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Des Palestiniens déplacés, dans un campement de tentes à Nuseirat, le 12 décembre 2025. Des Palestiniens déplacés, dans un campement de tentes à Nuseirat, le 12 décembre 2025. 

Le froid et la pluie tuent à Gaza

Au moins seize personnes sont mortes dans la bande de Gaza en raison de pluies diluviennes qui s’abattent depuis mercredi sur la Terre Sainte. Anton Asfar, le Secrétaire général de Caritas Jerusalem, nous raconte les tentes dépéries des Gazaouis prises dans la boue, le manque d’hygiène et la propagation de maladies. L’organisation a multiplié les points d’aide depuis le cessez-le-feu, mais il reste compliqué de faire parvenir du matériel médical dans l’enclave.

Marie Duhamel - Cité du Vatican

Ces dernières heures, treize maisons se sont écroulées en raison des pluies et vents violents liées à la tempête Byron. Six personnes ont trouvé la mort dans l’effondrement de leur logement à Bir al-Naja dans le nord de l’enclave. Quatre autres dans des incidents distincts de ce types. Les habitations en dur ont été rasées ou largement endommagées, et ainsi fragilisées, par les mois de bombardements depuis le début de la guerre. «La ville de Gaza était une zone urbanisée, partiellement développée avant la guerre. Aujourd’hui, après l'invasion et le cessez-le-feu, on peut dire que ce qui reste représente 50 % de ce qui existait précédemment», affirme le secrétaire de Caritas Jerusalem qui a des équipes sur le terrain.

Les intempéries aggravent les conditions de vie, en particulier pour les dizaines de milliers de familles qui vivent sous des bâches. «Ils vivent dans des tentes qui sont vraiment hors d'usage, en ruine. Elles ont été déplacées d'un endroit à l'autre», rapporte Anton Asfar. En cas d’inondation, plus rien ne reste au sec. On tente d’évacuer l’eau avec des bols. Trois enfants sont morts d’hypothermie ces dernières 24 heures.

Entretien avec Anton Asfar, le Secrétaire général de Caritas Jerusalem.

L’Organisation mondiale de la Santé rapporte que les conditions hivernales, combinées à une eau et un assainissement insuffisant, devraient entraîner une recrudescence des infections respiratoires aiguës. L’OMS rapporte que des milliers de familles sont actuellement «abritées dans des zones côtières de faibles altitude ou encombrées de débris, sans systèmes de drainage ni barrières de protection».

À Gaza-ville, «l'approvisionnement en eau potable n'est pas assuré correctement. C’est un problème majeur». Les réfugiés de la Sainte-Famille (paroisse latine de Gaza, ndlr) sont, comme les autres, touchés par le manque d’infrastructure. «Il y a dix jours le père Romanelli (curé de la Sainte-Famille) a été très malade à cause de la propagation des maladies due aux conditions d'hygiène. Les maladies se propagent et l’aide qui rentre est insuffisante», déplore Anton Asfar.

Le cessez-le-feu a permis d’assouplir partiellement les restrictions sur l’entrée de marchandises et d’aide humanitaire mais «il n’y a pas assez de tentes pour toute la population», ni de nourriture, alors que la famine se poursuit dans l’enclave. Entre juillet et septembre dernier, environ 38% des femmes enceintes examinées par l’Unicef et ses partenaires ont reçu un diagnostic de malnutrition aigues, ce qui a «des effets dévastateurs sur des milliers de nouveau-nés», alerte l’agence onusienne.

La pénurie de médicaments adaptés est également cruciale. «Nous avons tous du mal à acheminer des médicaments, des fournitures médicales et d'autres articles de santé à Gaza, et nos entrepôts manquent cruellement de tout», souligne le secrétaire général de Caritas Jerusalem, qui dans de nombreux points d’aide continue de distribuer ce qu’ils parviennent à acheminer. Ils espèrent l’ouverture de nouveaux couloirs humanitaires. Mercredi 10 décembre, après plus de deux mois de fermeture, Israël a rouvert le poste-frontière du pont Allenby, principal point de passage entre la Cisjordanie et la Jordanie, pour le transit de l’aide humanitaire à destination de Gaza.

En attendant les milliers de camions espérés, les gens essaient de survivre. «Mais, vous savez, après l'annonce de l'accord de cessez-le-feu, les gens ont également commencé à prendre conscience de leur propre réalité, et les bombardements continuent. Si vous vous tenez sur le toit de la Sainte-Famille, vous voyez les chars juste devant vous. Des éclats d'obus continuent de tomber dans l'enceinte de l'église. Je viens d'apprendre qu'une personne a été touchée par un petit éclat d'obus, comme une pierre, à la jambe. C'est quelque chose de mineur, mais cela continue de se produire. C'est pourquoi les gens sont toujours anxieux. Que se passera-t-il demain ?».

 

 

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12 décembre 2025, 19:40