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Messe pour la paix en RD Congo, à l'aumônerie congolaise à Rome, dimanche 16 février 2025. Messe pour la paix en RD Congo, à l'aumônerie congolaise à Rome, dimanche 16 février 2025. 

Les Congolais de Rome se réunissent pour implorer la paix sur la RDC

Une messe pour la paix en RD Congo a été célébrée ce dimanche 16 février 2025 à l’aumônerie congolaise de Rome. De nombreux Congolais ainsi que des ressortissants de plusieurs pays ont prié pour la fin des combats dans les provinces du Nord et Sud Kivu, envahis par le groupe armé M23, avec l’appui du Rwanda, des affrontements qui ont fait plus de 3 000 morts. Dans son homélie, le père Tshimanga, aumônier, en a appelé à la responsabilité de ses compatriotes et de la Communauté internationale.

Stanislas Kambashi, SJ – Rome

«Chers Frères et sœurs, nous sommes réunis pour prier et pour pleurer nos morts», a lancé l’aumônier de l’aumônerie congolaise de Rome, au début de la célébration. «En quelques jours seulement, notre pays a connu plus de 3 000 morts», a déploré le père Roger Balowe Tshimanga, qui a présidé à cette eucharistie. Célébrée en rite congolais et en trois langues – lingala, français et italien -, la messe a connu la participation de nombreux Congolais et des ressortissants d’autres pays. «La paix en RD Congo», était au cœur de cette célébration, sur demande des ambassadeurs du Congo en Italie, Paul Emile Tshinga et près le Saint-Siège, Deogratias Ndagano, qui étaient également présents. Au cours de la célébration, le père Tshimanga a rappelé la situation que traverse actuellement ce pays d’Afrique centrale, surtout dans sa partie Est, où deux villes - Goma et Bukavu - et plusieurs localités sont tombées aux mains du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda.


Tout Congolais est préoccupé par ce qui se passe dans son pays

Aujourd’hui, a souligné l’aumônier, tout Congolais est préoccupé par ce qui se passe dans son pays. Certains sont devant des morts et de nombreux cadavres qui jonchent les rues, d’autres combattent ou dénoncent, d’autres encore sont dans des tractations diplomatiques ou en train de chercher toute sorte de solution. Aussi, en priant, nous confions le Congo à Dieu, qui est le Seigneur des armées et qui peut porter à la victoire, a poursuivi le père carme déchaux. Et dans notre prière, nous demandons à Dieu «ce que le Congo a fait pour mériter un tel sort, un drame qui dure depuis des décennies».

Les Congolais, à l’occasion de la messe pour la paix en RD Congo, devant l'aumônerie congolaise à Rome, dimanche 16 février 2025.
Les Congolais, à l’occasion de la messe pour la paix en RD Congo, devant l'aumônerie congolaise à Rome, dimanche 16 février 2025.

Former une conscience nationale congolaise

Dans son homélie, le père Tshimanga en a appelé ses comapatiotes à la responsabilité. Il est vrai que la RDC, à cause de ses nombreuses richesseses, a toujours été victime d’un complot international, a affirmé le prêtre congolais. Il reste qu'on s'est toujours servi «d'un ou deux congolais» qui acceptent de sacrifier leurs propres frères pour leurs intérêts égoïstes, a-t-il ajouté. Ainsi a-t-il invité ses compatriotes à «interroger leurs consciences par rapport à ce qui arrive» à leur pays, soulignant la nécessité de «travailler la conscience de l’Homme congolais, pour former une vraie conscience nationale». Il a fustigé le comportement certains qui s’enrichissent au prix de la souffrance de leurs compatriotes, en devenant parfois complices des ennemis. «Un petit nombre concentre la grande partie de richesses entre leurs mains et, à côté, leurs frères qui souffrent». Ce sont des riches qui sont malheureux, a déclaré le prêtre congolais, reprenant l’Évangile de ce cinquième dimanche du temps ordinaire.

Protéger, défendre et être gardien de la RDC

Face aux nombreux drames que connait la RDC depuis plus de trente ans, le père Tshimanga a souligné la nécessité pour chaque Congolais de protéger, de défendre et d'être le gardien de son pays. Il a mis en garde contre des discours qui peuvent diviser, au moment où l’unité est nécessaire pour repousser l’ennemi. Il a déploré certains propos qui incitent à la haine tribale, l’usage de la Parole de Dieu à des fins mesquines et la prolifération des églises, sans impact positif sur le vécu des personnes.


Le silence est une complicité

L’aumônier a conclu son homélie en fustigeant l’attitude de la communauté internationale, qui «ne va pas au-delà des discours» sur le drame que vit le Congo. Alors que les agresseurs et leurs complices multinationales sont connus, grâce aux enquêtes effectuées, les condamnations ne sont pas suivies des sanctions ou tout autre action concrète. Certains pays gardent simplement silence, «un silence qui frise la complicité». Le père Tshimanga a aussi condamné «les médias qui se taisent sur ce qui se passe en RDC ou déforment la vérité que révèlent les enquêtes».

Le 16 février, date historique en RDC

En RD Congo, le 16 février est aussi une date historique, qui rappelle la marche des chrétiens en 1992, pour réclamer la réouverture de la conférence nationale souveraine, ouverte à Kinshasa le 7 février 1991, et fermée le 19 janvier 1992 par le Premier ministre de Mobutu, Nguz-a-Karl-i-Bond. Ce forum national avait pour objectif de «baliser le chemin de la démocratie». A l’initiative du Comité laïc de Coordination, une association catholique laïque, des milliers des Kinois étaient descendus dans la rue pour une marche pacifique dénommée «marche de l’espoir». 

Les Congolais de Rome sont toujours de cœur avec leurs compatriotes, en toute situation ou événement que traverse leur pays. On se souviendra que le 10 mars 2024, ils avaient organisé une messe, suivie d’une marche qui avait abouti sur la place Saint-Pierre, pour dénoncer les massacres des populations, le pillage des ressources minières, la guerre et l’instabilité chronique à l’Est de leur pays, ainsi que l’indifférence et le silence de la Communauté internationale.

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16 février 2025, 16:56