Messe du Pape à Istanbul: prendre soin des ponts de paix et d’unité
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Les notes du psaume 121 en araméen, la langue du Christ, s’envolent dans l’enceinte stambouliote accueillant l’unique messe publique du Pape Léon XIV en sol turc. Le premier dimanche de l’Avent est célébré ce samedi soir dans l’ancienne Constantinople par le Successeur de Pierre, en présence de 4 000 fidèles. Signe de la richesse des traditions chrétiennes persistantes sur la terre natale de saint Paul, la première lecture a été lue en arménien, la seconde en anglais, et l’Évangile selon saint Matthieu, en turc. En cette veille de la saint André, patron de l’Église de Constantinople, le Pape augustin a médité sur les images de la première lecture tirée d’Isaïe, exhortant les peuples à monter sur la montagne du Seigneur. Dans son homélie prononcée en anglais, Léon XIV a rappelé combien «la joie du bien est contagieuse», un axiome confirmé par la vie des saints: saint Pierre et l’enthousiasme de son frère André ou saint augustin grâce à saint Ambroise. «Dans tout cela il y a une invitation, également pour nous, à renouveler dans la foi la force de notre témoignage», assure le Pape, convaincu comme saint Jean Chrysostome, que «le charme de la sainteté est plus éloquent que tant de miracles». Léon XIV a donc lancé un appel à veiller sur nous-mêmes, en cultivant la foi par la prière et les sacrements, de manière cohérente dans la charité et en rejetant les œuvres des ténèbres.
Le besoin de paix «autour de nous, en nous et entre nous»
La deuxième image abordée par Isaïe est celle d’un monde où règne la paix. «Combien nous sentons urgent cet appel aujourd’hui! Comme nous avons besoin de paix, d’unité et de réconciliation autour de nous, mais aussi en nous et entre nous!», s’est exclamé le Pape dont la paix est l’une des devises de ce voyage. Son logo pour l'étape turque aussi, reflétant le pont traversant le Bosphore, a inspiré le Souverain pontife sur trois points concernant les efforts pour atteindre l’unité: au sein de la communauté, dans les relations œcuméniques avec les membres des autres confessions chrétiennes et dans la rencontre avec les frères et sœurs appartenant à d’autres religions. «Prendre soin de ces trois ponts, en les renforçant et en les élargissant de toutes les manières possibles, fait partie de notre vocation à être une ville bâtie sur la montagne», a déclaré Léon XIV.
Entretenir l'unité de l'Église et de la foi, riche de ses traditions
Ainsi selon lui les différences au sein de l’Église catholique, comme en témoigne l’Église locale et ses quatre traditions latine, arménienne, chaldéenne et syriaque, montre la beauté «de la catholicité qui unit». «L’unité qui se cimente autour de l’Autel est un don de Dieu, et comme telle, elle est forte et invincible, car elle est l’œuvre de sa grâce», assure le Pape, conscient des efforts pour l’entretenir. «Afin que le temps et les vicissitudes n’affaiblissent pas ses structures et que ses fondations restent solides». Et que l’Église reste aux yeux du monde «un signe crédible de l’amour universel et infini du Seigneur».
Le deuxième lien de communion évoqué par le Pape est celui de l’œcuménisme. «La même foi dans le Sauveur nous unit». Et nous renouvelons aujourd’hui notre «oui» à l’unité, «afin que tous soient un» (Jn 17, 21), “ut unum sint”, a-t-il répété avant de souligner le lien avec les non chrétiens.
Valoriser les artisans de paix
«Nous vivons dans un monde où, trop souvent, la religion est utilisée pour justifier les guerres et les atrocités», a regretté Léon XIV comme la veille à Nicée. Devant l’assemblée, le Pape a donc appelé «à valoriser ce qui nous unit, en démolissant les murs des préjugés et de la méfiance, en favorisant la connaissance et l’estime réciproque, pour donner à tous un message fort d’espérance et une invitation à devenir des «artisans de paix». Autant de résolutions à prendre pour l’Avent et pour la vie personnelle et communautaires. «Afin que nos pas se déplacent comme sur un pont qui unit la terre au Ciel et que le Seigneur a jeté pour nous.»
La prière universelle a ensuite été récitée en anglais, turc, arabe, arménien et italien avant la poursuite de la célébration eucharistique. Au terme de la messe, le vicaire apostolique d’Istanbul, Mgr Massimiliano Palinuro, a remercié le Pape comme véritable «Pontife», bâtisseur de ponts, qui encourage à abattre les murs de l'hostilité et à construire des ponts de fraternité. Afin que les chrétiens pèlerins en cette «Terre Sainte de Turquie», puissent être artisans de justice et de paix.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici
