En Turquie, «Léon XIV donnera une impulsion au dialogue œcuménique»
Daniele Piccini – Cité du Vatican
«Au cours des mois qui ont suivi le terrible tremblement de terre qui a frappé la Turquie il y a deux ans, la Caritas a dû rapidement développer ses activités et nous avons tous travaillé ensemble, catholiques et musulmans, en abattant les murs traditionnels de séparation et en montrant que le dialogue interreligieux le plus profond, comme le disait le Pape François, est celui de la vie, en particulier dans l'aide aux pauvres». Mgr Paolo Bizzeti, président de Caritas Turquie de 2019 jusqu'à il y a quelques jours, garde encore en mémoire, comme l'une des expériences les plus précieuses de son long séjour dans le pays, la collaboration interreligieuse entre catholiques et musulmans en faveur des personnes touchées par le séisme du 6 février 2023.
Ayant été vicaire apostolique d'Anatolie de 2015 à 2024, il connaît très bien cette région. Mgr Paolo Bizzeti partage avec les médias du Vatican ses réflexions et ses impressions sur le prochain voyage apostolique du Pape Léon XIV en Turquie, qui verra le Souverain pontife en pèlerinage à Ankara, Istanbul et İznik, l'ancienne Nicée, pour le 1700e anniversaire du premier concile œcuménique.
Du 27 au 30 novembre prochain, le Pape Léon XIV effectuera son premier voyage apostolique. Il se rendra en Turquie, où les chrétiens constituent une petite minorité. Selon vous, quelle est la signification de cette visite pour eux?
Rendre visite «au troupeau» en personne et apporter la proximité du «Bon Pasteur», tel est le sens de ce voyage . La Turquie est un pays très important non seulement pour son passé –le christianisme tel que nous le connaissons est né à Antioche sur l'Oronte, ancienne capitale de la province romaine de Syrie, aujourd'hui en Turquie– mais aussi pour l'actualité de la vie chrétienne. La Turquie est un laboratoire dans lequel l'Église latine doit également être présente de manière active et humble.
Il y a l'anniversaire du Concile de Nicée...
En effet, la visite du Pape est aussi une grande occasion œcuménique et l'anniversaire du Concile de Nicée servira à raviver l'esprit qui animait les pères conciliaires: exprimer leur foi en des termes et des catégories nouveaux, en recherchant ce qui unit, comme le disait saint Jean XXIII. C'est une tâche qui doit sans cesse être renouvelée.
Pouvez-vous décrire, dans les grandes lignes, le panorama religieux que Léon XIV trouvera à son arrivée en Turquie?
Sur le plan religieux, la Turquie est une mosaïque où cohabitent l'islam politique, l'islam traditionnel, le courant spirituel soufi, le courant alaouite, l'agnosticisme ou le théisme de nombreux croyants et d'importantes minorités chrétiennes. Mais la pastorale catholique est très limitée par des lois ou des pratiques qui empêchent la construction de chapelles, de centres culturels et de jeunesse. Tout se passe dans quelques paroisses, établies selon le traité de Lausanne il y a un siècle.
Le 6 février 2023, un tremblement de terre d'une magnitude de 7,8 a frappé les zones frontalières entre la Syrie et la Turquie, faisant, selon les informations disponibles, plus de 50 000 victimes. L'intervention de Caritas Turquie, malgré mille difficultés, a été massive et efficace. Quelle expérience cela a-t-il été pour l'ensemble de Caritas?
On estime que le nombre réel de victimes est beaucoup plus élevé et que plusieurs centaines de milliers de personnes ont été déplacées. Une tragédie immense, donc, face à laquelle nous avons tous découvert notre fragilité et dont les conséquences pèsent encore aujourd'hui lourdement sur les catégories plus pauvres de la population locale. Pour nous, à Caritas, cela a été un défi qui nous a obligés à grandir rapidement, non sans difficultés et non sans erreurs.
Mais nous avons été très heureux d'avoir apporté notre contribution, d’avoir collaboré avec les organismes de secours locaux et nationaux et d'avoir été convoqués et remerciés officiellement à Ankara. Nous avons été reconnus, ce qui n'était jamais arrivé auparavant, comme une organisation qui aide les personnes de manière désintéressée, sans distinction. En tant que catholiques, nous sommes fiers d'avoir apporté notre modeste contribution, en mettant à profit l'aide généreusement fournie par les quatre coins du monde.
Peut-on donc dire que le travail de Caritas Turquie, qui se concentre sans discrimination sur les musulmans et les chrétiens, a également eu des effets positifs sur les relations entre les deux groupes religieux?
Au cours des mois qui ont suivi le tremblement de terre, nous avons tous travaillé ensemble, abattant les murs traditionnels de séparation et montrant que le dialogue interreligieux le plus profond, comme le disait le Pape François, est celui de la vie, en particulier dans l'aide aux pauvres.
Quel effet, selon vous, la visite apostolique du Pape aura sur les opérateurs de Caritas Turquie et sur l'environnement dans lequel l'organisation caritative opère?
Ce sera certainement une belle occasion pour tous les opérateurs de se sentir membres du Peuple de Dieu, unis dans le service et l'attention aux plus faibles qui caractérisent depuis toujours le christianisme, dans le sillage de Jésus, serviteur de tous.
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