Plénière générale de la COP30, samedi 22 novembre à Belém. Plénière générale de la COP30, samedi 22 novembre à Belém.   (AFP or licensors)

La COP30 s'est achevée sans accord sur la sortie des énergies fossiles

Si l’importance de la transition juste a été inscrite au cœur de l’action climatique, la COP30 a déçu plusieurs délégations, experts et société civile en matière de sortie des énergies fossiles, de financement de l’adaptation et de lutte contre la déforestation.

Alexandra Sirgant – Envoyée spéciale à Belém, Brésil

Elle devait être la COP de la vérité, de la mise en œuvre, des actions concrètes. La trentième Conférence des Nations unies sur le climat s’est finalement achevée samedi 22 novembre à Belém avec un accord consensuel, mais dépouillée d’engagements ambitieux. L’enjeu était pourtant de taille, dix ans après l’adoption de l’accord de Paris et près d’un an après le franchissement du seuil symbolique de +1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels.

Organisée aux portes de l’Amazonie, la COP30 avait pour ambition d'aboutir à un plan d’action concret pour mettre fin à la déforestation d’ici 2030. «Inverser la déforestation» était l’un des objectifs proclamés par Luiz Inácio Lula da Silva lors de son discours à l’ouverture de la COP le 10 novembre. Le président brésilien avait alors plaidé pour «une feuille de route permettant à l’humanité de surmonter, de manière juste et planifiée, sa dépendance aux combustibles fossiles». Ni l’un ni l’autre n'auront été obtenus après douze journées de négociations. Sans oublier la prolongation de 24 heures des discussions, en partie à cause de l’incendie qui s’est déclaré sur le site de la COP jeudi 20 novembre, triste métaphore d’une maison commune en feu.

La sortie des énergies fossiles au cœur des discussions, absente du texte finale

Faisant écho à l’engagement pris lors de la COP28 de Dubaï, une coalition de plus de 80 pays venant du Nord comme du Sud avait appelé à l’élaboration d’une feuille de route pour surmonter la dépendance aux énergies fossiles, responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre. Lors des derniers jours de négociations, la Colombie a mis sur la table une proposition, soutenue par 24 pays, pour une sortie plus concrète et plus juste. Mais celle-ci n’a pas trouvé sa place dans la dernière version de la déclaration commune baptisée «Mutirão», qui signifie «efforts collectifs» en langue amérindienne tupi-guarani.

«Pendant la COP28, il y eu un vrai élan pour cela, avec une forte pression de la part de nombreux pays qui ont obligé ceux qui résistent habituellement, comme l’Arabie Saoudite et la Russie, à accepter une sorte de décision sur les énergies fossiles» explique David Knecht, co-responsable du programme Justice climatique chez Action de Carême, une œuvre d'entraide catholique suisse. «Mais depuis 2023, ils ont fait tout leur possible pour que cela ne se répète pas, car ils voient [la sortie des énergies fossiles] comme une menace à leur intérêt national». Un blocus réussi, facilité également par la présence de plus de 1600 lobbystes, liés à l’industrie des énergies fossiles, recensés par l’ONG Kick Big Polluters Out (Expulsion des Gros Pollueurs).

«Le grand gagnant se trouve à Washington», analyse de son côté le professeur John Sweeney, climatologue émérite de l'université Maynooth en Irlande, dans une interview accordée à la section anglophone de Vatican News. Pour la première fois en trente ans d'histoire de la COP, la Maison-Blanche n'a pas envoyé de délégation officielle à Belém. Mais une réunion entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, quelques jours avant la plénière finale, semble avoir scellé le sort du texte final. 

Faute d’accord entre les 194 pays, la présidence brésilienne de la COP a annoncé le lancement de deux initiatives internationales: l’une pour accompagner la sortie des combustibles fossiles, l’autre pour mettre fin à la déforestation. Par ailleurs, la Colombie a confirmé la tenue de la première conférence internationale sur la sortie des énergies fossiles les 28 et 29 avril 2026 à Santa Marta, en partenariat avec les Pays-Bas.

Triplement du financement de l'adaptation, une victoire mesurée

L’accord prévoit le triplement du financement spécifiquement dédié à l’adaptation des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique d’ici 2035. Une victoire pour le groupement de pays africains, souligne David Knecht, mais dont les contours restent encore flous. «La qualité du financement n’est pas encore caractérisée, nous ne savons pas s’il s’agit de financement public, de prêt etc», explique le spécialiste climatique d’Action de Carême. À cela s’ajoute le manque de précision de l’année à partir de laquelle le triplement de la somme sera effectué: «Cela change tout si l’on prend comme base l'année 2025, où l'argent pour l'adaptation devrait être beaucoup moindre en raison de la sortie des engagements des États-Unis».

«L’absence de chiffres précis et l’horizon repoussé à 2035 laissent les pays les plus vulnérables sans perspective concrète pour faire face à l’intensification des impacts climatiques» déplore de son côté la Réseau Action Climat (RAC), qui regroupe des associations engagées dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Certaines avancées pour la justice climatique

«Cette COP n’est pas une année perdue», rassure pourtaint David Knecht. Certaines avancées ont été obtenues en matière de «transition juste», concept fortement soutenu par le Saint-Siège. Un mécanisme de transition juste, intitulé Belém Action Mechanism, a été adopté et vise à accompagner tous ceux qui travaillent dans les secteurs dépendants des hydrocarbures afin d'assurer que la transition vers une économie compatible avec le climat soit équitable. «Ce sont des éléments très importants qui permettent, dans le futur, de travailler avec ces mécanismes et d'accompagner les différentes communautés», explique le représentant d'Action de Carême. Il souligne également les pas en avant faits par le gouvernement brésilien dans la reconnaissance des territoires autochtones. «C’est très important car cela permet à ces peuples de vivre selon leur mode de vie, d’etre protégés, et cela se traduit automatiquement par une protection accrue des forêts contre la déforestation et les pressions de l'agrobusiness», souligne-t-il.

La prochaine édition se tiendra à Antalya, station balnéaire de la côte méditerranéenne turque. Dans un format inédit, Ankara présidera la COP et l’Australie dirigera les négociations. La COP32, en 2027, sera quant à elle organisée à Addis-Abeba en Éthiopie.

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26 novembre 2025, 16:57