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Des jeunes sénégalais (Photo d'illustration) Des jeunes sénégalais (Photo d'illustration) 

Sénégal: les femmes catholiques de Kolda plaident pour une révision du code de la famille

Relever l’âge du mariage de la jeune fille de 16 à 18 ans au moins, afin de rendre possible l’épanouissement de sa croissance, dans une logique d’équité avec le jeune garçon: c’est le plaidoyer de l’Union Diocésaine des Associations Féminines Catholiques de Kolda, au Sénégal, qui a organisé une campagne de sensibilisation portant particulièrement sur deux articles du code de la famille jugés discriminatoires à l’égard de la jeune fille.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

Au cours de la semaine du 4 au 10 septembre 2023, l’Union Diocésaine des Associations Féminines Catholiques de Kolda, a organisé plusieurs séances de sensibilisation pour la révision du code de la famille sénégalais. Dans une interview accordée à Vatican News, Simony Ndecky Malou, présidente de cette Union, a expliqué que cette campagne porte sur deux articles qu’elle juge discriminatoire à l’égard de la jeune fille. Il s’agit de «l’article  111 du code de la famille qui stipule que la fille peut se marier à l’âge minimum de 16 ans, avec l’accord des parents; et le garçon à l’âge minimum de 18 ans. Et l’article 196 qui interdit le droit de réclamer la paternité pour un enfant non reconnu par le présumé père».

Un combat «communautaire»

Cette campagne de sensibilisation vise ainsi le relèvement de l’âge du mariage pour la jeune fille à 18 ans au moins, a expliqué Simony Ndecky Malou. Pour faire connaître leur plaidoyer et atteindre un plus grand nombre, ces femmes catholiques ont organisé quelques activités comme une redonnée pédestre et surtout des causeries communautaires dans les quartiers de Kolda et de Sédhiou. Plusieurs acteurs de la société sont impliqués, en commençant par les jeunes filles et garçons, les autorités, les prêtres et consacrés. Les imams et autres personnes de confession musulmane participent également, ainsi que tous ceux qui travaillent dans la pastorale et les activités de la jeunesse comme les «centres conseil ado», les clubs des jeunes filles, les Badienougow, - mot  wolof qui signifie – Maraine de localité ou de quartier, à qui on confie la cause, le suivi et les problèmes liés aux femmes et aux jeunes filles, au sein du Conseil d’une localité. «Elles servent de relais entre les femmes, les jeunes, les enfants et la famille, avec les structures étatiques du milieu. Elles aident à promouvoir les valeurs auprès de toutes ces composantes de la société», a précisé l’enseignante sénégalaise. Elle appelle particulièrement les autorités sénégalaises à revoir ces articles, ainsi que d’autres conventions internationales qui entravent l’épanouissement de la jeune fille.

Les conséquences de l’article 111 du Code de la famille sénégalais: un frein pour la jeune fille  

Pour Simony Ndecky Malou, l’article 111 du Code de la famille sénégalais porte beaucoup de conséquences néfastes sur l’éducation et la santé de la jeune fille et freine son épanouissement. Une fille qui se marie «très tôt» n’a plus le temps ou la chance de poursuivre ses études. Epouse, «elle deviendra mère très tôt; et là, c’est l’âge de la vieillesse précoce». Sa santé physique peut aussi être en danger, «comme le jour de l’accouchement, elle peut se retrouver avec un problème psychologique et moral». Sous l’autorité d’un homme, «elle perd sa voix, elle n’a pas droit à la parole, tout se décide par l’homme. Elle sera victime de domination et de maltraitance». Il lui sera aussi difficile de communiquer et d’exprimer ses points de vue. Ainsi freinée, elle ne pourra pas contribuer au développement de sa communauté ou de son pays, a déclaré la présidente de l’Union Diocésaine des Associations Féminines Catholiques de Kolda.

Un éveil des consciences qui concerne tous 

La campagne de sensibilisation vise un éveil des consciences des parents, des filles, des garçons et de tout membre de la société, a indiqué Simony Ndecky Malou. Elle invite «tout le monde à porter ce combat», pour pouvoir obtenir gain de cause.

L’Union Diocésaine des Associations Féminines Catholiques de Kolda est piloté par le projet «Voix et Leadership des Femmes», engagé pour la cause et le bien-être de la Femme, pour le respect des droits de la femme et de la fille; ainsi que pour leur autonomisation. Il organise des formations, des camps de sensibilisation et des formations de renforcement des capacités des femmes et des jeunes filles.

Suivre Simony Ndecky Malou, présidente de l’Union Diocésaine des Associations Féminines Catholiques de Kolda (Sénégal)

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14 septembre 2023, 15:20