Le Secrétaire d'État du Saint-Siège accueilli par le président brésilien Lula au sommet des dirigrants à Belém, le 6 novembre 2025. Le Secrétaire d'État du Saint-Siège accueilli par le président brésilien Lula au sommet des dirigrants à Belém, le 6 novembre 2025.   (AFP or licensors)

Cardinal Parolin: la COP30, une opportunité pour relancer le multilatéralisme

Le sommet des chefs d’État et de gouvernement en prélude à la COP30 s’est ouvert jeudi 6 novembre à Belém, au nord-est du Brésil. Le Saint-Siège, qui fait partie des 143 délégations présentent sur place, est représenté par le cardinal Pietro Parolin. Le Secrétaire d’État a accordé une interview aux médias du Saint-Siège, à la veille de sa prise de parole à la Conférence des Nations unies sur le climat.

Entretien réalisé par Silvonei José Protz - Envoyé spécial à Belém, Brésil

Le Secrétaire d’État du Saint-Siège est arrivé jeudi 6 novembre dans la capitale de l’État de Parà pour participer au sommet de haut niveau organisé en amont de l’ouverture officielle de la COP30, lundi 10 novembre prochain. Après avoir participé à l’assemblée plénière des dirigeants, le cardinal Pietro Parolin a visité un hôpital situé à onze kilomètres du centre de Belém, ainsi qu’une école qui vient en aide aux enfants issus de milieux défavorisés, deux structures prises en charge par l'oeuvre Don Calabria. Dans un entretien accordé à Radio Vatican-Vatican News, le Secrétaire d’État du Saint-Siège souligne l’importance d’apporter une réponse éthique aux problématiques climatiques.

Le cardinal Pietro Parolin répondant aux questions de Vatican News - Radio Vatican.
Le cardinal Pietro Parolin répondant aux questions de Vatican News - Radio Vatican.

Le Pape s'est montré très préoccupé par les conséquences du changement climatique. Ces conséquences peuvent affecter la vie de millions de personnes, principalement les plus pauvres. Quelles doivent être les priorités des Églises locales pour répondre à ces besoins selon les différents contextes mondiaux?

En effet, c'est un phénomène qui touche de plus en plus de personnes, dans un sens bien sûr négatif, et qui touche les personnes les plus vulnérables. Au cours de ces derniers mois, nous avons également eu des réunions, par exemple avec les autorités des îles du Pacifique, qui nous ont confronté à la réalité tragique de leur disparition imminente. Nous pouvons imaginer ce que cela signifie pour la population. D'après ce que j'ai lu, le nombre de personnes déplacées en raison du changement climatique est aujourd'hui plus élevé que celui de ceux déplacés en raison des conflits en cours dans le monde. Il s'agit d'une réelle situation d'urgence.

Il me semble que l'Église s'est engagée au niveau du Saint-Siège. Nous avons rappelé la grande contribution apportée par le Pape François avec l’encyclique Laudato si', puis avec l’exhortation apostolique Laudate Deum. Les Églises locales se sont également alignées dans une certaine mesure sur cet engagement. À l'occasion de la COP30, l'Église du Brésil s'est également fortement impliquée à essayer de transmettre cet engagement au sein des différentes communautés et des personnes.

Il y a aussi eu une collaboration lors des réunions des conférences de différents continents, donc il y a un mouvement. La priorité est surtout de souligner les dimensions éthiques de ce phénomène. Évidemment, nous n'avons pas les moyens, les compétences pour donner des réponses techniques, même si nos experts au niveau de la Secrétairerie d'État et des autres dicastères suivent ces aspects. Ils ne sont pas étrangers à ces questions et participent également au dialogue, ainsi qu'aux négociations en cours. Mais je crois précisément que la contribution fondamentale du Saint-Siège et des Églises locales est d'élever le niveau de conscience et d'apporter une réponse éthique au problème des changements climatiques. Cela implique un travail important de formation et d'éducation.

Vous avez rencontré nombre de ces dirigeants mondiaux. Que souhaitez-vous à présent ramener dans vos valises, à votre retour de la COP30, comme mesure concrète de la part des gouvernements?

Ce matin [jeudi 6 octobre] un participant à la COP m'a frappé en disant que même de la COP, il ne faut pas s'attendre ou on ne devrait pas s'attendre à de grandes déclarations, mais plutôt à l'engagement et à la détermination des dirigeants mondiaux qui étaient représentés, présents et représentés à l'inauguration [du sommet] pour mettre en œuvre les engagements qui ont déjà été pris: en ce qui concerne la réduction des émissions de carbone, l'aide aux pays les plus vulnérables, la résilience, etc. Il faut donner corps à ces engagements.

D'autres aspects me semblent fondamentaux: la première chose est que «le temps est limité». Saint Paul le disait déjà, mais il le disait à propos de notre vie, ici nous le disons à propos de la COP. Le temps est limité, dans le sens où nous sommes conscients que le temps presse de plus en plus. L'urgence est donc présente, cette urgence doit être là. Et puis, il y a aussi la dimension du multilatéralisme: la question du changement climatique devient vraiment une occasion de relancer le multilatéralisme qui a connu une crise très grave ces dernières années. Ce sont là les directions vers lesquelles nous devons aller et travailler.

Ce jeudi, vous avez également vécu une expérience, en sortant un peu des travaux [de la COP] pour rencontrer des réalités qui transforment les personnes, principalement les enfants...

Nous sommes allés à Marituba où se trouve ce magnifique hôpital fondé par Mgr Aristides Pirovano, dans lequel Marcello Candia a également travaillé, et qui est aujourd'hui confié aux pauvres serviteurs de la Divine Providence, l'œuvre de Don Calabria. Parmi les autres réalités qui font partie de cette institution, nous sommes également allés à la Fazenda da Esperança (Ferme de l’Espérance), un magnifique projet qui concerne précisément les enfants de cette zone -zone qui, d'un point de vue social, est très risquée- et qui contribue à les éduquer à une approche différente, y compris envers la Création. J'ai trouvé cela très beau, j'ai vu un peu toutes leurs structures, les potagers qu'ils cultivent, la production de biogaz à partir des déchets. Des choses qui m'ont vraiment étonné et qui sont réalisées par les enfants. C'est aussi une façon de les aider à sortir de certains environnements qui sont négatifs. En les aidant à collaborer ensemble pour créer ce que nous voulons tous: un monde plus juste, un monde plus sain, un monde plus solidaire.

Le cardinal Pietro Parolin a visité l'hôpital de la Divine Providence à Marituba, à onze kilomètres de Belém.
Le cardinal Pietro Parolin a visité l'hôpital de la Divine Providence à Marituba, à onze kilomètres de Belém.

Pour un monde plus juste, pouvons-nous commencer par les enfants, comme vous l'avez vu?

Oui, nous pouvons commencer par eux. J'ai rencontré certains d'entre eux, ils m'ont semblé très conscients de cela. Cela m'a fait bonne impression. Ce sont eux qui m'ont guidé lors de cette visite et j'ai vu qu'ils étaient très conscients du défi, mais aussi de la possibilité de relever ce défi grâce à leur contribution.

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07 novembre 2025, 08:00