Le Pape Léon XIV à l'inauguration de l’année académique 2025-2026 de l'Université pontificale du Latran, vendredi 14 novembre 2025. Le Pape Léon XIV à l'inauguration de l’année académique 2025-2026 de l'Université pontificale du Latran, vendredi 14 novembre 2025.  (ANSA)

À l'Université du Latran, Léon XIV exhorte à la recherche de la vérité

Ce vendredi 14 novembre, le Pape s’est rendu à l'Université pontificale du Latran, une visite effectuée à l’occasion de l’inauguration de l’année académique 2025-2026. Rencontrant étudiants et professeurs, le Souverain pontife a rappelé que l’institution «occupe une place particulière dans le cœur du Pape qui vous encourage à rêver en grand, à imaginer des espaces possibles pour le christianisme de demain, afin que tous puissent découvrir le Christ».

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

L'Université pontificale du Latran appelée par Jean-Paul II «l'université du Pape» dans un discours historique en 1980, inaugure la 253e année académique depuis sa fondation en 1773 par le Pape Clément XIV. Dans la matinée de ce vendredi 14 novembre, le grand chancelier, le cardinal Baldassare Reina, le recteur magnifique, Mgr Alfonso V. Amarante, les membres du conseil supérieur de coordination, les professeurs et étudiants, les autorités civils et religieuses présentes, ainsi que le personnel auxiliaire, ont accueilli avec joie le Pape Léon XIV. L’évêque de Rome a assisté dans la grande salle de l'université au Dies Academicus, qui marque le début de l'année académique 2025-2026. Occasion de réflexion et de rencontre entre enseignants, étudiants et autorités ecclésiastiques et civiles.

La présence de Léon XIV à cette cérémonie d'inauguration témoigne de «l'attention particulière portée à la communauté universitaire du Latran». Une considération qu’avait également tous les Papes qui se sont succédés. Les pontifes ont maintenu et renforcé une relation privilégiée avec ce qui allait devenir l'actuelle Université du Latran.

«Une université dans le cœur du Pape»

«L'Université du Latran occupe une place particulière dans le cœur du Pape et celui-ci vous encourage à rêver en grand, à imaginer des espaces possibles pour le christianisme de demain, à travailler avec joie afin que tous puissent découvrir le Christ et trouver en Lui la plénitude à laquelle ils aspirent», a déclaré Léon XIV. Dans son discours, le Successeur de Pierre est revenu sur la mission particulière de l’université, tout en exprimant ses souhaits pour l’avenir.

La mission

Tout d’abord, le Pape a souligné que «contrairement à d'autres institutions académiques illustres, y compris romaines, cette université n'a pas de charisme fondateur à préserver, approfondir et développer. Son orientation particulière est plutôt le magistère du Pape». «De par sa nature et sa mission, a expliqué le Saint-Père, elle constitue donc un centre privilégié où l'enseignement de l'Église universelle est élaboré, reçu, développé et contextualisé. De ce point de vue, il s'agit d'une institution à laquelle même la Curie romaine peut se référer pour son travail quotidien».

La réflexion académique et les perspectives interdisciplinaires et interculturelles

Cette mission, a rappelé le Saint-Père, trouve «son application différenciée dans les quatre facultés et les deux instituts présents sur ce site», ainsi que «dans les trois instituts ad instar facultatis, avec des sièges externes: l'Institut pontifical patristique Augustinianum, des Augustins; l'Académie pontificale Alfonsienne pour les études de théologie morale, des Rédemptoristes; l'Institut pontifical Claretianum de théologie de la vie consacrée, des Clarétains». À ceux-ci s'ajoutent les 28 instituts associés à divers titres sur trois continents - Europe, Asie et Amérique - tant à la Faculté de théologie qu'à l'Institutum Utriusque Iuris: «une réalité vaste et différenciée, expression de la richesse des cultures et des expériences et, en même temps, de la recherche de l'unité et de la fidélité à l'enseignement pétrinien» apprécié par Léon XIV.

La foi, la recherche de la vérité, le dialogue avec les autres

Pour le Souverain pontife qui a ensuite attiré l’attention sur la foi, il urge aujourd’hui de porter une réflexion sur cette question, «afin de pouvoir la décliner dans les scénarios culturels et les défis actuels, mais aussi pour contrer le risque du vide culturel qui, à notre époque, devient de plus en plus omniprésent». Il a exhorté en particulier la Faculté de théologie à «réfléchir sur la foi et à en faire ressortir la beauté et la crédibilité dans les différents contextes contemporains, afin qu'elle apparaisse comme une proposition pleinement humaine, capable de transformer la vie des individus et de la société, de susciter des changements prophétiques face aux drames et à la pauvreté de notre temps et d'encourager la recherche de Dieu».


«L'étude de la philosophie doit être orientée vers la recherche de la vérité à travers les ressources de la raison humaine, ouverte au dialogue avec les cultures et surtout avec la Révélation chrétienne» a-t-il soutenu, pour un développement intégral de la personne humaine dans toutes ses dimensions. Et les facultés de droit canonique et civil, «qui caractérisent depuis des siècles notre université, sont appelées à étudier et à enseigner le droit en valorisant au maximum la comparaison entre les systèmes juridiques civils et celui de l'Église catholique». Enfin, «les cycles d'études en sciences de la paix, en écologie et en environnement méritent une mention particulière, car ils prendront au fil des ans une forme institutionnelle plus définie».

