États-Unis-Venezuela: pour Léon XIV, la violence n’apporte pas de solution
Vatican News
Dialogue entre les États-Unis et le Venezuela, justice pour tous les peuples du Moyen-Orient, appel au respect des droits spirituels des migrants détenus aux États-Unis et inquiétude face aux accidents mortels sur les lieux de travail sont les quelques thèmes abordés par le Pape Léon XIV à Castel Gandolfo, répondant aux questions des journalistes qui l’attendaient mardi soir devant la Villa Barberini. Quittant les lieux vers 20h30, après avoir salué brièvement les personnes rassemblées devant la résidence, le Saint-Père s’est arrêté quelques instants devant les micros et les caméras et a d’abord évoqué la Journée nationale des forces armées en Italie, célébrée ce 4 novembre: «Tous mes vœux! Un pays a le droit d’avoir une armée pour défendre et construire la paix.»
Partant de ce constat, le Pape a observé avec inquiétude les récentes tensions au large des côtes vénézuéliennes, entre la lutte contre le trafic de drogue et le déploiement de Marines américains dans les Caraïbes, et la menace latente d'une nouvelle guerre froide. «Je pense que nous ne gagnons pas par la violence», a déclaré le Souverain pontife, expliquant qu'il avait lu quelques minutes auparavant un article de presse concernant des navires de guerre qui s’approchaient des côtes vénézuéliennes. «L'essentiel est de rechercher le dialogue, de trouver la voie appropriée pour résoudre les problèmes qui peuvent exister dans certains pays».
La paix au Moyen-Orient
L'attention s’est ensuite portée sur le Moyen-Orient, où la trêve est menacée par de nouvelles attaques israéliennes contre Gaza, auxquelles s'ajoutent les provocations des colons sur l'esplanade des Mosquées et l'assaut contre plusieurs villages de Cisjordanie. La trêve est «très fragile», reconnait Léon XIV, se montrant toutefois optimiste quant au fait que «la première phase de l'accord de paix (signé le 10 octobre, ndlr) progresse». Il a invité à «réfléchir à la manière de passer à la seconde phase, d’aborder la question de la gouvernance et de garantir les droits de tous les peuples». «La question de la Cisjordanie et des colons est véritablement complexe», note l’évêque de Rome. «Israël dit une chose et en fait parfois une autre», remarque-t-il. Il est nécessaire de «travailler ensemble pour la justice de tous les peuples».
Respecter les besoins spirituels des migrants aux États-Unis
Le Pape Léon XIV a également évoqué Chicago, sa ville natale, où les autorités interdisent aux prêtres de donner la communion aux migrants détenus. Le Souverain pontife a d'abord rappelé que «le rôle de l'Église est de prêcher l'Évangile», avant de citer saint Matthieu, chapitre 25, «où Jésus dit très clairement: à la fin des temps, il nous sera demandé: comment avez-vous accueilli l'étranger? L'avez-vous accueilli ou pas?» Il y a ici, pour le Pape, «matière à une profonde réflexion sur ce qui se passe». «Nombreux sont ceux qui, ayant vécu des années sans jamais causer de problèmes, sont profondément affectés par la situation actuelle», a-t-il regretté. Il a aussi invité à prendre en compte les droits spirituels des détenus: «J'exhorte vivement les autorités à permettre aux agents pastoraux de répondre aux besoins de ces personnes. Souvent, elles sont séparées de leurs familles depuis longtemps; personne ne sait ce qui se passe… mais leurs besoins spirituels doivent être respectés».
Le travail, un droit humain
Lors de son bref échange avec les journalistes, le Pape a également abordé la question du travail, à l'approche du Jubilé du monde travail, le 8 novembre, et face aux nombreux accidents mortels sur des chantiers ou en entreprise, notamment le décès lundi d’un ouvrier de 66 ans lors de l'effondrement de la tour des Comtes (Torre dei conti) à Rome: «La voix de l'Église est celle des droits. Nous croyons que nous devons tous œuvrer ensemble. Le droit à un travail digne, permettant de subvenir aux besoins de sa famille, est un droit humain», a déclaré le Pape, réaffirmant son souci de la sécurité et précisant que la célébration du Jubilé vise aussi à «offrir un peu d'espérance, à unir nos forces pour trouver des solutions, et ne pas se limiter à déplorer les problèmes».
Le dossier Marko Rupnik
Une dernière question a été posée au Pape concernant l'ancien jésuite Marko Ivan Rupnik, accusé d'abus par plusieurs religieuses, et dont l'affaire est au cœur d'une procédure au dicastère pour la Doctrine de la Foi. Le Pape a été sollicité sur les œuvres de Marko Rupnik, artiste et mosaïste de renom, encore présentes dans divers lieux saints, dont certaines ont été recouvertes suite aux demandes et aux protestations des victimes. «Il est certain que, dans de nombreux endroits, précisément par souci de sensibilité envers celles et ceux qui se sont déclarés victimes, des œuvres ont été recouvertes, des œuvres ont été retirées des sites internet. Nous sommes donc parfaitement conscients de cette question», a déclaré Léon XIV, avant d’expliquer qu'un nouveau procès a récemment débuté contre l'ancien jésuite: «Des juges ont été nommés et les procédures judiciaires sont longues. Je sais qu'il est très difficile pour les victimes de leur demander d'être patientes. Mais l'Église se doit de respecter les droits de tous. Le principe de la présomption d'innocence s'applique également au sein de l'Église. Nous espérons que ce nouveau procès apportera clarté et justice à toutes les personnes concernées».
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