Léon XIV: «Continuez à faire grandir la spiritualité de la fraternité à travers la culture»
Augustine Asta – Cité du Vatican
La troisième édition de la rencontre mondiale sur la fraternité humaine est un grand événement international, promu par les institutions du Saint-Siège et avec le soutien de nombreux sponsors institutionnels et privés. Les différents participants à cette rencontre d’envergure venus de nombreuses régions du monde, ont été donc reçus en audience ce vendredi 12 septembre par le Saint-Père.
La fraternité, unité et paix
La planète est marquée par les conflits et les divisions, et «vous êtes d'autant plus unis par un «non» fort et courageux à la guerre et par un «oui» à la paix et à la fraternité», s’est félicité Léon XIV, citant dans la foulée le Pape François dans son l’encyclique Evangelii gaudium, qui soutient qu’en effet, la guerre n'est pas la bonne voie pour sortir des conflits. «Supporter le conflit, le résoudre et le transformer en un maillon d'un nouveau processus», est la voie «la plus sage, la voie des forts», a estimé le Souverain pontife, qui trouve en la présence des participants à cette rencontre le témoignage «de cette sagesse qui unit les cultures et les religions», au-delà de «toutes nos différences».
La fraternité dans la Bible
S’appuyant sur le récit biblique, le Successeur de Pierre a souligné que la première relation fraternelle, celle entre Caïn et Abel, «fut immédiatement marquée par un conflit dramatique». Cependant, a-t-il relevé, aussi ancienne et répandue soit-elle, la violence de Caïn ne peut être tolérée comme «normale». Bien au contraire, la norme résonne dans la question divine adressée au coupable: «Où est ton frère?» (Genèse 4,9). Et c'est dans cette question que réside «notre vocation, la règle, le canon de la justice». Car Dieu ne se venge pas d'Abel sur Caïn, mais «lui pose une question qui accompagne tout le cours de l'histoire». Aujourd'hui plus que jamais, a poursuivi l’évêque de Rome «nous devons faire nôtre cette question comme principe de réconciliation». Reconnaître que l'autre personne est un «frère ou une sœur» signifie se libérer de l'illusion de croire que «nous sommes des individus isolés» ou de la logique qui consiste à nouer «des relations uniquement par intérêt personnel».
Pour le Pape, les grandes traditions spirituelles et la maturation de la pensée critique permettent d'aller au-delà des liens du sang ou ethniques, au-delà de ces liens de parenté qui ne reconnaissent que ceux qui sont similaires et rejettent ceux qui sont différents. C’est pourquoi il est donc nécessaire de noter que dans la Bible, «comme le révèle l'exégèse scientifique, ce sont les textes les plus récents et les plus mûrs qui racontent une fraternité qui transcende les frontières ethniques du peuple de Dieu et qui est fondée sur une humanité commune». Les récits de la création et les généalogies, a-t-il mis en garde, témoignent que «tous les peuples, même les ennemis, ont la même origine, et que la Terre, avec ses biens, est pour tous, et non pour quelques-uns seulement».
Redécouvrir le visage de l'autre, à travers la fraternité
«L'amitié sociale et la fraternité universelle exigent nécessairement la reconnaissance de la valeur de chaque personne humaine, toujours et partout», peut-on lire dans l'encyclique Fratelli tutti. Dans ce même sens, Léon XIV, a reconnu que «la fraternité est le nom le plus authentique de la proximité». Puisqu’elle signifie, a-t-il dit, «redécouvrir le visage de l'autre». Et «ceux qui croient reconnaissent le Mystère: l'image même de Dieu dans le visage du pauvre, du réfugié et même de l'adversaire», a ajouté le Pape.
Le Souverain pontife les a alors exhortés «à trouver des voies, locales et internationales, qui développent de nouvelles formes de charité sociale, d'alliances entre les savoirs et de solidarité entre les générations». Il faut que ce soient, a-t-il renchéri, «des parcours populaires, qui incluent également les pauvres, non pas comme destinataires d'aide, mais comme sujets de discernement et de parole». Léon XIV les encouragent aussi à poursuivre le travail de «semence silencieuse». Il peut en naître, a-t-il prévenu, un processus participatif sur l'humain et la fraternité, qui ne se limite pas à énumérer les droits, mais qui «inclut également des actions et des motivations concrètes qui nous rendent différents dans la vie de tous les jours».
Un événement artistique sur la place Saint-Pierre
Samedi soir 13 septembre, après le passage des participants de la Porte Sainte, un événement international intitulé "Grace for the World" sera organisé sur la place Saint-Pierre et retransmis en direct à la télévision. Sur scène se succéderont des témoins et des artistes, avec des performances musicales en direct d'Andrea Bocelli, Pharrell Williams avec la chorale gospel Voices of Fire, John Legend, la chorale du diocèse de Rome, dirigée par le maestro Marco Frisina, et une chorale internationale. Il y aura également un spectacle aérien de drones et de lumières avec des images inspirées de la chapelle Sixtine. Le Saint-Père a donc tenu à remercier ces artistes qui, «grâce à leur créativité», lanceront un message de paix et de fraternité au monde entier, depuis la «magnifique étreinte de la colonnade du Bernin».
Léon XIV a également exprimé sa gratitude aux éminents prix Nobel présents, «tant pour avoir rédigé la Déclaration sur la fraternité humaine du 10 juin 2023, que pour le témoignage qu'ils apportent dans les forums internationaux». «Continuez à faire grandir la spiritualité de la fraternité à travers la culture, les relations de travail, l'action diplomatique», a-t-il recommandé. Pour finir, le Saint-Père les a aussi invités à garder toujours dans leur cœur les paroles de Jésus dans l'Évangile de Jean: «Je vous donne un commandement nouveau: c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres».
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