“La paix est certes un don de Dieu, mais elle exige en même temps des femmes et des hommes capables de la construire chaque jour et de soutenir, au niveau national et international, les processus menant à une écologie intégrale.”

Un signe de communion et de fraternité

Le Pape souhaite que l'Université du Latran soit un espace qui «a les yeux et le cœur tournés vers l'avenir, se lançant dans les défis contemporains, la réciprocité et la fraternité doivent être au centre de la formation», a recommandé l’évêque de Rome. Léon XIV a appelé à cultiver cet esprit, à travers des «relations empreintes de gratuité et des expériences qui favorisent la fraternité et le dialogue entre les différentes cultures». L'Université pontificale du Latran, riche de la présence d'étudiants, de professeurs et de personnel provenant des cinq continents, «représente un microcosme de l'Église universelle: soyez donc un signe prophétique de communion et de fraternité» a lancé le Pape. Puis de mettre en garde contre: «la promotion de soi-même, la primauté du moi qui fait qu’on a du mal à coopérer, les préjugés et les barrières envers les autres, en particulier ceux qui sont différents, se multiplient; le fait de confondre le service de la responsabilité avec un leadership solitaire» qui, au final, conduit à des incompréhensions et à des conflits.

“La formation universitaire nous aide à sortir de l'autoréférentialité et favorise une culture de la réciprocité, de l'altérité, du dialogue”

Le service académique ne bénéficie souvent pas de la reconnaissance qu'il mérite, notamment en raison de préjugés profondément enracinés qui, malheureusement, persistent également au sein de la communauté ecclésiale. On rencontre parfois l'idée que la recherche et l'étude ne servent pas à la vie réelle, que ce qui compte dans l'Église, c'est la pratique pastorale plutôt que la préparation théologique, biblique ou juridique. Cet aspect relevé par le Souverain pontife, soulève cette question du «risque de céder à la tentation de simplifier les questions complexes pour éviter l'effort de réflexion, avec le danger que, même dans l'action pastorale et dans son langage, on tombe dans la banalité, l'approximation ou la rigidité».

La rechercche scientifique 

Léon XIV exhorte à se focaliser également sur «la recherche scientifique et les efforts indispensables». Des laïcs et des prêtres préparés et compétents, c’est que souhaite l’évêque de Rome, qui a de nouveau invité à «ne pas relâcher vos efforts en matière scientifique, en poursuivant avec passion la recherche de la vérité et en menant une confrontation serrée avec les autres sciences, avec la réalité, avec les problèmes et les tourments de la société». 

Cela «exige que l'université dispose d'enseignants préparés, placés dans des conditions – pastorales, juridiques et économiques – leur permettant de se consacrer à la vie universitaire et à la recherche; que les étudiants soient motivés et enthousiastes, disposés à étudier avec rigueur». Également que «l'université dialogue avec d'autres centres d'étude et d'enseignement, afin que, dans cette perspective interdisciplinaire et transdisciplinaire, des voies encore inexplorées puissent être empruntées». Le Pape Léon XIV a conclu son discours en encourageant à «continuer à sonder le mystère de la foi chrétienne avec cette passion, et de vous exercer toujours au dialogue avec le monde, avec la société, avec les questions et les défis d'aujourd'hui».

La contribution des Papes

L'Université pontificale du Latran entretient un lien tout particulier avec les Papes, a rappelé dans son discours le cardinal Baldassare Reina. En 1773, Clément XIV confia la faculté de théologie du Collège romain au clergé séculier, demandant que cette institution dépende du Pape pour former ses prêtres. Le bienheureux Pie IX a établi la structure des quatre facultés, toujours en vigueur aujourd'hui: la théologie, la philosophie, le droit canonique, le droit civil, habilités à conférer des diplômes universitaires en Utroque Iure. Léon XIII fonda l'Institut de Haute Littérature. Pie XII a établit l'Institut pastoral pontifical à l'Athénée; saint Jean XXIII, conféra à l'Université le titre d'université; et Saint Paul VI, qui, déjà professeur dans ces salles, visita l'université dès son élection et réaffirma le lien étroit qui l'unissait à la Curie romaine.

Lors de sa première visite le 16 février 1980, s'adressant à tous les membres de l'université, le Pape Jean-Paul II soulignait dans un discours: «Vous constituez, a-t-il dit, à titre spécial, "l'Université du Pape": un titre sans doute honorifique, incontestablement honorifique mais pour cela même onéreux». «Avec des mots tout aussi affectueux», ce lien a été réaffirmé par le Pape Benoît XVI et par le Pape François qui a voulu instituer deux cycles d'études: en Sciences de la paix et en Écologie et environnement. Le 26 mars 2019, lors d'une visite à l'Université du Latran, le Pape argentin soulignait l'importance de la «mémoire comme racine d'un peuple qui doit se multiplier sans céder aux tentations de l'individualisme».

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14 novembre 2025, 08:16