurs certitudes». Il en va de même aujourd'hui dans l'Église, a fait remarquer le Souverain pontife.
«Combien de questions remettent en question notre enseignement! Les questions des jeunes, des pauvres, des femmes, et de ceux qui ont été réduits au silence ou condamnés parce qu'ils sont différents de la majorités». «Nous vivons une époque bénie: que de questions! L'Église deviendra experte en humanité si elle marche avec l'humanité et porte dans son cœur l'écho de ses questions», a dit le Pape.
Apprendre de Jésus
Face à cette prise de conscience, le Pape a invité à devenir «un peuple où les contraires s'unissent, à entrer comme des explorateurs dans le monde nouveau du Ressuscité», qui nous précède. C'est de Lui que l'Église et «toute l'humanité apprennent», a conclu Léon XIV, «en avançant pas à pas» sur un «chemin d'espérance».
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