Bâtir une Église demande de creuser jusqu’au roc qu’est le Christ, explique le Pape
Xavier Sartre – Cité du Vatican
C’est sa cathédrale, «Mère de toutes les Églises», symbole de la diffusion et de l’enracinement de la religion chrétienne sous l’empire romain, abandonnant son statut de persécutée. Léon XIV a célébré la messe en la basilique Saint-Jean-de-Latran en ce dimanche matin pour commémorer sa dédicace, au IVe siècle, «un fait historique très important pour la vie de l’Église» a-t-il souligné. Mais cette église, l’une des plus anciennes de la capitale italienne, est surtout «le signe de l’Église vivante» qui nous rappelle que «nous aussi, en tant que “pierres vivantes”, nous formons sur cette terre un temple spirituel», d’où «l’usage d’appliquer le “nom de l’Église, qui signifie assemblée des fidèles, au temple qui les recueille”» a rappelé Léon XIV, citant saint Paul VI. Le Saint-Père a ensuite entrepris une réflexion sur «notre être Église».
Pour bâtir cette basilique, «ceux qui nous ont précédés ont donné à notre cathédrale des fondations solides, en creusant profondément, avec difficulté, avant de commencer à ériger les murs qui nous accueillent, et cela nous fait nous sentir beaucoup plus tranquilles» a-t-il tout d’abord expliqué. De même, «nous aussi, ouvriers de l’Église vivante, avant de pouvoir ériger des structures imposantes, nous devons creuser en nous-mêmes et autour de nous pour éliminer tout matériau instable qui pourrait nous empêcher d’atteindre le roc nu du Christ».
Ni pressés ni superficiels mais patients
Sans ce roc, «le risque serait de surcharger d’une structure lourde, un édifice aux fondations fragiles» a mis en garde le Souverain pontife. Pour éviter cet écueil, «ne soyons ni pressés ni superficiels: creusons en profondeur, libérés des critères du monde qui, trop souvent, exige des résultats immédiats, car il ne connaît pas la sagesse de l’attente», a-t-il conseillé aux 2700 fidèles présents sur les bancs de la basilique. Léon XIV a insisté, affirmant que «ce n’est qu’avec humilité et patience que l’on peut construire, avec l’aide de Dieu, une véritable communauté de foi, capable de répandre la charité, de favoriser la mission, d’annoncer, de célébrer et de servir le Magistère apostolique».
Cette humilité, elle est incarnée dans l’Évangile par Zachée, homme riche et puissant qui n’hésite pas à grimper sur un arbre pour apercevoir Jésus, un geste qui signifie «reconnaître ses limites et surmonter les freins inhibiteurs de l’orgueil». C’est ainsi qu’il rencontre Jésus et que sa vie change, car «Jésus nous transforme et nous appelle à travailler dans le grand chantier de Dieu, en nous modelant savamment selon ses desseins de salut» a poursuivi le Pape.
Des efforts à fournir
Insistant sur cette image de «chantier», le Saint-Père reconnait qu’elle évoque «l’activité, la créativité, l’engagement, mais aussi les difficultés, les problèmes à résoudre, parfois complexes», ceux qui expriment «l’effort réel, palpable» de «nos communautés». L’Église de Rome n’y échappe pas, surtout en «cette phase de mise en œuvre du Synode», a-t-il reconnu. Malgré «un parcours difficile», qui passe par «la confrontation et la vérification», «il ne faut pas se décourager» a-t-il exhorté, mais au contraire, «continuer à travailler avec confiance pour grandir ensemble».
S’adressant toujours à son diocèse, l’évêque de Rome a affirmé qu’«au prix de beaucoup d’efforts, il y a un grand bien qui grandit. Ne laissons pas les difficultés nous empêcher de le reconnaître et de le célébrer, pour alimenter et renouveler notre élan». «La charité vécue façonne également notre visage d’Église, afin qu’elle apparaisse de plus en plus clairement à tous qu’elle est “mère”».
Le respect de la liturgie
Léon XIV a voulu conclure son homélie par un rappel fort à «la sobriété solennelle» de la liturgie, «typique de la tradition romaine, qui peut faire tant de bien aux âmes de ceux qui y participent activement». Il a souhaité que celle utilisée dans le siège de Pierre serve d’exemple à tout le peuple de Dieu, «dans le respect des normes, dans l’attention aux différentes sensibilités de ceux qui y participent, selon le principe d’une sage inculturation». Il a demandé à ce «que l’on veille à la beauté simple des rites» pour qu’«elle puisse exprimer la valeur du culte pour la croissance harmonieuse du Corps du Seigneur tout entier», citant saint Augustin pour qui «la beauté n’est que l’amour, et l’amour est la vie». «La liturgie est un domaine où cette vérité se réalise de manière éminente et je souhaite que ceux qui s’approchent de l’autel de la cathédrale de Rome puissent ensuite repartir remplis de cette grâce dont le Seigneur veut inonder le monde» a-t-il appuyé.
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