Le Pape s'exprimant devant les journalistes dans l'avion vers la Turquie. Le Pape s'exprimant devant les journalistes dans l'avion vers la Turquie.   (ANSA)

Le Pape dans l'avion vers la Turquie: «Ce voyage est un message d’unité»

Léon XIV a décollé quelques minutes avant 8h de l’aéroport de Rome Fiumicino pour son premier voyage apostolique en Turquie et au Liban. Le Saint-Père a apporté à bord de l’avion d’ITA Airways une image de la Vierge à l’Enfant de Notre-Dame du Bon Conseil, chère aux augustins. S’adressant aux 81 journalistes internationaux qui l’accompagnent dans son «pèlerinage» en Orient, le Pape a souligné espérer «annoncer, transmettre, proclamer combien la paix est importante dans le monde entier».

Salvatore Cernuzio – Envoyé en Turquie (Türkiye)

«Aux Américains présents ici, joyeux Thanksgiving! C’est une magnifique journée pour le célébrer et je veux commencer en disant merci à chacun de vous pour le service que vous rendez au Vatican, au Saint-Siège et à ma personne, mais aussi au monde entier».

Le Pape Léon sourit en s’exprimant au micro, en anglais, devant les 81 journalistes, cameramans et photographes d’une vingtaine de médias internationaux qui l’accompagnent pour son premier voyage apostolique. Il se tient debout devant le rideau gris de l’Airbus A320neo de la compagnie italienne ITA Airways — qui a décollé à 7 h 58 et atterri à 10h22, heure de Rome— depuis lequel on distingue, au premier rang, le siège réservé à l’image de la Vierge à l’Enfant de Notre-Dame du Bon Conseil. Cette icône, chère aux fils de saint Augustin, est conservée dans la commune laziale de Genazzano, où le nouvel élu Robert Francis Prevost s’était rendu deux jours après son élection. 

Le ton est assuré, mais une pointe d’émotion transparaît sur son visage. Pour lui, qui, en tant que prieur général de l'Ordre de Saint-Augustin, a effectué plus de 50 voyages à travers le monde, ce voyage reste une première. La première fois en Turquie (Türkiye) et au Liban; la première fois qu'il vole, «en tant que Pape», au-delà de la péninsule italienne. La direction est Ankara, puis dans la soirée Istanbul, avant une étape vendredi à Iznik pour célébrer avec les patriarches et les représentants des Églises chrétiennes les 1700 ans du concile de Nicée. À partir du 30 novembre, il se rendra au Liban pour apporter du réconfort à une population meurtrie par les guerres et les crises et implorer une paix plus urgente que jamais au Moyen-Orient. 

Le Pape Léon XIV salue les journalistes peu avant le vol
Le Pape Léon XIV salue les journalistes peu avant le vol   (ANSA)

La paix, un message pour le monde

«Paix». Le Pape le répète plusieurs fois dans son salut aux journalistes, vingt minutes après le décollage. «Ce voyage en Turquie et au Liban a, avant tout, une signification d’unité, en célébrant les 1700 ans du concile de Nicée. Et je désirais ardemment ce voyage pour ce qu’il signifie pour tous les chrétiens, mais aussi parce qu’il porte un grand message pour le monde entier. Et surtout, ma présence, celle de l’Église, celle des croyants aussi bien en Turquie qu’au Liban, nous l’espérons, pourra annoncer, transmettre, proclamer combien la paix est importante dans le monde».

Un voyage qui est donc un message, mais aussi une invitation «à marcher ensemble pour rechercher toujours davantage l’unité, toujours davantage l’harmonie et regarder la manière dont tous les hommes et toutes les femmes peuvent réellement être frères et sœurs». Car, souligne le Pontife, «au-delà des différences, au-delà des religions diverses, des croyances différentes, nous sommes tous frères et sœurs et nous espérons promouvoir la paix et l’unité dans le monde entier».

Le cœur latino-américain du Pape

«Merci d’être ici», répète encore Léon XIV, «merci pour le service que vous accomplirez ces jours-ci et de faire partie de ce moment historique». Quelques minutes plus tôt, la journaliste mexicaine Valentina Alazraki, doyenne des vaticanistes avec à son actif 163 voyages pontificaux, a remercié le Saint-Père, en lui souhaitant également la «bienvenue». «À son prédécesseur François, qui à Buenos Aires semblait ne pas aimer les journalistes, j’ai dit lors du premier voyage: “Bienvenue dans la cage aux lions ! Maintenant, le lion, c’est vous !” Alors, bienvenue !» La journaliste a offert au Pontife une icône de style byzantin de la Vierge de Guadalupe: «Pour un Pape d’Amérique du Nord au cœur latino-américain».

