L’appel du clergé sénégalais à la consolidation de la paix et de la justice
Françoise Niamien – Cité du Vatican
«Rejetons la violence et privilégions le dialogue. Respectons la diversité religieuse et culturelle. Participons activement à la construction nationale»: tel est l’appel de l’Union du clergé sénégalais, lancé à tout le peuple sénégalais. L’UCS les exhorte «à contribuer généreusement et sans relâche au développement durable en luttant sans répit contre toute discrimination».
Pour la consolidation de la justice et de la paix
Dans la déclaration qui a sanctionné sa 47e Assemblée générale, le clergé sénégalais s’est particulièrement adressé à l’État sénégalais, aux citoyens et aux fidèles chrétiens. Ainsi, l’État sénégalais doit, à ses yeux, «poursuivre la consolidation des initiatives de paix et de justice sociale tout en travaillant à maintenir les réformes visant à restaurer la souveraineté économique du pays». L’Union appelle donc les autorités étatiques à promouvoir et à garantir les libertés individuelles et fondamentales, et à encourager les initiatives de développement socio-économique. «Nous appelons l’État à promouvoir le respect des droits humains et à renforcer les mécanismes de protection», a déclaré l’UCS qui invite, en outre, les autorités à élaborer «un plan national d’urgence contre les inondations récurrentes».
Alors que des manifestations de société civile et de militants politiques ont eu lieu ces dernières semaines à Dakar, pour dénoncer des dérives autoritaires, le clergé sénégalais a également manifesté sa «solidarité fraternelle pour toutes les personnes victimes d'injustices portant gravement atteinte aux libertés individuelles et fondamentales». «Ces violations interpellent notre conscience de pasteurs», assurent les membres de l’UCS.
Les prêtres sénégalais ont invité leurs concitoyens à jouer pleinement leur rôle dans la construction d'un Sénégal nouveau. Ils les ont appelés à se «départir de la violence sous toutes ses formes» et à favoriser des débats constructifs en «dépolitisant l'espace public». L’UCS demande à tous les Sénégalais de s’engager dans la promotion d’une civilisation de l'amour enracinée dans les valeurs de solidarité et de dialogue.
Dans ce sens, les fidèles chrétiens, au-delà de leur participation au processus d’autonomisation économique des différentes églises locales, ont invité à prier pour la paix dans leur pays et dans la sous-région, et à promouvoir une éducation de non-violence dans les foyers. L’UCS les exhorte également à s’engager dans la conversion relationnelle et dans le dialogue. «Continuons, tous ensemble, de cultiver l'esprit de “teranga” qui fait notre fierté», insiste l’Union.
Pour une Église locale plus synodale et dynamique
La 47e assemblée avait pour thème «pour une Église synodale et autonome au service de la justice et de la paix au Sénégal». Cinq jours d’échange et de contributions d’évêques, de prêtres, de religieux et de laïcs ont éclairé le clergé du Sénégal sur les enjeux de la synodalité, de l'autonomie financière et liturgique, ainsi que de la justice et de la paix dans le contexte sénégalais; des axes qui nécessitent une attention pastorale selon L’UCS.
En tant que marche d’ensemble de tous les membres toute l’Église avec le Christ, ce clergé estime que le contexte africain, enraciné dans les valeurs du vivre-ensemble, constitue un tremplin pour le déploiement de la synodalité. De ce fait, «l'Afrique présente de nombreux atouts: sens de la famille, solidarité, fraternité». Toutefois, les prêtres sénégalais font remarquer «des limites dans la manière de vivre la synodalité avec le risque d'en faire une notion simpliste, une promotion de façade qui se limite à des slogans, un manque de dynamiques organisationnelles solides et de conversion authentique».
Pour ce qui est de l’autonomie, l’UCS note qu’«il demeure urgent de travailler à l'autonomie financière et liturgique au niveau de l'Église locale», face à la pauvreté et à la raréfaction des financements extérieurs. Au plan liturgique, tout en se félicitant du travail de la Commission nationale de liturgie et du vade-mecum qui guide les célébrations eucharistiques, elle regrette qu’«une méconnaissance des normes liturgiques a souvent conduit à des abus lors des célébrations».
En ce qui concerne Justice et Paix, le 3e axe de ses travaux, l’union du clergé sénégalais a déploré «un manque de structures et d'initiatives concrètes de promotion de justice et de paix dans notre Église locale». De ce constat, cela impacte négativement la vie des commissions Justice et Paix paroissiales et diocésaine. À cela, s’ajoute le déphasage des structures par rapport au système normatif financier et comptable du pays, regrette-elle.
Au terme de son assemblée, l’UCS s'est s’engagée à incarner la synodalité comme style ecclésial de communion en favorisant l'écoute de tout le peuple, la collaboration et le dialogue communautaire. Elle a également comme résolution de travailler au renforcement d’une Église locale plus synodale et dynamique.
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