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Une tremblement de terre de magnitude de 7,7 a frappé la Birmanie, les secousses ressenties jusqu'en Thaïlande. Une tremblement de terre de magnitude de 7,7 a frappé la Birmanie, les secousses ressenties jusqu'en Thaïlande.   (AFP or licensors)

En Birmanie, le cardinal Bo appelle à un cessez-le-feu pour faire face au séisme

Dans une interview accordée à Vatican News, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, témoigne de l’ampleur des dégâts causés par le tremblement de terre qui a frappé vendredi 28 mars la Birmanie et la Thaïlande. Il exprime sa gratitude pour le message de soutien envoyé par le Pape aux personnes touchées par la catastrophe.

Deborah Castellano Lubov – Cité du Vatican

«J'ai lancé un appel à toutes les parties concernées pour qu'elles apportent d'urgence une aide humanitaire et un accès sans entrave aux populations touchées. J'ai lancé un appel sincère au cessez-le-feu à tous les groupes hostiles».

Dans une interview accordée à Vatican News, le cardinal Charles Maung Bo, président de la Conférence des évêques catholiques de Birmanie et archevêque de Rangoun, a lancé ces appels en réponse au tremblement de terre de magnitude 7,7 qui a frappé la région de Mandalay, situé au nord du pays, mais aussi la Thaïlande voisine. Plus d’un millier de personnes ont perdu la vie et des centaines de personnes sont portées disparues.  

Selon les premières estimations de l'Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), près de 800 000 personnes se trouvaient dans la zone où les secousses ont été les plus violentes en Birmanie.

Dans un télégramme publié le 28 mars, le Pape François a exprimé sa proximité envers les populations birmane et thaïlandaise, frappées par un séisme dévastateur, alors que la Birmanie est déjà déchirée par la guerre et une crise de déplacement massif, avec plus de 3,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays et plus d'un tiers de sa population en besoin d'aide humanitaire urgente.

Le Saint-Père a fait part de sa tristesse face aux pertes humaines, offert des prières sincères pour les âmes des personnes décédées et réaffirmé sa proximité spirituelle avec toutes les personnes touchées par cette tragédie.

Le séisme s'est produit à 16 kilomètres au nord-ouest de la ville birmane de Sagaing vers 13h, heure locale, et a été suivi de près par quatre plus petites répliques d'une magnitude comprise entre 4,5 et 6,6. L'état d'urgence a été déclaré dans les six régions de Birmanie les plus affectées (Sagaing, Mandalay, Magway, le nord-est de l'État Shan, Naypyidaw et Bago) et les besoins humanitaires sont immenses.

Dans l'interview qui suit, le cardinal Bo pleure les morts et les destructions causées par le tremblement de terre et exprime sa gratitude au Pape pour son message qui, selon lui, est «comme un baume apaisante de consolation pour notre peuple».

Cardinal Bo, quelle a été votre expérience personnelle au moment du tremblement de terre? Que faisiez-vous? Qu'avez-vous ressenti?

J'étais sur la route lorsque ce triste spectacle s'est déroulé. Je revenais de Taunggyi, traversant les environs de la capitale, Naypyidaw, où la plupart des morts et des destructions se sont produites.

Alors que nous nous efforcions de circuler parmi les véhicules bloqués, nous avons vu d'énormes cratères se former sur la route. Notre voyage a finalement été retardé de cinq heures car nous sommes passés par un trajet ardu pour essayer d'éviter les dégâts causés par le tremblement de terre sur la route et dans les environs.

Nous avons été très angoissés lorsque notre voiture s'est déportée de manière incontrôlée vers les bas-côtés, alors que les voyageurs perdaient tous le contrôle de leur véhicule. Lorsque nous avons sauvé notre voiture, nous avons trouvé de nombreux motocyclistes jetés sur la route parce qu'ils avaient perdu le contrôle de leur véhicule. C'était un moment effrayant pour nous tous.

Dieu merci, nous avons pu atteindre notre destination sans trop de problèmes. Mais tout au long de la route, nous pouvions voir l'anxiété écrasante des gens, qui fuyaient le tremblement de terre, qui est maintenant appelé «le grand tremblement de terre du siècle». Nous survivons en tant qu'espèce humaine car nous sommes la seule espèce à pouvoir être émue par les larmes de nos semblables.

Comment décririez-vous la situation? Et qu'avez-vous vu?

Comme vous le savez, la Birmanie traverse une période torride depuis quatre ans, et le tremblement de terre est survenu à un moment très triste pour notre peuple. Les régions touchées sont déjà affectées par des crises multidimensionnelles de conflit, d'effondrement de l'économie et de déplacements massifs.

J'ai vu les scènes poignantes d'hommes et de femmes se précipitant sur les routes, cherchant à se mettre à l'abri alors que le tremblement de terre leur donnait des frissons. Ce fut une expérience bouleversante de voir la nature s'associer à d'autres forces pour exacerber les souffrances de notre peuple.

