Au Liban, deux martyrs franciscains béatifiés
Claire Riobé - Cité du Vatican
«Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi». Les paroles de l’Évangile selon saint Jean, lues au cours de la célébration de béatification ce 4 juin, sont une invitation à la sainteté. Un appel auquel ont répondu, au prix de leur vie, les pères capucins Léonard Melki et Thomas Saleh, morts en martyrs en Turquie en 1915 et 1917.
Victimes humaines des persécutions ottomanes
À vue humaine, les frères Léonard Melki et Thomas Saleh nous apparaissent comme des victimes, a indiqué le cardinal Semeraro. Victimes d’une vague de haine qui a parcouru à plusieurs reprises la fin de l’Empire ottoman, «et se mêla aux événements tragiques de la persécution contre tout le peuple arménien et contre la foi chrétienne».
C’est en décembre 1914, dans ce contexte particulièrement difficile pour les chrétiens, que les deux Capucins décidèrent de partir en mission. Alors que les autres religieux de la communauté cherchent refuge dans des lieux plus sûrs, le bienheureux Léonard choisit de rester dans le couvent de Mardine pour continuer à prendre soin d’un confrère âgé. «Le 5 juin 1915, il est arrêté et torturé, avant d’être tué, avec d’autres compagnons, à coup de pierres, puis de poignards», relate le cardinal Samarero.
Le bienheureux Thomas est lui accueilli en décembre 1914 avec d’autres confrères dans le couvent d’Orfa. Emprisonné avec eux, il est enfermé dans différents cachots, et subit des tortures destinées à le faire apostasier. «Malgré cela, dans l’Église libanaise se perpétue le souvenir de sa sérénité et de sa force», salue le cardinal.
Vainqueur au service de la vérité
Frère Léonard Melki et frère Thomas Saleh sont pourtant vainqueurs au regard de la foi chrétienne, a poursuivi au cours de son homélie le cardinal Semeraro. La force dont ils ont fait preuve est un don spirituel qui «dans la doctrine catholique est la troisième vertu cardinale, c’est-à-dire une de celles qui constituent les fondements d’une vie vertueuse». Ils ont été animés par la passion pour la vérité et l’amour pour le bien, jusqu’au renoncement et au sacrifice de leur vie. «Le but de l’Église est aussi de témoigner de cette force», a-t-il invité les fidèles réunis au cours de la cérémonie.
Reprenant les mots de Benoît XVI dans l’encyclique Spe salvi, «dans les épreuves vraiment lourdes de la vie, spécialement quand il nous arrive de devoir prendre la décision définitive de faire passer la vérité avant le bien-être, la carrière, la possession, «nous avons besoin de témoins, de martyrs, qui se sont totalement donnés», considère-t-il. Les figures des bienheureux Léonard Melki et Thomas Saleh nous aident ainsi à préférer, dans les petits choix de la vie quotidienne, le bien à la commodité.
Des témoins inspirés par l’Esprit-Saint
Le cardinal Semeraro a enfin souligné l'importance de l'Esprit-Saint, Celui qui a donné aux martyrs le courage d’être des témoins. «Nous l’avons entendu de l’apôtre Paul: "L’Esprit vient au secours de notre faiblesse". Les anciens pères nous disent que les martyrs sont comme des athlètes qui, libérés des vêtements qui gênent la course, enflammés par l’Esprit-Saint courent dans le stade pour remporter la couronne du vainqueur», a-t-il lancé. Le cardinal a conclu en se confiant à l’intercession des bienheureux Léonard Melki et Thomas Saleh : «Par l’offrande de leur sang, accepte-nous aussi, Seigneur, et garde-nous fermement attachés à Toi, afin que nous puissions parvenir au salut éternel».
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