À Goma, Sant'Egidio veut maintenir vive l'espérance
Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican
L'événement a réuni plus de 700 leaders religieux et représentants des mouvements citoyens de la ville et des environs. Évêques catholique, orthodoxe et anglican, représentant de l’entité islamique du Nord-Kivu et référant de l’Église du Christ au Congo, branche officielle de l’Église protestante en République démocratique du Congo, mais aussi les représentants des mouvements citoyens et notables de la ville, tous ont, tour à tour, pris la parole pour renouveler l’engagement commun pour la paix et le bien vivre ensemble, appelant à «la cohésion et au dialogue pour guérir -une fois pour toutes - les blessures de ces trois décennies de violence et d’agressivité».
Ne pas se résigner
Pour inaugurer cette journée, les 700 participants ont suivi en vidéo le message du Pape aux représentants des Églises chrétiennes et des grandes religions du monde, à l’occasion de la Rencontre internationale pour la paix qui s'est tenue à Rome, mardi 28 octobre 2025, et lors de laquelle Léon XIV invoquait le «courage d’oser la paix».
Faisant écho à ce message, la représentante de Sant’Egidio, Aline Minani, a souligné la nécessité pour les leaders religieux de continuer à susciter dans leurs communautés un élan d’espérance, face à la tentation de «résignation et de fuite en avant, face une situation qui se présente désormais comme une fatalité pour la population de Goma et de l’Est de la République démocratique du Congo en général». «Quand on a besoin de quelque chose, on ne se fatigue pas de la chercher», a martelé Aline Minani, rappelant que «la guerre ne dure jamais une éternité». Aussi a-t-elle rappelé la nécessité pour les représentants de l’opinion publique d’«aller à contrecourant du dégoût et du désespoir qui alimente, de temps à autre, l’imaginaire collectif».
Choisir la réconciliation, jamais la haine
Deux autres voix ont été entendues lors de ces assises, pour un témoignage personnel sur leur appréhension et leur vécu de la situation marquant leur milieu. Tout d’abord celle d’un enfant de l'École de la paix dédiée au bienheureux Bwanachui, une des victimes de la crise multidimensionnelle de l’Est de la République Démocratique du Congo et aujourd’hui modèle de la résistance et de l’intégrité dans les situations extrêmes pour les jeunes congolais. Ensuite celle d’une personne âgée, qui a connu des époques de tranquillité et de libre circulation et échange dans la région.
L’enfant qui a dû fuir son village pour venir se réfugier dans la ville n’a qu’une seule recommandation: «aimer tout le monde, comme le bienheureux Bwana Chui, pour pouvoir espérer une paix véritable et pérenne». Cette prescription fut également celle du «Mzee», qui se réfère en Kiswahili à une personne âgée et/ou sage, qui a recommandé de «Vivre en aimant, car c’est la vraie racine de la paix. L’amitié est plus forte que la division et la ségrégation. Il faut choisir la réconciliation, jamais la haine».
Témoigner la fraternité pour résister à la violence et la guerre
L’Est de la République démocratique du Congo, région étendue sur le Sud-Kivu, Nord Kivu et l’Ituri, est victime depuis plus de trente ans de conflits armés multiformes, très souvent alimentés par les pays voisins. Avec plus de 6 millions de morts et des millions de déplacées, selon les rapports des Nations unies, cette «unique guerre en morceaux» représente un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette situation, motivée par la course aux minerais et terres rares dont regorge la région, a causé des souffrances indicibles pouvant avoir des répercussions psychosociales, en instaurant notamment la méfiance au sein de la population et à l’égard des peuples voisins. Dans ce contexte, l’appel de la communauté Sant ‘Egidio – qui est aussi l’appel de l’Église locale, est de «rester unis dans l'aspiration à la paix: résister au mal de la violence et de la guerre par des sentiments et des paroles de fraternité, la prière et l'amitié, dans l'esprit d'Assise». «La paix est toujours possible et tout peut changer», insiste la représentante de Sant'Egidio Goma.
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