Le Pape confie le Liban à l’intercession de saint Charbel
Myriam Sandouno – Cité du Vatican
Chaque année, des milliers de pèlerins affluent à Annaya pour se recueillir sur la tombe de saint Charbel Maklouf canonisé par Paul VI en 1977, symbole de foi et de guérison, cher au cœur des chrétiens maronites. En cette année jubilaire, le Pape Léon XIV s’y rend en pèlerin de l’espérance. Arrivé hier dimanche 30 novembre au Liban pour la deuxième étape de son voyage apostolique, après la Turquie, l’évêque de Rome a prié dans la matinée de ce 1er décembre sur la tombe du moine et ermite maronite libanais, qui vécut entre 1828 et 1898, dévoué à Dieu. Victime d’une attaque de paralysie le 16 décembre 1898 pendant la messe, il rendit l’âme huit jours plus tard, le 24 décembre vers cinq heures du soir, pendant la vigile de Noël.
Le monastère Saint- Maron
Saint Charbel est aujourd'hui connu grâce aux nombreux miracles de guérison attribués à son intercession. Sur l'une des collines les plus resplendissantes du Liban, à l'ouest du village d'Ehmej et au sud du village de Mechmech, à une altitude de 1 200 m, se dresse le monastère Saint- Maron à Annaya, de l'ordre maronite libanais, qui abrite la tombe de saint Charbel. Il attire environ trois millions de visiteurs chaque année, pas seulement des chrétiens, mais aussi, des musulmans et des personnes non croyantes venant de différents continents.
Visite du Pape sur la tombe
À l'entrée principale, Léon XIV a été accueilli ce matin par le le supérieur général des Maronites, pour être conduit dans la cour du monastère. Devant la tombe «d’un fils dont tout le Liban, et spécialement l’Église maronite, peuvent être fiers» comme l’affirmait Paul VI dans son homélie le 9 octobre 1977, lors de la canonisation de saint Charbel, le Pape Léon XIV s’est recueilli, priant dans le silence. Prenant ensuite la parole après les mots de bienvenue du supérieur général de l'Ordre maronite libanais, l’abbé Mahfouz Hady, le Pape a eu une pensée pour ses prédécesseurs, en particulier Paul VI, qui l’a béatifié et canonisé.
Prière, silence, modestie et pauvreté
Évoquant saint Charbel qui a «vécu caché, silencieux, et dont la renommée s’est répandue dans le monde entier», le Pape a expliqué qu’il a été «façonné par l’Esprit Saint» afin «d’enseigner: la prière à ceux qui vivent sans Dieu, le silence à ceux qui vivent dans le bruit, la modestie à ceux qui vivent dans le paraître, la pauvreté à ceux qui recherchent les richesses» a déclaré Léon XIV dans son discours prononcé en français.
Saint Charbel, un exemple pour la vocation
La vie du moine-ermite «nous rappelle, à nous évêques et ministres ordonnés, les exigences évangéliques de notre vocation. Sa cohérence, radicale et humble, estime le Pape, est un message pour tous les chrétiens». Beaucoup venaient vers lui pour recevoir du Seigneur «réconfort, pardon, conseil». Après sa mort, «cela s’est multiplié et est devenu comme un fleuve de miséricorde». C’est aussi pour cette raison que chaque 22 du mois, a précisé le Pape, des milliers de pèlerins de différents pays, se rendent au monastère Saint-Maron pour y passer une journée de prière.
Appel à la paix
Dans ce pays du Proche-Orient qui fait face depuis 2019 à une crise dévastatrice: effondrement monétaire, appauvrissement généralisé, services publics défaillants, explosion du port de Beyrouth en 2020 et encore guerre avec Israël, le Pape apporte un message d’espérance et de paix. «Nous demandons la paix. Nous l’implorons tout particulièrement pour le Liban et pour tout le Levant. Mais nous savons bien – et les saints nous le rappellent – qu’il n’y a pas de paix sans conversion des cœurs» a lancé le Successeur de Pierre.
Léon XIV a confié à l’intercession de saint Charbel les besoins de l’Église, du Liban et du monde. Pour l’Église, l’évêque de Rome souhaite «la communion, l’unité: en partant des familles, petites églises domestiques, puis dans les communautés paroissiales et diocésaines, jusqu’à l’Église universelle: Communion, unité». La récitation de la prière à saint Charbel et la bénédiction du Pape ont clôturé ce moment qui a vu la participation le président de la République du Liban Joseph Aoun, accompagné de son épouse.
Don du Pape
Pour symboliser la lumière que Dieu a allumée dans ce lieu par l’intermédiaire de saint Charbel, Léon XIV a offert au monastère une lampe votive en bronze argenté, œuvre artisanale unique. Elle est composée de branches d’olivier entrelacées qui partent d’une base travaillée et forment le support contenant le verre rouge. Le Blason du Pape Léon XIV a été apposé au centre de la base. La lampe a été réalisée par Claudio et Piero SAVI, orfèvres à Rome. Elle a été faite en réalisant et en assemblant manuellement chaque élément, sans recourir à des moules de série, et doit donc être considérée comme une pièce unique.
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