La conférence Minds International s'est tenue à l'hôtel Quirinale de Rome, les 9 et 10 octobre 2025. La conférence Minds International s'est tenue à l'hôtel Quirinale de Rome, les 9 et 10 octobre 2025. 

Paolo Ruffini: une communication authentique repose sur les relations

Le préfet du dicastère pour la Communication est intervenu lors de la 39e conférence de l’association Minds international, qui s'est tenue à Rome les 9 et 10 octobre. Paolo Ruffini a présenté le Magistère de l'Église comme un antidote à l'information manipulée et aux dangers de l'intelligence artificielle.

Daniele Piccini – Rome, Italie

«Sans faits, il ne peut y avoir de vérité. Sans vérité, il ne peut y avoir de confiance. Sans ces trois éléments, nous n'avons pas de réalité commune. Il ne peut y avoir de journalisme, il ne peut y avoir de démocratie». C'est ce qu'a déclaré vendredi, 10 octobre, Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la Communication, lors de son intervention lors de la conférence placée sous le thème: «Avoir confiance en l'avenir de l'information. Indépendance, innovation, croissance». Cette rencontre, qui en est à sa 39e édition, a été organisée par l'association Minds International, un réseau mondial d'agences de presse. Jeudi 9 octobre, les participants à cette conférence ont été reçus en audience par le Pape Léon XIV dans la salle Clémentine du Palais apostolique.

L'audience avec le Pape Léon XIV

Lors de sa rencontre avec eux, le Souverain pontife a exhorté les journalistes de Minds à continuer à promouvoir «une information libre, rigoureuse et objective» et à former «les consciences» et «l'esprit critique», à une époque où l'information «poubelle» règne en maître et où l'on confond souvent «le faux avec le vrai» et «ce qui est authentique avec ce qui est artificiel». Il ne s'agit pas là d'une question purement épistémologique, mais d'un enjeu qui touche à la santé même de toute démocratie, car «seuls des peuples informés peuvent faire des choix libres», comme l'avait déjà déclaré le Pape Léon XIV, le 12 mai dernier, lors d'une rencontre avec des professionnels de la communication en salle Paul VI, s'exprimant sur le thème du journalisme et de la vérité.

La communication, c'est la relation

Les faits, la vérité et la confiance sont les fondements du journalisme qui, à leur tour, construisent la démocratie. La combinaison proposée par Paolo Ruffini est un antidote à la maladie mortelle de notre époque, où, selon le préfet, «si vous répétez un mensonge des millions de fois, il devient un fait». Une communication authentique est uniquement celle qui repose sur des relations authentiques. «Rétablir un dialogue authentique et ouvert est l'une des tâches les plus importantes de notre temps, surtout maintenant que la polarisation transforme souvent la communication en rien d'autre que des monologues superposés», a-t-il expliqué dans son intervention intitulée "Communication et information à l'ère numérique de la désintermédiation et de l'intelligence artificielle. Le système de communication du Saint-Siège et le Magistère de l'Église".

Clarté et honnêteté

Après avoir souligné, sur la base de l'exhortation apostolique Laudate deum du Pape François, la nécessité d'agir avec «clarté» et «honnêteté» pour nous y retrouver dans les domaines de l'information et du marketing qui cherchent par tous les moyens à façonner «l'opinion publique», Paolo Ruffini a réaffirmé que, selon le Magistère de l'Église, «nous sommes appelés à mener une bataille pacifique, mais urgente, pour rétablir des bases solides dans le système de diffusion de l'information et reconstruire les principes de la communication et du bon journalisme, en offrant une véritable alternative à la consommation toxique d'informations manipulées».

L'information comme bien commun

Pour ce faire, il est essentiel «d'établir une relation de confiance» avec les personnes auxquelles nous nous adressons, a encore fait valoir le préfet du dicastère pour la communication. «Cela signifie travailler sur la culture et promouvoir l'alphabétisation à tous les niveaux. Cela signifie redécouvrir et partager l'idée d'un terrain d'entente et de l'information comme bien commun», a conclu Paolo Ruffini. 

