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Un Israélien lors de la commémoration du 7-Octobre à Tel Aviv. Un Israélien lors de la commémoration du 7-Octobre à Tel Aviv.  (SHIR TOREM)

Les blessures encore vives du 7-Octobre

Deux ans après le 7-Octobre, les victimes et leurs proches tentent tant bien que mal d’aller de l’avant. Au-delà des négociations politiques, faire la paix dans les cœurs est pour le moment difficile. Il faudra du temps, beaucoup de temps pour soigner les blessures et tenter de vivre pacifiquement les uns à côté des autres.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

La voix est encore chargée d’émotion. Deux ans après l’attaque du Hamas contre Israël et la mort de plus de 1 200 personnes, dont une grande majorité de civils, Ange Kalderon se souvient. Ce Français a perdu ce 7 octobre 2023 sa cousine, Carmela, 80 ans, et la petite-fille de cette dernière, Noïa, 12 ans, toutes deux égorgées par les hommes du Hamas. Ce même jour, son neveu, Ofer Kalderon, 53 ans, et ses deux fils, Sahar, 16 ans et Eretz, 12 ans, sont enlevés. Ils resteront aux mains des islamistes dans la bande de Gaza pendant plusieurs mois. Les deux adolescents furent libérés le 27 novembre 2023, leur père restant détenu jusqu’en janvier de cette année. «Des rescapés», comme les qualifie Ange, en référence aux victimes de la Shoah, de retour des camps nazis. «Ils disent que leur corps est aujourd’hui en Israël, mais que leur tête et leur esprit est encore un peu là-bas» confie-t-il.

Écoutez l'entretien avec Ange Kalderon

Le retour en Israël ne fut pas facile, évidemment, surtout pour les enfants qui apprirent ce qui était arrivé à leur grand-mère et à leur cousine, que leur père était encore en captivité et que le kibboutz dans lequel ils avaient grandi avait été détruit. Pendant un an, le plus jeune, Eretz, ne s’est pas rendu à l’école et depuis, il n’a pas pu retrouver ses anciens camarades de classe. «Le deuil n’est pas encore possible», explique Ange Kalderon, évoquant le contexte général, le conflit toujours en cours et les otages encore détenus. Se reconstruire dans ces conditions prend du temps.

Une paix difficile

Le traumatisme du 7-Octobre est donc encore très présent, non seulement chez les victimes et leurs proches, mais au sein de toute la société israélienne. Faire la paix, celle des cœurs, des personnes, pas celles des puissants, des accords politiques entre États, prendra ainsi beaucoup de temps, estime Ange Kalderon. Pour lui, ce sera possible si on écarte «les islamistes» comme il tient à définir les membres du Hamas, sinon, ce sera «ardu, difficile». Mettre de côté «le fanatisme religieux» est une condition sine qua non, insiste-t-il.

«Le Hamas est plus une organisation islamiste qu’une organisation de libération de la Palestine», affirme-t-il, avançant comme arguments la lutte contre le Fatah et la rivalité avec l’Autorité palestinienne. «Il ne vise que la propagation de l’islamisme, il ne faut pas l’oublier», continue-t-il. Or, regrette-t-il, le Hamas est parvenu à faire coïncider sa lutte pour l’islamisme avec la cause palestinienne, et surtout avec «la cause de Gaza», ce qui alimente l’antisémitisme, analyse-t-il. Or, «l’antisémitisme, c’est le précurseur de l’antichristianisme».

Écarter les islamistes

Ange critique «la naïveté» des Européens sur ce sujet, le ralliement d’une partie de la population ou des partis politiques au Hamas, et regardant au-delà même de la Terre Sainte, le peu d’écho rencontré par le sort des chrétiens d’Orient, en Syrie, en Irak, ou au Liban. Il souligne aussi le fait que le mouvement palestinien est parvenu à faire monter la haine des deux côtés, aussi bien chez les Palestiniens que chez les Israéliens, sans parler de l’antisémitisme partout dans le monde. «Il va falloir plusieurs générations pour trouver une solution», déclare-t-il, sans se faire d’illusion.

Malgré tout, après le 7-Octobre, ses plus belles rencontres, certaines mêmes «magnifiques», ont été celles avec des chrétiens avec qui il a noué des amitiés sincères et solides. «J’ai senti que je n’avais été compris que par ces gens-là», raconte-t-il, regrettant le peu d’empathie de la part des musulmans. «Pour nous juifs, la seule issue, les seules amitiés qui nous attendent, sont du côté des chrétiens». Ange se souvient alors encore avec beaucoup d’émotion de sa visite au Vatican, de sa rencontre personnelle avec le Pape François.

 

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08 octobre 2025, 11:07