Photo des dirrigeants africains et eruopéens présents au sommet UA -UE Photo des dirrigeants africains et eruopéens présents au sommet UA -UE   (AFP or licensors)

25 ans de relations UA - UE, des efforts sont encore à fournir pour un vrai partenariat

Les dirigeants africains et européens se sont réunis à Luanda, la capitale de l’Angola, du lundi 24 au mardi 25 novembre 2025, pour discuter des questions notamment de commerce, de migration et des minerais. 7ème rencontre du genre, ce sommet a marqué les 25 ans des relations entre l'UA et l'UE. Toutefois, selon le Père Louison Emerick, Chargé de liaison du SCEAM auprès de l’Union Africaine, on est loin d’un véritable partenariat gagnant-gagnant entre les deux continents.

Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

80 chefs d’états et de gouvernements africains et européens avaient répondu présent à la rencontre politique de haut niveau censée renforcer le partenariat entre les deux blocs continentaux. C’est un fait, même si le continent africain est devenu ou redevenu un nouvel espace de compétition entre Américains, Chinois et Russes, l’Europe reste le principal partenaire commercial de l’Afrique, avec plus de 40% de l’investissement sur le continent, mais aussi son voisin géographique le plus proche. Néanmoins, selon plusieurs observateurs, comme le Père Louison Emerick Bissila Mbila, Chargé de liaison du Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar auprès de l’Union Africaine, «beaucoup de promesses ont été faites mais peu de choses réalisées». 


Le multilatéralisme comme nouvelle voie de coopération entre l’UA et l’UE

Le père Louison reconnait toutefois la valeur de cette coopération, qu’il qualifie de «pont». Il admet que le partenariat entre les deux blocs continentaux «a permis de faire avancer pas mal de choses en matière d’infrastructures, de santé, d'éducation, mais aussi et surtout au niveau de la sécurité», rappelant que «l'Union européenne finance beaucoup d'opérations de maintien de la paix en Afrique» et donc que «sans l'Union européenne, il serait très difficile pour l'Union africaine de pouvoir appliquer sa politique».

Le prêtre fustige cependant la persistance d’une «approche un peu paternaliste» dans les échanges bilatéraux entre les deux blocs continentaux. Selon lui, «c'est l'Union européenne qui a toujours dit où il faut aller, les autres ne faisant que suivre». Il illustre cela par la déclaration finale de ce septième sommet qui «semble plutôt dire aux Africains dans quelle direction aller (…) les forcer même à accepter» certaines propositions, concernant notamment le rapatriement des migrants vers leurs pays d’origine. Le représentant du SCEAM auprès de l’Union Africaine, souhaite ainsi qu’«un véritable multilatéralisme soit mis en place, où les Africains décident, au cas par cas, quel axe deviendrait central ou pas, et avec quel partenaire».

Le Père Louison Emerick, Chargé de liaison du SCEAM auprès de l’Union Africaine
Le Père Louison Emerick, Chargé de liaison du SCEAM auprès de l’Union Africaine

La réparation, seule voie pour la normalisation des rapports entre les deux continents

Le Père Louison n’est pas sceptique sur l’avenir de la marche commune de deux continents. Bien au contraire, il envisage une amélioration des rapports, par un redressement des idées longtemps conçues, mais aussi une réparation des tords commis les uns à l’égard des autres. C’est à juste tître, affirme-t-il que «l'Union Africaine a pris pour thème de l'année 2025: la justice pour les Africains et les personnes d'ascendance africaine par le biais des réparations».

L’ecclésiastique regrette que cette question n’ait pas figuré parmi les points éminents du sommet de Luanda. Selon lui, la question de l’esclavage et de la colonisation ne devrait pas «être regardée comme une affaire du passé, alors que persiste le traumatisme transgénérationnel». Il associe à cela la nouvelle forme d’ «emprisonnement de l’Afrique dans des dettes insoutenables et impayables». S’il n’y a pas d’engagement concret allant dans ce sens, dit-il, «il n’y aura pas de véritable partenariat entre l’Afrique et l’Europe, car le partenariat repose sur la vérité».


Nécessité d’écouter les acteurs crédibles pour répondre aux urgences de l’Afrique

Face à cette situation, et conformément à l’esprit de la synodalité, l’attitude de l’Eglise africaine est tout d’abord d’encourager le dialogue, affirme le père Louison. Il souligne ainsi la nécessité pour les partenaires, d’écouter «les acteurs crédibles présents sur le terrain». «L'Union Européenne ne doit pas se limiter à écouter le chef d'État et de gouvernement qui, pour certains, sont complices du malheur dans lequel nous sommes tenus», poursuit-il, soulignant la main tendue de l’Eglise qui, «quand bien même elle représente 1 % de la population dans certains pays, est l’organisation la plus engagée, de façon honnête, en matière d'éducation et de santé sur le continent».

Enfin, l'Église réaffirme son devoir prophétique de «dénoncer tous les méfaits et d’illuminer les consciences des Africains sur les causes de leurs souffrance». Cela implique en certains cas, dit le Père Louison, de «montrer que ceux qui sont en train de prêcher pour votre prospérité, en sont en réalité les coupables ou complices». 

Pour suivre l'intégralité de l'entretien avec le père Louison

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27 novembre 2025, 10:40