La concurrence des machines

La réflexion du Pape Léon XIV sur l'information, l'intelligence artificielle et les conséquences éthiques d'une information manipulée stimule le travail et la réflexion des agences de presse, qui constituent souvent le premier maillon fondamental de la chaîne de production de l'information sur le terrain. «Dans son discours, le Saint-Père a abordé et renforcé ces thèmes en délivrant des messages extrêmement pertinents, qui touchent directement notre travail d'agences de presse», a déclaré aux médias du Vatican Stefano De Alessandri, directeur général de l'agence de presse italienne Ansa, qui célèbre cette année le 80e anniversaire de sa fondation. «Comme on le sait, a poursuivi le directeur, les agences de presse sont à la base du système médiatique, ce sont elles qui fournissent les informations aux autres. Notre rôle en tant que rempart professionnel contre la désinformation et les fausses nouvelles est donc fondamental».

L'Ansa utilise l'intelligence artificielle dans son travail depuis déjà quatre ans, mais selon des critères procéduraux et éthiques rigoureux. «Nous l'utilisons – a expliqué De Alessandri – selon un code éthique strict que nous avons publié et qui peut être consulté sur notre site web. Ce code prévoit une série de comportements que nos journalistes doivent respecter. Par exemple, pour n'en citer que quelques-uns, nous ne publions pas de photos générées par l'intelligence artificielle. Nous ne publions pas d'articles entièrement générés par l'intelligence artificielle. Nous utilisons l'intelligence artificielle pour faire notre travail, mais lorsque nous l'utilisons, nous le déclarons ouvertement et nous nous sommes engagés dans le code éthique à gérer personnellement le processus de publication des informations, non seulement au début, mais aussi à la fin».

Le rôle irremplaçable du journaliste «sur le terrain»

«Aujourd'hui, l'intelligence artificielle représente une grande opportunité», a déclaré Miguel Angel Oliver, président de l'agence de presse espagnole EFE, aux médias du Vatican, «mais elle constitue également une menace et doit donc être considérée comme un défi. Nous devons en tirer le meilleur parti, mais aussi nous adapter à cette nouvelle ère, à cette nouvelle époque. Ce qui est clair pour nous à l'EFE, c'est qu'un journaliste ne pourra jamais être remplacé par un programme d'intelligence artificielle, le journaliste doit être sur place, le journaliste doit être sur le terrain».

Les agences de presse font réseau

Minds est une organisation internationale qui regroupe vingt-six agences de presse du monde entier. «Nos membres sont des entreprises leaders au niveau mondial telles que Reuters, AP, AFP, qui se sont fixé pour objectif de promouvoir la numérisation des médias, de développer de nouvelles solutions innovantes et de collaborer au niveau de la direction», explique Wolfgang Nedomansky, directeur de Minds, aux médias du Vatican. «À cette fin, poursuit-il, nous nous réunissons deux fois par an lors de conférences où des dirigeants du monde entier, du Canada à l'Inde, du Japon à l'Australie et de tous les pays européens, se rencontrent pour promouvoir les échanges, apprendre les uns des autres, partager leurs expériences et développer des solutions communes, car cela augmente notre efficacité».

L'objectif de Minds est de mettre en relation les expériences des différentes agences afin de partager les bonnes pratiques, d'améliorer l'efficacité, de réduire les coûts de production de l'information et, ainsi, de rendre sa diffusion plus polyphonique. «Nous encourageons par exemple la collaboration et la coopération, une méthode qui réduit les coûts. Dans le même temps, conclut le directeur de Minds, nous développons de nouvelles sources de revenus et de nouveaux modèles commerciaux, afin de fournir aux agences la possibilité d'avoir une base économique saine et solide».

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11 octobre 2025, 11:32