Recherche

Lors du jubilé des migrants et du monde missionnaire, le 5 octobre 2025. Lors du jubilé des migrants et du monde missionnaire, le 5 octobre 2025.  (@VATICAN MEDIA)

Jubilé du monde missionnaire: la célébration du don de soi

Les missionnaires d’une centaine de pays étaient à Rome pour leur jubilé du 4 au 5 octobre. Restés sur leurs terres de mission en Afrique, les autres missionnaires n’étaient pas moins connectés à cet événement. C’est le cas du père Antonio Perretta et de la sœur Osvalda Casula de la Communauté missionnaire de Villaregia qui ont partagé leur joie d’être des envoyés du Christ dans le monde.

Françoise Niamien- Cité du Vatican

À Maputo, la capitale du Mozambique où il est en mission depuis 2013, le cœur et les oreilles du père Antonio Perretta étaient connectés, dimanche 5 octobre, à la place Saint Pierre de Rome, où le Pape Léon XIV présidait la messe solennelle du Jubilé du monde missionnaire et des migrants, en présence de fidèles et de milliers de missionnaires laïcs et religieux venus du monde entier. Les autres, restés dans leurs lieux de missions, étaient en communion spirituelle avec eux.

«Cette année jubilaire est l’occasion de renouveler ma joie et ma fidélité au Christ», confie le missionnaire italien qui s’est réjoui de la célébration de cet événement jubilaire consacré aux missionnaires. «Elle me permet de redécouvrir la beauté de mon appel et l'espérance de la rencontre avec Jésus, Lui qui refait nos forces tous les jours pour continuer la mission». Membre de la Communauté missionnaire de Villaregia, ce prêtre italien totalise 33 ans de vie communautaire, dont 19 ans en tant que missionnaire en Afrique. Après 7 ans passés en Côte d’Ivoire, le père Perretta est actuellement en mission dans la capitale mozambicaine où il assure les charges de directeur national de la pastorale des prisons.

Le père Antonio Perretta avec  des fidèles à Maputo au Mozambique
Le père Antonio Perretta avec des fidèles à Maputo au Mozambique

«Être missionnaire, c’est s’offrir»

La Communauté missionnaire de Villaregia a été fondée en 1981, et fait partie des centaines de Communautés missionnaires en service sur le continent africain. Installés en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Mozambique et en Éthiopie, les missionnaires de Villaregia ont pour vocation d'être une «Communauté pour la mission» et de «vivre la mission en étant communauté». Aussi, d’être au service de la mission ad gentes, c'est-à-dire vers les peuples, pour annoncer l'Évangile et le Christ, et témoigner de l'amour fraternel, du développement humain intégral, et de la construction d'une société plus solidaire et fraternelle.

Pour le prêtre italien, «être missionnaire est un don de soi, c’est s’offrir à Dieu pour les autres (…), un appel du Seigneur auquel nous devons répondre. Aucune personne ne peut vivre une mission, si elle ne se donne pas à soi-même». «Notre mission est un appel à tout offrir de nous-même au service de l’Évangile: notre esprit, notre vie, nos forces, notre capacité, notre intelligence. C’est également se faire charité, partage, aide, amour» a-t-il expliqué. Mais cette mission à travers le monde, n’est pas sans risque pour ces religieux et laïcs. En 2024, huit prêtres et cinq laïcs ont perdu la vie de manière violente alors qu’ils travaillaient pour diverses œuvres pastorales, selon le dernier rapport annuel de l’Agence Fides.

À l’occasion de leur jubilé, le père Perretta a eu une pensée pour tous les missionnaires assassinés à travers le monde. «La mission est belle, même si elle est aussi un sacrifice», souligne-t-il. «Quand on se donne à Dieu, nos vies ne nous appartiennent plus, elles appartiennent à Dieu qui peut nous demander le martyr du sang: le grand témoignage du don de soi jusqu’au sang».

Courage et Espérance

Conscient de ces risques, il exhorte ses confrères à continuer dans l’espérance et la joie d’être au Christ. «Avec le Christ, notre victoire est assurée, que nous survivions à notre mission ou que nous y perdions la vie. Courage ! l’Église a besoin de nous», conclut le missionnaire italien.

