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Madagascar: la paix et le pardon sont la seule issue à la crise, estime le père Séraphin Rafanomezantsoa

Alors que la tension politique s’intensifie dans la capitale malgache, le père Séraphin Rafanomezantsoa, secrétaire général de la Conférence épiscopale de Madagascar, appelle au calme et à la prière. Pour lui, «seule une écoute mutuelle et sincère permettra de sortir de cette crise qui s’enracine dans l’histoire du pays».

Jean-Paul Kamba, SJ – Cité du Vatican

La crise politique à Madagascar a franchi un nouveau cap. Des manifestants qui ne décolèrent pas, ont en effet pris d’assaut la place du 13 Mai, un lieu symbolique des mobilisations citoyennes. «La situation est très compliquée actuellement. On ne sait plus vraiment où on va, les déclarations se multiplient, et la confusion règne», confie aux médias du Vatican, le père Séraphin Rafanomezantsoa. Fermes, Les manifestants réclament la démission du président, dont le discours, attendu ce lundi 13 octobre dans la soirée, reste incertain après son exfiltration du pays. «Il y a beaucoup de rumeurs sur les réseaux sociaux», explique-t-il en soulignant que «personne ne sait réellement où se trouve le président. Nous manquons de sources fiables».

Une crise enracinée dans le temps

Pour le père Rafanomezantsoa, la crise actuelle ne date pas d’hier: «Cela fait des longues années que les tensions s’accumulent. C’est peut-être le fruit d’un manque d’écoute mutuelle entre les dirigeants et les citoyens. Des problèmes non résolus se sont empilés, jusqu’à cette explosion sociale que nous vivons aujourd’hui».

Prier pour la paix

Face à cette instabilité, l’Église catholique prône la retenue. «Les évêques ont invité tous les fidèles à prier pour la paix», rappelle le père Rafanomezantsoa qui renchérit: «nous faisons appel à la non-violence et demandons aux forces de l’ordre de cesser tout recours à la violence et aux arrestations arbitraires. Notre réponse est avant tout spirituelle: il faut que l’amour prévale et que la haine n’ait aucune place dans le cœur de chacun».

Dans un contexte marqué par la colère et la lassitude, l’Église entend jouer son rôle de repère moral. L’esprit de vengeance est encore présent, admet-il, tout en faisant remarquer que «la paix ne viendra pas du ressentiment. Il faut du temps pour apaiser les cœurs. L’Église croit que c’est dans le Christ que nous pouvons retrouver la vraie paix».

Laisser de côté la haine et construire l’avenir ensemble

Pour le père Rafanomezantsoa, les chrétiens ne sont pas en dehors du tumulte social: «Ils font partie des manifestants, et sont eux aussi des citoyens». L’Église malgache invite les chrétiens et toute la population «à laisser de côté la haine et à regarder la situation du pays avec objectivité, pour construire l’avenir ensemble». Malgré la gravité de la crise, il croit à un renouveau possible: «Oui, tout est possible. Mais il faudra encore du temps. Se faire écouter est difficile aujourd’hui, mais difficile ne veut pas dire impossible».

Le chemin vers l’espérance

Le secrétaire général de la Conférence épiscopale de Madagascar conclut par un appel à la paix et au sens de l’écoute. «Laissez de côté la vengeance et la haine. Il y a des blessés, des morts, … Mais la vengeance ne résout rien. Le seul chemin vers l’espérance, c’est la paix et surtout le pardon», exhorte-t-il.

Entretien avec le Père Séraphin Rafanomezantsoa, secrétaire général de la Conférence épiscopale de Madagascar

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13 octobre 2025, 13:55