Pape Léon dans l'avion vers la Turquie
Pape Léon dans l'avion vers la Turquie   (ANSA)

León du Pérou et Leo de Chicago

Puis viennent les salutations, de siège en siège. Une tradition inaugurée par son prédécesseur François et devenue un moment d’échanges de plaisanteries, de déclarations rapides, de selfies, de photos, de demandes de bénédictions pour soi ou pour des amis et des membres de la famille. Et surtout un moment d’échange de cadeaux. Avec le Pape Léon, il en est de même.

De nombreux cadeaux lui sont remis par les journalistes. Le premier est un collage des photos les plus significatives des documentaires León du Pérou et Leo de Chicago, réalisés ces derniers mois par Radio Vatican – Vatican News. Dans l’un des deux figures aussi la photo, devenue virale sur les réseaux sociaux, du très jeune Robert Prevost vêtu dans les années 1980 comme dans Les Blues Brothers, à l’occasion de la sortie du film culte de John Landis tourné justement à Chicago. Le Pape la montre et éclate de rire : «Ah, c’est beau!»

Des gâteaux ont ensuite été offerts au Pape, en premier lieu la "pumpkin pie", la tarte à la citrouille, dessert typique de Thanksgiving. Pour rendre hommage au premier Pape américain de l’histoire, deux gadgets aux couleurs des White Sox, l’équipe de baseball préférée du «garçon» du South Side devenu le Pontife de l’Église universelle: une batte, relique familiale, ayant appartenu au célèbre joueur des années 1950, Delly Fox («Comment a-t-elle passé la sécurité ?», plaisante Léon), et une paire de claquettes et de chaussettes noires avec le logo blanc de l’équipe sportive. «Vous pourrez les utiliser à Castel Gandolfo!», lui dit la photographe Lola Gómez. Léon XIV montre le cadeau avec amusement, conservé dans une boîte bleue.

Léon XIV s'adressant aux journalistes qui l'accompagnent
Léon XIV s'adressant aux journalistes qui l'accompagnent   (ANSA)

La pensée pour Ignacio

Son expression change, en revanche, lorsque la correspondante de Radio Cope, Eva Fernández, lui remet la lettre d’Ignacio Gonzálvez, l’adolescent espagnol hospitalisé depuis l’été dernier — en plein Jubilé des Jeunes — à l’hôpital Bambino Gesù pour un grave lymphome qui l’a conduit aux portes de la mort.

Une histoire qui a fait le tour du monde après que le Pape lui-même ai demandé des prières pour le garçon depuis la scène de Tor Vergata, avant de se rendre ensuite personnellement dans l’unité de soins intensifs du Bambino Gesù pour embrasser les parents Pedro Pablo et Carmen Gloria, le frère Pedro Pablo Jr. et la sœur Adela.

Léon XIV laisse entendre qu’il se tient informé de l’état de santé d’Ignacio, toujours hospitalisé dans l’établissement du Vatican et qui y «fêtera» mardi son anniversaire.

Toujours Eva Fernández — connue pour ses cadeaux toujours originaux aux Papes — offre ensuite à Léon XIV le blason héraldique de ses ancêtres espagnols. Une recherche menée par le Centro de Estudios Montañeses a en effet confirmé que les ancêtres, du côté maternel, du Pontife proviennent de la localité cantabrique d’Isla, dans la commune d’Arnuero. Plus précisément, il s’agit de quatre de ses arrière-arrière-grands-parents de la onzième génération, des hidalgos d’Isla au XVIᵉ siècle.

Le Pape prend le blason, représentant un champ d’argent, un piment vert et un homard rouge (caractéristiques d’Isla), le timbre et le symbole de la couronne royale espagnole. C’est un cadeau, certes, mais surtout un «prétexte» pour poser la question : «Saint-Père, quand visiterez-vous l’Espagne ?» «On verra !».

Le désir d’aller en Algérie

À une journaliste d’origine algérienne, il confie en revanche : «J’espère aller en Algérie». Très appréciée également, la pergamene réalisée par l’Église gréco-catholique de Kharkiv pour remercier le Saint-Père des aides envoyées à la population sur le front.

Enfin, les représentants de la presse italienne ont remis au Pape une lettre dans laquelle ils expliquent les raisons pour lesquelles, demain 28 novembre, ils participeront à une grève: à savoir l’absence de renouvellement du contrat de travail des journalistes, expiré en 2016, face aussi aux diverses coupes budgétaires et aux dangers que représente l’intelligence artificielle pour cette profession.

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27 novembre 2025, 11:39