De quoi les gens ont-ils le plus besoin? Avez-vous un appel à lancer?

Nous sommes profondément touchés par les promesses de soutien de l'Église catholique partout dans le monde. Les gens ont besoin de nourriture, d'abris, de médicaments et de tout le matériel nécessaire à la survie. Plus que tout, notre peuple a besoin de paix, et non de l'angoisse provoquée par la crise multidimensionnelle.

J'ai lancé un appel à toutes les parties concernées pour qu'elles apportent d'urgence une aide humanitaire et qu'elles puissent accéder sans entrave aux populations touchées. J'ai lancé un appel sincère au cessez-le-feu à tous les groupes hostiles.

Par ailleurs, peu après le tremblement de terre, j'ai convoqué une réunion urgente et mis en place un protocole de réponse appelé MERCI (Myanmar Earthquake Response Church Initiative), qui a été mis en place ce samedi matin, afin de lancer un appel d'urgence et d'apporter une réponse. J'ai appelé à une réunion plus large prochainement, incluant l'Église et le personnel de Caritas de toutes les zones touchées.

Nous sommes réconfortés par les signes de soutien des partenaires de l'Église et par le message inébranlable et profondément émouvant du Vatican et de notre représentant ici.

Qu'est-ce que le message de condoléances du Pape a signifié pour vous et votre peuple?

Le Pape a été un berger fidèle pour notre peuple. Après sa visite en Birmanie en 2017, il semblait être tombé amoureux de notre peuple. Tout au long de la période difficile de ces quatre dernières années, il a fait preuve d'une grande sollicitude et d'un grand soutien. Ses appels incessants à la paix et à la réconciliation ont constamment consolé notre peuple.

Je suis profondément touché que, malgré sa récente maladie, son cœur batte pour notre peuple, et que son message vienne comme un baume apaisant de consolation pour notre peuple.

Quels mots de réconfort et de foi avez-vous pour les personnes qui souffrent en Birmanie et en Thaïlande?

Lorsque la nature attaque, les êtres humains oublient toutes leurs différences. Les larmes humaines nous unissent. Nous survivons en tant qu'espèce parce que nous pouvons être émus par les larmes des autres.

Les larmes et la détresse des gens, où qu'ils soient, en Thaïlande ou en Birmanie, sont des larmes humaines, des larmes de fraternité. Nous ressentons leur douleur. Le monde ressent leur douleur et nous nous tiendrons aux côtés de tous les peuples dans ce moment de tristesse et nous les aiderons à guérir leurs blessures et à se rétablir.

Nous l'avons montré après le tsunami; nous l'avons montré après le cyclone Nargis en Birmanie. Nous vaincrons parce que la compassion est la religion commune en cas de catastrophe naturelle.

L'humanité ne se contentera pas de survivre à toutes les catastrophes, elle prospérera à travers toutes les catastrophes, parce que notre cœur saigne pour la souffrance de mes frères et sœurs. Nous sommes aux côtés des peuples de Thaïlande et de Birmanie.

Quels sont les plus grands défis à relever en matière d'aide dans le pays?

Comme le pays est en proie à des guerres civiles, l'aide pourrait être entravée par les troubles causés par les groupes armés. J'entends par là toutes les parties des deux côtés. Par conséquent, la réconciliation, le dialogue et la paix seraient la seule solution.

Pour l'instant, le personnel de l'Église et les groupes religieux sont le meilleur moyen d'apporter de l'aide aux personnes dans le besoin.

Le pays est en proie au désespoir. Les défis sont nombreux.  Mais l'opportunité d'un autre monde est possible; une autre Birmanie est possible. Le peuple de Birmanie veut la paix. La paix dans la justice est le plus grand défi à relever. Par conséquent, le plus grand besoin est la paix, au moins un cessez-le-feu pour répondre aux besoins fondamentaux de tous nos concitoyens. Je lance un appel à tous ceux qui sont opposés les uns aux autres pour qu'ils se rassemblent et essuient les larmes de chacun.   

La nourriture, les médicaments et les abris sont des besoins urgents. Pour cela, un corridor humanitaire est nécessaire. J'espère que tous ceux qui sont sur le terrain continueront à le soutenir. La libre circulation de toutes les fournitures et le soutien apporté par d'autres pays doivent être facilités. Rendons cela possible en assouplissant toutes les contraintes. Accueillons tous ceux qui viennent dans notre pays pour apporter leur aide et assurons la sécurité nécessaire pour atteindre les personnes les plus touchées.

En fin de compte, seule une paix véritable fondée sur la justice résoudra nos problèmes. Tel est l'appel du Pape François. Nous nous joignons à lui dans cet appel. Une Birmanie pacifique et juste peut nous aider à relever tous les défis.

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29 mars 2025, 14:16