Entretien avec le père Antonio Perretta, membre de la Communauté missionnaire de Villaregia en mission à Maputo au Mozambique

Être une semence de vie

«Mourir en mission pour le Christ est un témoignage de foi», soutient la sœur Osvalda Casula, religieuse italienne, qui prie pour que «la vie de tous les missionnaires tués à travers le monde soit une semence de vie afin que l’Évangile du Christ se répande dans le monde entier».
Sœur Casula est également membre de la Communauté missionnaire de Villaregia, mais en service en Côte d’Ivoire. La Communauté italienne est arrivée dans ce pays d’Afrique de l’ouest en 1991, où elle est en charge de la paroisse Saint Laurent de Kouté, dans le diocèse de Yopougon. «En 26 ans de vie communautaire, j’ai la grâce de vivre une quinzaine d’année en tant que missionnaire en Côte d’Ivoire», se réjouit la missionnaire.

La proximité ma joie d’être missionnaire

Pour cette religieuse, le fondement de sa joie d’être missionnaire est avant tout la proximité avec les personnes. «C'est une joie simple, mais profonde, qui naît quand je me rends disponible pour l'autre. C'est aussi une grande joie pour moi d'entrer dans leur vie avec respect, en me laissant toucher par leur histoire, par leur combat quotidien», explique-t-elle.

Dans cette proximité, sœur Casula dit découvrir «l'humanité la plus belle qui est souvent marquée par la souffrance», mais «également par une grande résilience qui caractérise le peuple ivoirien». En 15 années de vie missionnaire à Yopougon, la missionaire italienne reste profondément marquée par son rôle d’aumônier de la pastorale sociale de sa paroisse. «À travers cette charge paroissiale, j'ai découvert un autre aspect très important de la mission: la proximité sans distinction. Jésus nous a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle, particulièrement aux pauvres. En tant que missionnaire, il est important de me faire proche de ceux qui souffrent, des exclus», se félicite-t-elle. À ses yeux, c’est une belle expérience de travailler avec des laïcs en étant au service des plus vulnérables à travers des actions menées avec la Caritas paroissiale, par le groupe d’alphabétisation, aussi la visite aux malades et aux détenus.

Sœur Osvalda Casula visitant des malades
Sœur Osvalda Casula visitant des malades

Être des témoins de la conversion

De ses visites aux détenues au Pôle pénitentiaire d’Abidjan, PPA, la missionnaire garde le souvenir des rencontres et des partages avec des femmes détenues «souvent rejetées et oubliées par leurs familles, mais profondément humaines et aussi avec une grande foi». «Derrière les murs de nos prisons, il y a des cœurs qui ont soif de conversion, qui cherchent la liberté, la paix, le pardon, une deuxième chance», assure-t-elle.

Elle en veut pour preuve l’exemple d’une jeune fille avec une histoire vraiment dramatique, mais qui avait dans le cœur le désir de demander pardon et de se racheter. Après son baptême en prison, rapporte la religieuse qui l’a suivie, elle a déclaré: «Merci Seigneur. J'ai appris que je suis aimée, que je compte aux yeux de Dieu. Et j'ai appris aussi à aimer, même dans ce lieu de ténèbres. Par sa miséricorde, je peux être une personne nouvelle et je peux espérer un futur meilleur». «Être missionnaire du Christ, c’est aussi cela: être cette source de joie et de conversion pour les autres et apporter notre pierre à l’édification d’une société de valeur basée sur l’Évangile», s'est encore réjouie la religieuse italienne.

En ce mois d’octobre dédié à la mission, elle a une pensée et un appel à tous les missionnaires à travers le monde: «par notre engagement, soyons des hommes et des femmes porteurs d'espérance pour tous les peuples».

Entretien avec sœur Osvalda Casula de la Communauté missionnaire de Villaregia en mission à la paroisse saint Laurent de Yopougon Kouté en Côte d'Ivoire

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

06 octobre 2025, 17:53