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L'archevêque Visvaldas Kulbokas aux côtés des fidèles de Ternopil. L'archevêque Visvaldas Kulbokas aux côtés des fidèles de Ternopil.  

Les évêques catholiques d'Ukraine aux côtés des habitants de Ternopil après les bombardements

Dans une interview accordée aux médias du Vatican, le nonce apostolique en Ukraine, Mgr Visvaldas Kulbokas, évoque le pèlerinage des évêques catholiques du pays dans la ville de Ternopil, lourdement bombardée les 18 et 19 novembre, afin d'apporter du réconfort à la population touchée. «L'Église, souligne le nonce, est proche de ceux qui ont tout perdu».

Svitlana Dukhovych – Cité du Vatican

À l'occasion de la rencontre annuelle des évêques catholiques au sanctuaire marial de Zarvanytsia, situé dans la région de Ternopil, les évêques de rite latin et grec-catholique ont décidé de se rendre ce jeudi 27 novembre dans la ville frappée par un bombardement russe massif la semaine dernière, afin d'apporter du réconfort à la population touchée et de partager par la prière la douleur de ceux qui ont perdu des êtres chers. Le nonce apostolique en Ukraine, l'archevêque Visvaldas Kulbokas, qualifie l'initiative des évêques de véritable pèlerinage.

Mgr Kulbokas, pouvez-vous nous parler de cette initiative?

Nous demandons à tous ceux qui peuvent nous entendre d'intensifier leurs prières pour l'Ukraine. Ternopil se trouve à environ 800 kilomètres de la ligne de front, qui en réalité englobe presque tout le pays, sans distinction entre ceux qui se trouvent dans les tranchées et ceux qui vivent chez eux. C'est la particularité d'une guerre moderne. En tant qu'évêques, nous avons fait ce pèlerinage pour prier avec les familles des victimes, là même où elles ont trouvé la mort. Nous avons écouté les témoignages des blessés, certains gravement brûlés, d'autres complètement défigurés ou aveuglés. Nous avons embrassé les victimes et les survivants, et ce fut pour nous un véritable pèlerinage. Le mois dernier, dans toute l'Ukraine, nous avons beaucoup apprécié le fait que le Pape Léon XIV ait publié l'encyclique «Dilexi te» dans laquelle il souligne qu'en embrassant un pauvre, nous embrassons en fait le Seigneur, car le pauvre n'a plus rien ni personne à part Dieu. Et ici, lorsque, dans les lieux de douleur, nous embrassons ceux qui n'ont plus rien, ni logement, ni proches, ni parfois même leur santé, nous embrassons les plus pauvres parmi les pauvres. Tout le monde n'a pas la possibilité de faire un pèlerinage comme le nôtre, d'où mon invitation à nous soutenir par la prière. C'est ainsi que nous rendons l'Église forte, unie tant dans la joie – la joie dans le Seigneur – que dans la souffrance.

Comment ce pèlerinage des évêques ukrainiens a-t-il vu le jour?

Plusieurs évêques avaient exprimé ce souhait et le métropolite de l'archiéparchie greco-catholique de Ternopil, Teodor Martynyuk, a commencé à organiser cette visite. Une opération qui a également impliqué les autorités locales, car tous les lieux ne sont pas accessibles après les bombardements. Mais nous avons réussi à rencontrer les familles et ceux qui se rendent quotidiennement sur les lieux bombardés pour se souvenir des victimes par des prières et des gestes.

Parmi les personnes que vous avez rencontrées, y en a-t-il une qui vous a particulièrement marquée?

Il y avait une grand-mère qui tenait dans ses mains la photo de son petit-fils Rostyslav, mort dans l'attaque. Il devait avoir quinze ou seize ans. J'ai prié pour lui. À côté de sa grand-mère se trouvait son père, qui pleurait. On m'a dit que beaucoup sont morts non pas à cause de l'explosion du missile lui-même, mais à cause des flammes déclenchées par la dispersion du propergol des missiles qui s'est infiltré à l'intérieur des maisons. Il était environ 7h20 du matin et le feu a soudainement envahi les maisons. Nous avons rencontré des personnes qui nous ont raconté avoir vu leurs proches mourir dans les flammes. Certains ont heureusement survécu. L'un des évêques a parlé à un jeune homme nommé Bohdan, qui a raconté avoir survécu car au moment où l'immeuble s'est effondré, il se trouvait près du réfrigérateur, qui lui a laissé un espace pour se protéger et trouver un peu d'air pour respirer. Il a été retrouvé sous les décombres grâce à la minute de silence qui est observée chaque jour à neuf heures du matin en hommage aux victimes de la guerre. C'est grâce à ce silence que les sauveteurs ont pu entendre ses gémissements et ses appels à l'aide.

Les médias internationaux font état d'initiatives diplomatiques visant à mettre fin à la guerre, alors que les bombardements sur l'Ukraine s'intensifient. Que pensez-vous de cela?

Hier matin (mercredi), deux vagues d'attaques très intenses ont frappé la capitale, Kiev, avec l'utilisation conjointe de drones et de missiles. Au moins sept personnes sont mortes et des dizaines d'autres ont été blessées. Dans ce contexte, je me souviens des paroles de saint Jean-Paul II qui soulignait l'importance d'arriver au moins à un cessez-le-feu pour interrompre la spirale de violence déclenchée par la guerre. Il est toujours bon de donner aux responsables le temps et l'occasion de réfléchir à ce qui peut être fait. Donc, d'un certain point de vue, il est toujours utile de trouver une solution, même si elle n'est pas parfaite, mais qui mène à un cessez-le-feu. D'un autre côté, cependant, il est très important de garder à l'esprit que dans une guerre aussi violente, on ne peut parvenir à une solution si l'on ne s'attaque pas à la racine du problème. Je considère que deux choses sont essentielles: la première est d'aider les coupables à comprendre la gravité de leurs actes. La seconde concerne les paroles du Seigneur lorsqu'il dit: «Soyez miséricordieux», dans le sens «Soyez toujours ouverts à la conversion du pécheur, de l'agresseur». J'aimerais également ajouter que, comme l'a souvent dit le Pape François, la guerre est une invention du diable. Et donc, si c'est une invention du diable, comment la combattre? Avec la seule logique humaine, on ne peut pas la combattre, avec les seules forces humaines, on ne peut pas l'arrêter. Il faut la grâce du Seigneur. C'est pourquoi j'insiste: prions ensemble. Demandons cette grâce, ce don du Seigneur: qu'il nous donne la paix.

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27 novembre 2025, 18:48