«L'objectif de l'unité chrétienne est de contribuer à la paix entre les peuples»

Soixante ans après Paul VI et Athénagoras, le Pape Léon XIV et le Patriarche de Constantinople Bartholomée ont signé ce samedi à Istanbul une déclaration commune dans laquelle ils se réjouissent des progrès accomplis dans le dialogue oecuménique, rappellent le rejet de la violence et exhortent à présenter au monde un témoignage d'unité.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

À l’issue de leur rencontre samedi après-midi au patriarcat œcuménique situé dans le quartier stambouliote du Phanar, le Pape Léon XIV et le Patriarche Bartholomée ont signé une déclaration commune, qui vient confirmer la solidité des liens entre Rome et Constantinople et la volonté de poursuivre sur le chemin du dialogue.

Le Pape et le patriarche orthodoxe rendent d’abord grâce pour la commémoration, la veille, des 1700 ans du Concile œcuménique de Nicée, sur les bords du lac d’Iznik, en compagnie de nombreux autres responsables chrétiens du monde entier, «un moment de grâce extraordinaire» lit-on dans le texte de la déclaration. Le Credo de Nicée, incite à rester ouvert à l’Esprit-Saint, «alors que nous sommes confrontés aux nombreux défis de notre temps».

«Fort de cette confession commune, nous pouvons relever les défis qui nous sont communs en témoignant de la foi exprimée à Nicée dans le respect mutuel, et œuvrer ensemble à des solutions concrètes avec une espérance authentique» écrivent Léon XIV et Bartholomée.

L’espoir de célébrer Pâques ensemble, chaque année

La déclaration se félicite aussi que tous les chrétiens aient pu, de façon providentielle cette année, célébrer à la même date la fête de Pâques. «C'est notre désir commun de poursuivre le processus d'exploration d'une solution possible permettant de célébrer ensemble la Fête des fêtes chaque année», précisent le Pape et le Patriarche, qui disent espérer et prier «pour que tous les chrétiens, "en toute sagesse et intelligence spirituelle" (Col 1, 9), s'engagent dans le processus visant à parvenir à une célébration commune de la glorieuse résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ».

Soixante ans après la première déclaration commune historique signée entre Paul VI et Athénagoras, leurs sucesseurs exhortent aussi «ceux qui hésitent encore à toute forme de dialogue à écouter ce que l'Esprit dit aux Églises (cf. Ap 2, 29), qui, dans le contexte actuel de l'histoire, nous exhorte à présenter au monde un témoignage renouvelé de paix, de réconciliation et d'unité» et invitent les fidèles respectifs de leurs Églises, tout comme les théologiens, à mesurer les fruits de ce dialogue amorcé à l’époque. 

Contribuer à la paix entre les peuples

«L'objectif de l'unité chrétienne comprend celui de contribuer de manière fondamentale et vivifiante à la paix entre tous les peuples», soulignent encore le Pape et le patriarche œcuménique, qui élèvent ainsi leurs voix «pour invoquer le don de la paix de Dieu sur notre monde». 

Malheureusement, poursuit la déclaration, «dans de nombreuses régions du monde, les conflits et la violence continuent de détruire la vie de nombreuses personnes». Aussi, l’évêque de Rome et le Patriarche de Constantinople appellent ceux qui ont des responsabilités civiles et politiques «à tout mettre en œuvre pour que la tragédie de la guerre cesse immédiatement, et nous invitons toutes les personnes de bonne volonté à soutenir notre requête».

Le nom de Dieu ne peut justifier la violence

Dans des lignes qui dépassent le simple dialogue œcuménique et rappellent le document sur la Fraternité humaine signée par le Pape François et l’imam d’Al Azhar en 2019 à Abu Dhabi, le Pape et Bartholomée disent aussi rejeter «toute utilisation de la religion et du nom de Dieu pour justifier la violence». «Nous croyons qu'un dialogue interreligieux authentique, loin d'être une source de syncrétisme et de confusion, est essentiel à la coexistence des peuples aux traditions et cultures différentes», précisent-ils, en exhortant «tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté à œuvrer ensemble pour construire un monde plus juste et plus solidaire, et à prendre soin de la création qui nous a été confiée par Dieu». Ce n'est qu'ainsi, précise encore la déclaration conjointe «que la famille humaine pourra surmonter l'indifférence, la soif de domination, la cupidité et la xénophobie».

Dieu n’abandonne pas l’humanité

«Bien que nous soyons profondément alarmés par la situation internationale actuelle, nous ne perdons pas espoir. Dieu n'abandonnera pas l'humanité» souligne enfin le texte. Grâce à l’Esprit-Saint, «nous savons et nous expérimentons que Dieu est avec nous». Léon XIV et Bartholomée confient ainsi dans leurs prières particulièrement ceux qui sont dans le besoin, qui souffrent de la faim, de la solitude ou de la maladie.

La déclaration s’achève sur ce souhait commun pour tous les membres de la famille humaine: «Que leurs cœurs soient remplis de courage et pour que, rassemblés dans l’amour, ils accèdent à la plénitude de l’intelligence dans toute sa richesse, et à la vraie connaissance du mystère de Dieu», qui est notre Seigneur Jésus-Christ (Col 2, 2).

Lire la déclaration commune en intégralité. 

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29 novembre 2025, 14:46