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Le cardinal George Jacob Koovakad, préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux, lors du VIIIe Congrès d'Astana, au Kazakhstan. Le cardinal George Jacob Koovakad, préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux, lors du VIIIe Congrès d'Astana, au Kazakhstan.  

À Astana, le cardinal Koovakad rappelle aux chefs religieux l'indispensable collaboration

Lors du VIIIe congrès réunissant les responsables des religions mondiales et traditionnelles au Kazakhstan, le cardinal Koovakad, préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux, a rappelé la responsabilité commune de toutes les religions à favoriser l'épanouissement humain et protéger l'environnement. Un devoir crucial en ces temps où règnent les discours de violence, la destruction, les guerres commerciales et les catastrophes naturelle, a-t-il indiqué.

Fabrice Bagendekere SJ – Cité du Vatican

L’événement qui a lieu du 17 au 18 septembre réunit d'éminents chefs spirituels de l'islam, du christianisme, du bouddhisme, du judaïsme, de l'hindouisme, du taoïsme, du zoroastrisme et du shintoïsme, ainsi que des représentants d'organisations internationales, des universitaires et des personnalités publiques, provenant d'environ 60 pays. Profitant de cette diversité et représentativité des mondes et du monde, le cardinal George Jacob Koovakad a rappelé l’incertitude de la situation mondiale actuelle. «Partout, nous entendons des discours négatifs sur les conflits, les guerres, la violence, la destruction, les guerres commerciales et les catastrophes naturelles», a dit le cardinal, sans cacher son inquiétude face à ce qu’il considère comme «la désintégration, à la désunion et à l'apparition de nouvelles démarcations». «Parfois, il semble que le multiculturalisme soit affaibli et que les organisations mondiales soient réduites au silence. (…) Ces situations conduisent facilement à un sentiment de désespoir», a-t-il déclaré, s'interrogeant: «Que pouvons-nous faire en tant que dirigeants pour apporter la lumière?»

Les facteurs essentiels à la consolidation de la paix et à la coopération interreligieuse

Pour répondre à la précédente question, le délégué du Pape a rappelé aux responsables religieux leur responsabilité commune de «changer le cours de l'histoire, passer de la violence à la paix ; favoriser l'épanouissement humain ; apporter l'espoir à un monde désespéré; et protéger notre environnement ». Comment y parvenir et quelle approche adopter? Le cardinal Koovakad a proposé trois facteurs essentiels à la consolidation de la paix et à la coopération interreligieuse. «Le besoin de développement et de justice», «la réalité qu'il n'y a pas d'espérance sans Dieu, qui est la Vérité ultime», et «la réalité que nous ne sommes pas sauvés seuls».


Le développement social, économique, culturel et spirituel

Concernant le besoin de développement et de justice, le cardinal a affirmé que «le premier facteur à prendre en considération est la nécessité du développement social, économique, culturel et spirituel de chaque personne». S’appuyant sur la lettre encyclique Populorum Progressio du Pape Paul VI, qui affirme que «le développement est le nouveau nom de la pai », il a rappelé que «le développement est une condition préalable qui permet aux personnes de vivre dans la dignité, libres de toute pression indue, avec la possibilité d'être heureuses».  Cet épanouissement, a dit le représentant du Pape, «ne peut être réservé à certains et pas à d'autres.  Il doit être équitable, sinon il ne durera pas».

Œuvrer pour une société juste qui garantisse l'égalité pour tous

A ce qui précède, le cardinal Koovakad a adjoint l’affirmation du Pape Léon XIV selon lequel «l'épanouissement humain authentique découle [...] du développement humain intégral, c'est-à-dire du développement complet de la personne dans toutes ses dimensions : physique, sociale, culturelle, morale et spirituelle», comme ressorti de son discours aux participants à la seizième réunion annuelle du Réseau international des législateurs catholiques, le 23 août 2025.  De même, le prélat a rappelé le «diagnostic des causes du manque de paix» fait par le Pape Paul VI, expliquant dans Populorum Progressio que «les disparités extrêmes entre les nations sur les plans économique, social et éducatif provoquent la jalousie et la discorde, mettant souvent la paix en péril».  Ainsi, le prélat a conclu qu’il était très important d' «œuvrer pour une société juste qui garantisse l'égalité pour tous».  Sans cela, a-t-il dit, «il ne peut y avoir de paix», expliquant que «la véritable égalité dans la société doit être globale : économique, politique, culturelle, linguistique et religieuse», ainsi que la liberté religieuse.


Revenir à aux sources religieuses des civilisations

Concernant le deuxième facteur: «la réalité qu'il n'y a pas d'espoir sans Dieu, qui est la Vérité ultime», le cardinal Koovakad a rappelé que toutes les traditions religieuses, dans leur essence la plus profonde, «recherchent la Vérité ultime». «La religion est avant tout une relation, un dialogue avec le Divin. Ce dialogue vertical ouvre une nouvelle vision d'espoir pour l'humanité et pour la Terre», a-t-il déclaré faisant remarquer que «tout au long de l'histoire, les fondateurs de religions, les sages, les réformateurs et les textes sacrés ont apporté de l'espoir dans des situations apparemment désespérées». «Nos traditions religieuses ont donné naissance à des cultures et à des civilisations, tout en défendant les droits et le respect de la dignité humaine et de la Terre», a mentionné Koovakad, invitant le monde religieux à «revenir à ces sources afin de nous renouveler spirituellement et de travailler ensemble pour le bien commun».

Promouvoir une éthique mondiale enracinée dans les traditions religieuses

De l’enracinement dans la réalité spirituelle, le cardinal a réfléchi sur la possibilité d’une éthique mondiale enracinée dans les traditions religieuses. Les principes seraient «simples mais profonds», selon lui, citant par exemple les dix commandements avec leur implication morale, en montrant que «lorsque les commandements sont réinterprétés dans le contexte actuel, ils peuvent inspirer des voies concrètes vers la paix et la réconciliation». «Tu ne tueras point» «donne la priorité à la non-violence et au caractère sacré de la vie». «Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain» «exprime le désir de vérité, de justice et de communication responsable». «Tu ne déroberas point » «rétablit les droits et combat l'injustice». «Honore ton père et ta mère» «exprime le respect de l'identité, de la culture et des générations». «Tu ne convoiteras point» «aborde la tentation de la cupidité et des luttes de pouvoir», a-t-il exposé.


Insuffler à la société terrestre les valeurs universelles des traditions religieuses

Poussant loin sa réflexion sur le fondement religieux de l’éthique, le cardinal a évoqué «La Cité de Dieu» de saint Augustin d'Hippone. Saint Augustin enseignait que dans l'histoire humaine, deux «cités» sont intimement liées: la Cité des hommes et la Cité de Dieu. «Celles-ci symbolisent des réalités spirituelles —deux orientations du cœur humain et, par conséquent, de la civilisation humaine», a indiqué le cardinal, expliquant qu’il était de leur devoir, en tant que chefs religieux, d'«insuffler à la société terrestre les valeurs universelles que l'on trouve dans nos traditions religieuses respectives afin de réorienter l'histoire vers un monde harmonieux». Il a rappelé la déclaration commune du Pape François du grand imam d'Al-Azhar, dans le Document sur la fraternité humaine, affirmant que «la foi conduit le croyant à voir dans l'autre un frère ou une sœur à soutenir et à aimer.» «Cette conviction devrait nous inspirer à transformer la sagesse religieuse en solidarité mondiale», estime-t-il.

«Nous ne sommes pas sauvés seuls»

«Nous sommes interconnectés et interdépendants. Nos religions respectives nous enseignent que nous formons une seule famille humaine, que nous sommes tous frères et sœurs», a poursuivi le cardinal, faisant référence à l'encyclique Fratelli tutti, concluant que «personne ne peut faire face seul aux problèmes brûlants d'aujourd'hui. La collaboration n'est pas facultative, elle est indispensable».

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17 septembre 2025, 14:45