Recherche

Evêques de Côte d'Ivoire - Photo d'illustration Evêques de Côte d'Ivoire - Photo d'illustration 

Côte d’Ivoire: les évêques appellent les dirigeants à redonner espoir au peuple

À l’occasion de la 29e Journée nationale de la paix, célébrée dans le pays chaque 15 novembre, les évêques de Côte d’Ivoire ont réitéré leur plaidoyer sur les problèmes liés aux élections. S’attelant sur la situation socio-politique que traverse leur pays, au lendemain de l’élection présidentielle, ils ont appelé leurs dirigeants à «poser des actes forts pour dissiper les sombres nuages du pessimisme qui planent au-dessus du pays».

Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

Les évêques construisent leur message autour du thème choisi par le Pape Léon XIV pour la prochaine journée mondiale de la paix: «la paix soit avec vous tous: vers une paix désarmée et désarmant». Ce thème «si important et actuel», selon les évêques, «invite à rejeter la logique de la violence et de la guerre, pour accueillir une paix véritable, enracinée dans l’amour et la justice». «Il ne suffit pas d’invoquer la paix; il nous faut l’incarner chaque jour dans un style de vie qui rejette toute forme de violence », écrivent-ils, appelant leurs concitoyens, de façon particulière les responsables politiques et citoyens, à «la construction, non seulement du royaume de Dieu, mais aussi d’un avenir humain et pacifique».


Abandonner la logique de la guerre sous toutes ses formes

Les évêques rappellent tout d’abord qu’au-delà des efforts et des initiatives politiques, la paix véritable est avant tout «une grâce que Dieu offre à ceux qui ouvrent leur cœur à son amour». Ainsi invitent-ils leurs compatriotes à «ouvrir leur cœur pour l’accueillir, la faire grandir et la partager», expliquant que cela implique un travail sur soi-même, «un travail intérieur qui déracine l’orgueil et apaise la colère», exigeant de «maîtriser sa langue, d’éviter d’attiser les tensions et d’entretenir la division». C’est de cette façon, disent les prélats que «nous pourrions rétablir l’espérance déçue, guérir les blessures du passé et semer la confiance dans nos cœurs». «Il faut abandonner la logique de la violence et de la guerre, sous toutes leurs différentes formes», insistent les prélats, rappelant que «la guerre n’est jamais le moyen de la paix», mais «son échec».

Quand la loi fondamentale devient un facteur de division

Poursuivant, les évêques s’attèlent sur la situation socio-politique que traverse leur pays, au lendemain de l’élection présidentielle qu’ils disent avoir espéré, «pour une fois, juste, transparente, inclusive et apaisée», mais qui, observent-ils, «a instauré un climat préoccupant». Cette situation, disent-ils, résulte d’une série d’événements ayant opposé le pouvoir et l’opposition, notamment autour de l’interprétation de la Constitution. Malgré le grand nombre d’éminents juriste dont notre pays disposent, s’interrogent-ils, «comment comprendre que l’interprétation de notre loi fondamentale, symbole de notre unité nationale, puisse devenir un facteur de division?»


Quand on ne veut écouter ni l’histoire ni l’avis des observateurs

Aussi, les évêques s’indignent du fait que cette situation soit répétitive. Depuis plus de trois décennies, rappellent-ils, «notre pays est particulièrement secoué par de vives tensions et affrontements récurrents à chaque élection présidentielle». Ils regrettent que toutes les interpellations qu’ils ont formulées à travers leurs différents messages et lettres pastorales «ne trouvent pas encore d’échos conséquents de la part des personnes concernées». De façon particulière, ils font référence à leur dernière lettre pastorale, rendue publique le 29 juillet 2025, faisant «un plaidoyer auprès du pouvoir, des institutions en charge des élections et des partis politiques sur les problèmes liés aux élections». Ils rappellent aussi les multiples appels lancés et recommandations formulés, dans «l’espoir d’obtenir une élection juste, transparente, inclusive et apaisée», à leur dérision.

Le rôle prophétique de l’Église est incontournable

De plus, les évêques s’offensent du fait que les dirigeants politiques invitent fréquemment les guides religieux à «prier pour la paix dans la Nation», appel auquel ils ont toujours répondu présent, «non par servilité, mais par devoir spirituel et par patriotisme», et qu’en retour les autorités étatiques, «invitées à engager des actes forts comme le dialogue, la réconciliation nationale, l’amnistie des citoyens emprisonnés ou privés de leurs droits civiques à cause de leurs opinions politiques», se refusent «ces gestes pourtant nécessaires à l’apaisement du climat social et à la constitution de la paix».  Face une telle situation, l’Église ivoirienne réaffirme sa mission prophétique: «celle d’annoncer la Parole de Dieu, Parole de vérité», en vertu de laquelle «elle ne peut et ne doit garder le silence face aux injustices et aux déséquilibres qui marquent la société», même si, note les évêques, «certains l’accusent, pour cela, de s’immiscer dans le domaine politique».


Poser des actes forts en faveur de la paix et de l’entente

Les évêques concluent leur message par une interpellation à la conscience de tous les hommes et femmes de bonne volonté à ce que «nul ne laisse l’ambition du pouvoir faire oublier la valeur sacrée et inviolable de la vie de l’homme», évoquant les images et témoignages des affrontements récemment survenus dans différents coins du pays, se disant choqués et attristés par «leurs violences inqualifiables et par les mort enregistrés». Ainsi appellent-ils les responsables politiques à «poser des actes forts pour dissiper les sombres nuages du pessimisme qui planent au-dessus du pays». «Nous appelons [donc] à un sursaut de conscience et à une action politiques empreinte d’humanité, de courage et de responsabilité, afin de redonner espoir à un peuple qui aspire simplement à vivre ensemble dans la dignité, la sécurité et la justice», écrivent les évêques.

De même, ils exhortent leurs concitoyens à «être des artisans de paix», en osant «poser des gestes de paix».

 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

22 novembre 2025, 17:28