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Bénin: matinée de réflexion sur les 70 ans du diocèse de Cotonou Bénin: matinée de réflexion sur les 70 ans du diocèse de Cotonou  

Bénin: un mini-colloque à Cotonou pour évaluer les 70 ans d’existence du diocèse

L’Institut Jean-Paul II de Cotonou a abrité le 12 septembre dernier une matinée de réflexion dans le cadre de la célébration du Jubilé des 70 ans d’érection de l’archidiocèse de Cotonou. Ce banquet se voulait «un creuset de réflexion, d’évaluation, de remise en question et de prospection» à propos de l’œuvre pastorale dans son diocèse, a affirmé Mgr Roger Houngbédji, ordinaire du lieu.

Juste Hlannon - Cotonou

Le 14 septembre 1955, le pape Pie XII transformait le vicariat apostolique de Ouidah, ville porte d’entrée des premiers missionnaires au Dahomey, en l’archidiocèse de Cotonou. 70 ans après, la province ecclésiastique a entrepris d’évaluer le chemin effectué. C’est dans ce cadre que l’ordinaire du lieu a convoqué une matinée de réflexion. Cinq évêques, de nombreux prêtres, religieux, religieuses et laïcs se sont ainsi réunis pour évaluer le chemin parcouru par le diocèse depuis 1955 et envisager des perspectives aux niveaux théologique et pastoral. Aussi, d’entrée de jeu, Mgr Roger Houngbédji, a prononcé un discours épidictique en reconnaissance aux pionniers de cette œuvre missionnaire, tout en insistant sur le devoir qui leur incombe de porter plus loin cette entreprise. «Ces noces de platine sont le bilan du profond travail d’évangélisation et d’inculturation de l’Évangile du Christ auquel nos vaillants prédécesseurs se sont consacrés dès les débuts, nous laissant un héritage intellectuel, spirituel et pastorale que nous sommes en demeure de fructifier: l’enracinement de la foi authentique», a proclamé le prélat.  

Exigence d’une maturité spirituelle

Au nombre des valeureux pionniers, l’archevêque de Cotonou et président de la Conférence épiscopale du Bénin a distingué, non seulement le Cardinal Bernardin Gantin, premier archevêque autochtone du diocèse, mais aussi «le valeureux Mgr Christophe Adimou, l’intrépide Mgr Isidore de Souza, le brave Mgr Marcel Agboton, l’ingénieux Mgr Antoine Ganyé». En assumant leur héritage, Mgr Houngbédji estime que «l’entrée dans la période des septuagénaires exige désormais de notre mission pastorale une grande maturité spirituelle, pastorale et surtout théologique». Mais comment ? C’était l’objet de la communication du père Barthélemy Zinzindohoué. La communication de l’ecclésiastique, théologien moraliste, était intitulée: «La mission Ad Gentes dans l’archidiocèse de Cotonou : l’héritage des 70 ans pour un nouvel élan missionnaire».


 «Mettre en place une commission diocésaine de théologie»

Esquissant un bilan, le Père Barthélemy Zinzindohoué a fait le constat que «l’archidiocèse de Cotonou, depuis sa naissance jusqu’à ce jour, a assumé et assuré la mission confiée par le Christ aux Apôtres à travers l’appel à l’unité des cœurs, la conscience de la mission prophétique de l’Église au sein de la nation, la grande importance donnée à l’émergence du clergé autochtone et l’importance donnée aux langues locales dans la catéchèse et la liturgie». Elle compte ainsi, en 2025, 124 paroisses et 6 communautés chrétiennes organisées en 15 vicariats forains.

Le père Zinzindohoué a néanmoins estimé que divers aspects de la pastorale telle qu’elle se déploie dans le diocèse sont encore perfectibles. Par exemple, le théologien a proposé «la mise en place d’une commission diocésaine permanente et fonctionnelle de théologie». La raison en est que «sans réflexion théologique pertinente, on ne saurait donner des garanties pour une pastorale bien pensée».

«La peur est un obstacle à notre développement»

Sur le plan de l’accompagnement spirituel des fidèles, le père Zinzindohoué s’est désolé de la subsistance d’une certaine emprise de la peur sur les fidèles du diocèse. Ainsi a-t-il préconisé, «l’un des services essentiels à rendre à notre Église-Famille de Dieu consistera à développer au profit des fidèles une théologie et une catéchèse de libération de la peur des esprits maléfiques». Car, a-t-il dit, «la peur est un obstacle à notre développement».

Par ailleurs, «dans un monde marqué par la quête de sens», le père Zinzindohoué a jugé nécessaire «un accompagnement psycho-spirituel plus structuré des fidèles du Christ, un ministère d’écoute et d’accompagnement, particulièrement en faveur des personnes en détresse, des jeunes, des familles blessées ou fragilisées». À cet effet, il a recommandé que le diocèse ait plusieurs lieux fonctionnels dédiés à ce ministère.


«Prévenir un certain panafricanisme dégradé et étroit»

L’autre axe de la pastorale diocésaine revisité au cours de ces assises, c’est l’œuvre d’inculturation. Dans sa communication sur le sujet, le père Camille Sessou, docteur en théologie dogmatique, s’est penché sur le lien entre Église et inculturation. Il a estimé qu’«une inculturation qui ignore tout de l’ecclésiologie n’en est pas une» ; de même, «une ecclésiologie qui rejette l’inculturation nie elle-même les fondements sur lesquelles repose sa doctrine»

Il évoquera par la suite des initiatives locales d’inculturation dont celles du «Sillon Noir» de Mgr Barthélemy Adoukonou et son disciple, le père Édouard Adè, membre de la Commission théologique internationale, qui en appellent à «une pâque culturelle en milieu Fon». Pour sa part, le père Sessou propose une approche de l’inculturation qui se fasse fondamentalement guider par l’Esprit Saint, ce qu’il appelle «la pneumatisation constante de la culture opérée par la foi».

En effet, a-t-il assuré, «cette pneumatisation guérira la foi des diverses formes de syncrétisme incrusté dans la conscience et les pratiques de beaucoup de croyants de notre diocèse». De même, disait-il, «ce travail pneumatique préviendra contre un certain panafricanisme dégradé et étroit qui n’est rien d’autre que le retour en grande forme du paganisme des origines».

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17 septembre 2025, 09:02