Cardinal O'Malley: Nous voulons que les enfants soient en sécurité
Christopher Wells – Cité du Vatican
Au cours des dix années qui ont suivi sa fondation par le Pape François, la commission pontificale pour la protection des mineurs s'est considérablement développée, passant d'un petit groupe de bénévoles et d'employés dévoués, à un groupe d'hommes et de femmes hautement qualifiés, engagés dans la sauvegarde au sein de l'Église. «Nous avons été très bénis par l'engagement extraordinaire des membres de la commission», a déclaré le cardinal Seán O'Malley, président de la Commission, lors d'une interview accordée à Vatican News, après l'audience jeudi 6 mars de la commission avec le Saint-Père. Il a souligné la valeur des membres laïcs de la commission, en particulier les femmes, ainsi que les contributions importantes des victimes et de leurs parents.
La Commission a accompli beaucoup de choses
Passant en revue le travail de la Commission pontificale pour la protection des mineurs au cours de la dernière décennie, le cardinal américain a rappelé les rencontres organisées par la commission entre le Pape François et les victimes d'abus; les recommandations sur la responsabilité des évêques qui ont abouti à des législations telles que: Come una madre amorevole (Comme une mère aimante), et Vos estis lux mundi (Vous êtes la lumière du monde); et le sommet des présidents des Conférences épiscopales sur les abus dans l'Église. Il a également souligné l'initiative Memorare en cours, qui vise à fournir une assistance aux pays ne disposant pas des ressources humaines et matérielles nécessaires à une protection efficace. L'initiative fournit des fonds pour l’activité liée à la protection et aide à assurer la présence de personnel pour la sélection et la formation des opérateurs pastoraux, ainsi que pour l'action pastorale en faveur des victimes.
Memorare et d'autres initiatives similaires visent à établir des relations avec les évêques et les conférences épiscopales, afin que la commission puisse être considérée comme un partenaire plutôt qu'un adversaire, dans la promotion d'une «culture de la protection au sein de l'Église». «Je pense donc que la commission a accompli beaucoup de choses», a déclaré son président.
«Nous voulons que les enfants soient en sécurité»
Le cardinal O'Malley a indiqué que la Commission se concentre actuellement sur les pays du Sud, dans l'espoir de s'assurer que les Églises locales disposent des ressources et de la formation nécessaires, pour lutter contre les abus. Cela implique l'élaboration de politiques et de lignes directrices, visant à garantir une réponse cohérente dans l'ensemble de l'Église, et à respecter les besoins et les droits des victimes, des accusés, de la communauté et de l'Église. L'archevêque capucin de Boston est également revenu sur l'importance d'une «vaste campagne d'éducation partout, autour des questions de protection», et centrée sur la prévention des abus. «Nous voulons que les enfants et les parents aient la certitude que lorsque leurs enfants sont dans une école ou une paroisse catholique, ils sont en sécurité», a-t-il déclaré.
Répondant à l'idée selon laquelle la protection est une distraction de la mission de l'Église, le président de la commission a insisté sur le fait que «nous ne pourrons pas réussir dans notre mission d'évangélisation, si nous n'avons pas la confiance des gens, si nous ne pouvons pas leur prouver qu'ils sont importants pour nous et que la sécurité de leurs enfants est une priorité pour nous».
La mission de la Commission
Interrogé sur les critiques formulées à l'encontre de la commission, le cardinal O'Malley a reconnu que certaines personnes s'impatientaient de la lenteur de la réponse de l'Église, à la crise des abus en son sein.
En ce qui concerne spécifiquement la Commission pontificale pour la protection des mineurs, il a fait savoir que des attentes irréalistes fondées sur une mauvaise compréhension de la compétence de la commission «nous ont mis dans le collimateur». Il a rappelé que la commission n'avait pas été créée pour traiter des cas particuliers: «Cela n'a jamais été notre compétence». Au contraire, la commission a été chargée de formuler des recommandations et autres sur la manière d'améliorer la réponse de l'Église aux abus sexuels. Néanmoins, la Commission s'est efforcée d'aider les victimes, en leur permettant d'entrer en contact avec les personnes susceptibles de les aider. «Il est certain que l'écoute de la voix des victimes est un élément très important de notre mission», a-t-il affirmé.
Aider les Églises locales
En même temps, une partie importante du mandat de la commission consiste à aider les Églises locales à répondre aux victimes, ainsi qu’à les assister dans la prévention et la formation. Le père Andrew Small, secrétaire de la commission, a quant à lui rappelé les nombreux «protocoles d'accord» signés à ce jour, entre la commission et les Conférences épiscopales nationales. Ces protocoles visent à promouvoir une réponse cohérente de «l'Église unique», en veillant à ce que les Églises locales disposent des ressources nécessaires pour accompagner les victimes.
«Évidemment que c’est difficile pour les Églises qui manquent de ressources, et qui ne disposent pas de tous les experts» nécessaires pour accueillir les victimes. «Nous aidons à résoudre ce problème», a déclaré le père Small, ajoutant que «cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais nous avançons à grands pas».
Le droit à la vérité
Le cardinal O'Malley a également évoqué les efforts déployés pour offrir une plus grande transparence dans l'Église, en ce qui concerne la gestion des abus. Il a rappelé les recommandations antérieures visant à modifier ce que l'on appelle le «secret pontifical», ainsi que les efforts en cours pour clarifier les cas de révocation des évêques. «Donc, oui, la transparence est très, très importante», a affirmé l'archevêque capucin de Boston, ajoutant ensuite que «la confiance ne peut être rétablie sans transparence à tous les niveaux de l'Église». Le père Small a abondé dans ce sens, déclarant qu'il est clair que «ce que les gens veulent plus que tout, c'est qu'on leur dise la vérité» et «les gens ont le droit de connaître la vérité».
Parfois, dans notre rôle de dirigeants «nous avons peur de faire confiance aux gens en leur disant la vérité». «Si nous ne faisons pas confiance aux gens en leur disant la vérité, ils ne nous feront pas confiance. Je pense que c'est en quelque sorte la frontière de la transparence, de l'honnêteté et de l'ouverture sur laquelle nous devons travailler davantage».
Une voix pour les victimes
Au terme de l'entretien, le cardinal américain a souligné que «la partie la plus importante de notre mission est d'essayer d'être la voix des victimes, et de travailler dur pour que ce soit une priorité partout dans l'Église». L'évangélisation, a-t-il répété, «sera une mission impossible si nous ne parvenons pas à restaurer la confiance des gens en nous, en leur prouvant que leurs enfants sont notre priorité et que leur sécurité est notre plus grand objectif».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici