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Le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, lors de la messe pour la Journée du migrant, le 27 septembre 2025. Le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, lors de la messe pour la Journée du migrant, le 27 septembre 2025.  

Cardinal Pizzaballa: des milliers «d'invisibles» en Terre Sainte, l'Église écoute leur voix

Lors de la messe célébrée à l'occasion de la Journée du migrant, le cardinal s'est arrêté sur les nombreux «Lazare» qui vivent en Terre Sainte et que l'Église est appelée à écouter en leur donnant un nom et un visage.

Vatican News

«La migration est désormais un phénomène mondial, présent partout, qui exige des réponses globales et que la communauté internationale ne peut ignorer». Dans son homélie de la messe célébrée dimanche 27 septembre au centre Notre Dame de Jérusalem à l'occasion de la Journée du migrant, le cardinal Pierbattista Pizzaballa a souligné que la construction de barrières n'est pas la solution, «car les barrières représentent la peur, effacent toute promesse d'avenir et mettent en évidence notre manque de vision». Il s'est ensuite attardé sur les familles qui vivent en Terre Sainte et qui, «en raison du conflit et de ses conséquences, sont contraintes de partir pour offrir de meilleures opportunités à leurs enfants».

Ne pas voir l'autre

La réflexion du patriarche s'est développée autour de deux expressions –«avoir un nom» et «voir»– tirées du passage de l'Évangile du dimanche. Dans ce passage, le pauvre a un nom, le riche n'en a pas. «Avoir un nom, affirme le cardinal Pizzaballa, signifie avoir une identité, une histoire, un visage, une famille, faire partie d'une communauté. En bref, cela signifie être là pour quelqu'un». Concernant le fait de «voir», il a souligné que l'on ne voit qu'avec le cœur, un cœur ouvert à l'autre. Souvent, ce n'est pas le cas et nous ne remarquons même pas ceux qui vivent à côté de nous. «Nous le voyons partout dans le monde, où des millions de personnes sont contraintes de quitter leur maison, leur famille et leur pays pour chercher de meilleures opportunités pour elles-mêmes et leurs proches, ou simplement pour soutenir les familles qui restent derrière».

Rester invisible

Il est souvent difficile de parler de migration, car en Terre Sainte, elle reste cachée, mais «il est évident pour quiconque prête attention à ce qui se passe autour de lui, a déclaré le cardinal, qu'elle concerne des milliers de personnes qui ne peuvent rester invisibles». Tout comme ne sont pas invisibles les blessures qui laissent une marque profonde, les expulsions avec des enfants et des jeunes contraints de quitter le lieu où ils ont grandi pour un pays inconnu. Il y a ensuite les personnes «sans aucune garantie juridique, qui risquent d'être contraintes de partir à tout moment, sans moyens et sans possibilité d'en obtenir, contraintes –comme Lazare dans l'Évangile– à vivre de miettes».

Les horreurs du conflit

Dans la liste douloureuse dressée par le cardinal Pizzaballa figurent les personnes qui vivent dans des conditions de travail humiliantes, et en particulier les nombreux enfants qui n'ont pas la possibilité de vivre comme les autres familles, contraints de partir pour un pays étranger et pas nécessairement ami. «Je pense, a-t-il déclaré, à ceux qui, au cours des deux dernières années, ont tragiquement souffert des horreurs du conflit, tués dans cette guerre: le 7 octobre dans les kibboutz, ces derniers mois dans le nord d'Israël sous les roquettes provenant du Liban et récemment à Tel-Aviv pendant la guerre avec l'Iran».

Le rôle de l'Église

Ce sont des personnes invisibles, sans nom, qui font «partie de la vie de cette Terre Sainte, contribuant à son développement social et économique et partageant la même réalité de violence, parfois jusqu'à la mort». En cela, le rôle de l'Église est clair: écouter leurs voix et leur donner un nom. «Telle est notre mission: redonner dignité et identité à des personnes que beaucoup préféreraient ne pas voir ni rencontrer, mais qui existent, sont réelles et attendent notre réponse. Car c'est le Seigneur lui-même, à travers vous, qui frappe à notre porte, tourne son regard vers nous et interpelle notre conscience. Nous ne pouvons l'ignorer. Nous ne pouvons rester silencieux». Enfin, le patriarche a remercié les Israéliens «qui travaillent pour aider et soutenir les droits des nombreux Lazare qui vivent ici, ainsi que ceux qui les accueillent respectueusement dans leurs maisons pour travailler, en les traitant avec dignité».

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29 septembre 2025, 15:53