Une commission vérité et réconciliation annoncée au Soudan du Sud
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
«Il est important de lancer ce processus afin que notre peuple puisse connaître la vérité sur ce qui s'est passé pendant la guerre et l'utiliser comme base pour la consolidation de la paix, la réconciliation et la stabilité sociale» a expliqué Salva Kiir après avoir annoncé la mise en place de cette commission d’ici la fin du mois de janvier. Cette commission, dite « de vérité, réconciliation et de guérison » était prévue par l’accord de paix revitalisé signé le 12 septembre 2018 entre les différentes parties sud-soudanaises.
Un texte qui prévoit notamment la mise en place d’une autorité de compensation et de réparation, sous supervision internationale. Le président Kiir a appelé « tous les Sud-Soudanais à adhérer à la feuille de route concernant ce processus », rappelant combien cet accord de paix était crucial pour l’avenir et la stabilité du pays. Il s’est aussi félicité que le cessez-le feu dans le pays ait tenu jusqu’ici, notamment lors des fêtes de fin d’année.
«Les hommes armés inconnus qui avaient l'habitude de terroriser les citoyens ici à Juba appartiennent désormais au passé», a-t-il déclaré. «Quels que soient les défis à relever sur la voie de la mise en œuvre de l'accord de paix revitalisé, je vous assure cette année encore que je ne vous renverrai pas à la guerre» a assuré le chef de l'État sud-soudanais, qui a également annoncé dans son discours de vœux l'ouverture de plusieurs routes qui relient la capitale vers des régions enclavées.
«Je ne vous renverrai pas à la guerre»
Si l'accord de paix de 2018, a mis fin à une guerre civile de 6 ans entre Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, il n'a pas pour autant tout résolu. Les défis restent immenses dans un pays où la guerre a fait près de 400 000 morts et 4 millions de déplacés. La situation humanitaire est dramatique dans certaines régions du pays, très vulnérables aux dérèglements climatiques. Il y a quelques jours, la FAO s'est alarmée de la destruction de 37 000 tonnes de céréales dans les inondations qui ont frappé le pays ces derniers mois.
Sur un plan politique, l'annonce du président Kiir pourrait répondre aussi aux impatiences de la communauté internationales. Le 8 décembre dernier, l'ONU lançait en effet un avertissement aux responsables à Juba, déplorant la trop lente application du processus de paix dans le pays. «Les parties doivent donner au plus vite une impulsion nouvelle au processus et faire preuve d'une volonté politique continue et collective afin de finaliser certains points cruciaux de l'accord» avait déclaré Nicholas Haysom, l'envoyé spécial de l'ONU au Soudan du Sud.
Le Saint-Siège suit de très près la situation politique dans le pays. Il y a quelques jours, juste avant Noël, le chef de la diplomatie vaticane Mgr Paul Richard Ghallager s’était rendu à Juba pour rencontrer les principaux responsables politiques et religieux du pays. Une visite pour voir comment le Saint-Siège peut continuer à soutenir le processus de paix. Mgr Gallagher qui a confirmé qu’une « grande attente » d’une visite du Pape se faisait sentir dans le pays.
Le Pape François qui, dès 2017, aux côtés du primat anglican Justin Welby avait part de sa volonté de se rendre dans le plus jeune pays du monde. À de multiples reprises, le Souverain pontife a fait part de sa proximité avec les responsables sud-soudanais, les invitant notamment à une retraite spirituelle au Vatican afin de prier pour la paix dans le pays.
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