Un miracle attribué au Vénérable Jean-Baptiste Fouque
Marie Duhamel
Le Pape François a reçu en audience privée, mardi 18 décembre, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, et a autorisé la Congrégation à promulguer plusieurs décrets reconnaissant les vertus héroïques de huit personnalités de l’Eglise dont celles du cardinal Stefan Wyszyński, Primat de Pologne de 1948 à sa mort en 1981. Il a également reconnu des miracles attribués à l'intercession de Serviteurs de Dieu, notamment du prêtre français Jean-Baptiste Fouque.
Le «Saint Vincent de Paul marseillais» est né en 1851 à Marseille. Jean-Baptiste Fouque est ordonné prêtre en 1876, et resta vicaire toute sa vie dans sa ville du sud de la France. Figure du christianisme social, il fonda un foyer pour jeune fille afin de les préserver de la rue, se consacra aux orphelins venus notamment du nord de l’hexagone lors de la Première Guerre mondiale. Il fonda un hôpital qu’il dédia à Saint-Joseph, puis en 1921, une maison d’accueil près d’Avignon pour enfants et adolescents handicapés. Il mourut en décembre 1926.
Le 29 avril 1993, son corps est transporté à l'hôpital Saint-Joseph où il repose à côté de la chapelle Saint Joseph, au cœur de l'hôpital. Son procès en béatification fut ouvert le 7 décembre 2002 par le cardinal Bernard Panafieu, alors archevêque de Marseille. Ses vertus héroïques ont été reconnues en décembre 2016. Le postulateur de cette cause est Mgr Bernard Ardura, le Président du Comité pontifical pour les Sciences historiques.
«Dans le contexte social et ecclésial de son temps, caractérisé par des nouveautés et des tensions, le Serviteur de Dieu Jean-Baptiste Fouque vécut intérieurement la compassion du Cœur du Christ et offrit avec persévérance et générosité le témoignage d’un zèle pastoral fondé sur une profonde vie intérieure», indiquait le décret promulgué en décembre 2016, reconnaissant ses vertus héroïques.
D’autres miracles ont été attribués ce mardi 18 décembre à l'intercession de trois Serviteurs de Dieu. Il s'agit d'un jésuite espagnol Tiburzio Arnáiz Muñoz, Fondateur des Misioneras de las Doctrinas Rurales, décédé en 1926 ; de la Vénérable vénézuélienne Maria Carmen Rendiles Martínez qui fonda l’Institut des Siervas de Jesús de Venezuela au XXème siècle ; et de Teodoro Illera Del Olmo, prêtre de la Congrégation de San Pietro in Vincoli, qui fut tué en Espagne avec quinze compagnons en raison de leur foi entre 1936 et 1937.
Ci-dessous, la biographie du futur bienheureux Jean-Baptiste Fouque, faite par le Saint-Siège :
« Le Serviteur de Dieu naquit à Marseille, en France, le 12 septembre 1851. Il passa son enfance dans un milieu familial profondément chrétien; en particulier, il eut dans ses parents un exemple de foi et de charité envers le prochain et cet enseignement devait l’accompagner toute sa vie. Il fréquenta l’école des Frères des Ecoles chrétiennes et, au début de son adolescence, perçut les signes de sa vocation au sacerdoce. Il eut alors l’occasion de fréquenter le Serviteur de Dieu Timon-David qui l’aida, comme d’autres garçons, à opérer le discernement de leur vocation. Par la suite, le Serviteur de Dieu fréquenta le séminaire de sa ville natale et, au terme de sa formation, fut ordonné prêtre le 10 juin 1876. Sa première charge pastorale fut d’être vicaire à Sainte-Marguerite, puis à Auriol. Il fut ensuite transféré à la Cathédrale La Major et, enfin, à la Paroisse de la Sainte-Trinité. Toute sa vie, il restera vicaire. Le tissu social de ces communautés paroissiales était constitué, à côté de la population marseillaise d’origine, de jeunes femmes qui, après avoir quitté la campagne, étaient venues s’installer en ville. Aussi, du monde paysan, elles étaient arrivées brusquement dans les usines et au service des familles riches, ce qui n’était pas sans conséquences sur le plan moral et religieux. La condition féminine, surtout, apparaissait extrêmement fragile et menacée par le rapide développement urbain, caractéristique, en ces années, de cette métropole française. Aussi, en 1888, le Serviteur de Dieu ouvrit un foyer d’accueil en faveur des jeunes filles, avant d’être chargé de s’occuper des orphelins et des jeunes en difficulté. A cette fin, il établit un réseau de relations, créa un restaurant, ouvrit une maison d’éducation et entreprit également diverses initiatives en faveur des femmes âgées. Les tribunaux eux-mêmes s’adressaient à ces institutions pour pouvoir placer des adolescents et des jeunes condamnés pour quelque délit ou qu’il fallait réintégrer dans la société. A la fin de la Première guerre mondiale, nombreux furent les orphelins en provenance surtout du nord de la France, qui trouvèrent accueil et refuge auprès des maisons du Serviteur de Dieu. L’abbé Fouque créa aussi un hôpital, qu’il voulut dédier à Saint Joseph. Son œuvre ultime remonte à 1921 : une maison d’accueil près d’Avignon pour enfants et adolescents handicapés.
L’abbé Fouque fut un homme de grande foi. Cette direction fondamentale, reçue de la famille, l’inspira et le soutint en toutes les étapes de sa vie. Accomplir la volonté de Dieu et suivre le chemin tracé par Jésus Christ fut réellement son projet, qu’il poursuivit fidèlement, de son enfance jusqu’au ministère sacerdotal, vécu avec une extraordinaire intensité. Son zèle pastoral se fondait sur l’amour envers Dieu et envers son peuple et il eut constamment comme modèle le Christ Bon Pasteur. Jean-Baptiste Fouque manifesta une aptitude particulière au service ministériel et il appartient pleinement à ce « christianisme social » qui, à cheval sur le XIXe et le XXe siècle, entendait répondre adéquatement aux signes des temps, à ces res novæ dont Léon XIII se fit l’interprète autorisé. Le Serviteur de Dieu se voulait très proche des pauvres et des malades et il sut voir en eux l’icône du Christ souffrant. Dans le quotidien de la vie pastorale, sa maison était toujours ouverte à tous, indigents et riches, cultivés et ignorants, qui reconnurent immédiatement en lui la présence d’un père. Avec une infatigable disponibilité, il se consacra à l’administration du sacrement de la Réconciliation et fut artisan de paix dans son milieu, souvent traversé par des tensions et des polémiques. La vie eucharistique et la dévotion à la Vierge Marie furent la nourriture de son pèlerinage terrestre. Sa vie, entièrement consacrée au service des pauvres s’éteignit le 5 décembre 1926. Le peuple le considéra comme le « Saint Vincent de Paul marseillais ».
En vertu de cette renommée de sainteté, le Procès informatif fut célébré de 1944 à 1949, près la Curie archidiocésaine de Marseille. Une enquête diocésaine suivit du 7 décembre 2002 au 15 mars 2003. Leur validité juridique a été reconnue par cette Congrégation par décret du 4 juin 2004. Une fois élaborée la Positio, on a discuté, selon la procédure habituelle, si le Serviteur de Dieu avait exercé les vertus à un degré héroïque ».
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