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De gauche à droite, Marie, Lilia, Olena. De gauche à droite, Marie, Lilia, Olena. 

Les femmes ukrainiennes, entre douleur et espoir de revoir fils et maris

Chaque jour, leur première et dernière pensée va à leurs proches, qui sont captifs ou portés disparus. C'est ce que vivent les femmes ukrainiennes qui ont récemment assisté à l'audience générale de Léon XIV au Vatican. Elles représentent différentes associations de familles de militaires et de civils disparus et captifs. Trois d'entre elles ont évoqué dans une interview accordée aux médias du Vatican leur douleur et l'importance de leur participation à cette audience.

Svitlana Dukhovych – Cité du Vatican

«Je le cherche tous les jours et j'espère le retrouver un jour». Marie est la mère de Hryhoriy, médecin militaire porté disparu au front en avril 2022. Elle fait partie de l'organisation non gouvernementale «Médecins militaires» qui rassemble les familles des professionnels de santé disparus ou faits prisonniers par l'armée russe. Marie a participé à l'audience générale du mercredi 17 septembre avec une délégation de douze femmes ukrainiennes, elles aussi représentantes d'ONG et d'associations de familles de personnes disparues et prisonnières, tant militaires que civiles. Le groupe, accompagné de l'ambassadeur ukrainien près le Saint-Siège, Andriy Yurash, a ensuite eu un bref entretien avec Léon XIV. «C'était la première fois que je voyais le Pape de si près, raconte Marie, et nous sommes toutes venues ici avec beaucoup d'espoir».

Les médecins prisonniers

Grâce à leurs efforts, elles ont réussi à ramener chez eux de nombreux médecins prisonniers. «Les médecins ne sont pas des combattants, ils essaient de sauver la vie des soldats blessés et, pour cette raison, ils meurent souvent eux aussi au front, explique-t-elle. Notre association recueille également des informations sur le nombre de médecins morts, prisonniers et disparus, ainsi que sur le nombre d'attaques contre les structures médicales en Ukraine». En juillet dernier, le ministère ukrainien de la Santé a indiqué que plus de 500 médecins avaient été tués depuis le début de la guerre. «Depuis son enfance, Hryhoriy rêvait de devenir médecin, poursuit Marie. À l'université, il a travaillé aux urgences et dans des centres de rééducation. Le premier jour de l'invasion, il s'est rendu au commissariat militaire en me disant: “Je ne peux pas rester les bras croisés. Je ne me cacherai pas”. Au début, il se trouvait à la frontière de la région de Soumy, puis il a été transféré à Bakhmout. Là, nous avons perdu contact avec lui. En août de cette année, il a eu 31 ans. J'espère le retrouver vivant, le ramener à la maison».

Léon XIV rencontrant les femmes ukrainiennes le 17 septembre
Léon XIV rencontrant les femmes ukrainiennes le 17 septembre   (@Vatican Media)

L'espoir de les retrouver

Lilia représente l'association «Condamnés mais pas oubliés» et est la mère de Volodymyr, prisonnier de guerre. «C’est un marin, raconte-t-elle, au début de la guerre, il était engagé dans la ville de Marioupol, il a été fait prisonnier en avril 2022 et l'est toujours. Et la Fédération de Russie l'a condamné». La condamnation des prisonniers de guerre, souligne Lilia, constitue une grave violation du droit international humanitaire, en particulier des Conventions de Genève. Depuis l'Italie, où elle vit en tant que réfugiée avec son plus jeune fils, elle tente d'aider les familles des prisonniers ukrainiens et de «porter ce problème à l'attention du monde entier, afin que tout le monde sache que nous ne sommes pas seulement des chiffres et des statistiques».

Le 25 septembre, Volodymyr fêtera ses 30 ans. Sa femme et sa fille l'attendent à la maison, mais elles n'ont aucun contact avec lui, la partie russe ne le permettant pas. Toutes les informations dont elles disposent ont été transmises par d'autres prisonniers de guerre qui sont revenus. «Nous attendons, confiantes. C'est pour cela que nous sommes venues voir le Pape. Nous avons l'espoir que Dieu nous écoute, que tôt ou tard justice sera faite et que nos enfants rentreront à la maison». Ce qui aide Lilia à ne pas sombrer dans le désespoir, c'est la conscience qu'elle se bat non seulement pour son fils, «mais pour tous, jusqu'au bout».

Une difficile épreuve de résilience

Le mari d'Olena, également présent à l'audience sur la place Saint-Pierre, est revenu de captivité il y a un an. Malgré cela, elle continue d'aider les familles qui attendent toujours leurs proches. La jeune femme représente l'Association des organisations civiles «Adamant», qui regroupe plusieurs groupes pour un total de plus de six mille personnes. «Lorsque j'ai ramené mon mari à la maison, raconte-t-elle, j'ai promis aux autres familles que je ne les abandonnerais pas. Je veux qu'elles ressentent la même joie que j'ai ressentie, qu'elles puissent retrouver leurs proches». Adamant offre un soutien aux militaires ukrainiens même après leur retour de captivité en Russie, les aidant à retrouver leur santé physique et mentale. «Ce que nous vivons est une épreuve de résilience très difficile, conclut Olena, nous sommes reconnaissants à tous ceux qui nous soutiennent. Il est important pour nous que les gens sachent que nous sommes en difficulté, nous ne voudrions jamais que quelqu'un vive la même expérience que nous».

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24 septembre 2025, 16:00