Recherche

Jubilé de la Consolation: redonner l’espérance, en essuyant les larmes

Ce lundi 15 septembre, le Souverain pontife a présidé la veillée de prière en la basilique Saint-Pierre, organisée dans le cadre du Jubilé de la consolation, événement de l’Année sainte. Face à la souffrance collective des populations «écrasées par le poids de la violence, de la faim et de la guerre», la véritable consolation que «nous devons être capables de transmettre» est de montrer que la paix est possible et qu'elle «germe en chacun de nous », a déclaré Léon XIV.

Augustine Asta -Cité du Vatican

«Consolez, consolez mon peuple» (Is 40, 1). C’est autour de l'invitation du prophète Isaïe, qui «nous interpelle aujourd'hui de manière exigeante», que le Saint-Père a articulé son homélie délivrée à l’occasion de la veillée de prière marquant le Jubilé de la Consolation. Pour Léon XIV, cette invitation «nous appelle à partager la consolation de Dieu avec tant de frères et sœurs» qui vivent des situations de faiblesse, de tristesse et de douleur. C’est pourquoi, a-t-il dit, cette «Parole compatissante, incarnée en Christ, est le bon Samaritain dont nous parle l'Évangile», soulignant dans le même temps que «c'est Lui qui apaise nos blessures» et «qui prend soin de nous». Car, a-t-il poursuivi, «dans les moments sombres, même contre toute évidence, Dieu ne nous abandonne pas»; et c'est précisément dans «ces moments-là que nous sommes appelés plus que jamais à espérer en sa proximité de Sauveur qui ne nous abandonne jamais», a-t-il soutenu.

Le langage des larmes

Dans son homélie, le Pape a également souligné que les larmes sont un langage qui exprime les sentiments profonds d'un cœur blessé. Les larmes, a-t-il insisté, «sont un cri muet qui implore compassion et réconfort». Mais avant tout, «elles sont libération et purification des yeux, des sentiments, des pensées». Il ne faut donc pas «avoir honte de pleurer»; puisque c'est une façon d'exprimer «notre tristesse et notre besoin d'un monde nouveau»; a affirmé le Successeur de Pierre, qui a ajouté qu’il s’agit aussi d’un langage «qui parle de notre humanité faible et mise à l'épreuve», mais «appelée à la joie».

Lorsque la douleur survient, a poursuivi le Saint-Père, plusieurs interrogations sont inévitablement formulées: «Pourquoi tout ce mal? D'où vient-il? Pourquoi cela m'arrive-t-il à moi?». Dans ses Confessions, a rappelé le Pape, saint Augustin écrit: «Je cherchais l'origine du mal... quelle est sa racine, quelle est sa graine ?... Si Dieu, qui est bon, a créé toutes choses bonnes, alors d'où vient le mal?...». Il y a en effet, a expliqué Léon, des questions qui «nous replient sur nous-mêmes et nous divisent intérieurement et par rapport à la réalité» et des «pensées dont rien ne peut naître, si elles nous isolent et nous désespèrent, elles humilient aussi notre intelligence». Il est donc préférable, comme dans les Psaumes, a-t-il fait remarquer, que la «question soit une protestation, une plainte, une invocation de cette justice et de cette paix que Dieu nous a promises». «Jetons un pont vers le ciel, même lorsqu'il semble muet», a recommandé Léon XIV.  

“Dans l'Église, nous recherchons le ciel ouvert, qui est Jésus, le pont de Dieu vers nous. Il existe une consolation qui nous atteint alors, lorsque cette foi qui nous semble «vague et fluctuante» comme un bateau dans la tempête reste «solide et stable»”

L’espérance ne «déçoit pas»

«Là où il y a le mal, nous devons rechercher le réconfort et la consolation qui le vainquent et ne lui laissent aucun répit», a également exhorté l’évêque de Rome. Cela signifie au sein de l'Église: «Jamais seuls», a-t-il continué. «Poser sa tête sur une épaule qui vous console, qui pleure avec vous et vous donne de la force, est un remède dont personne ne peut se priver», a fait savoir le Successeur de Pierre, qui estime que c'est le «signe de l'amour». Car, a-t-il dit, «là où la douleur est profonde, l'espérance qui naît de la communion doit être encore plus forte». Et cette espérance ne «déçoit pas», a-t-il renchéri.

Des témoignages poignants

La liturgie de la Parole, centrée sur la parabole du bon Samaritain - tirée de l'Évangile selon Marc (Mc 10, 25-37) – a été précédée de témoignages de deux femmes. Diane Foley, des États-Unis, qui parcourt le monde - en racontant l'histoire de la réconciliation et du pardon grâce à la force de la foi avec Alexanda Kotey, membre du groupe djihadiste qui a tué son fils, le journaliste James Wright Foley, en Syrie en 2014. Les images de sa décapitation barbare ont été filmées et diffusées sur Internet par les assassins. Le 29 août dernier, elle avait déjà été reçue au Vatican par le Souverain pontife, en compagnie de l'écrivain Colum McCann qui a consacré un livre à cette affaire.

Pour sa part, Lucia di Mauro Montanino, de Naples, a témoigné de la manière avec laquelle elle a transformé la douleur causée par le meurtre de son mari- agent de sécurité tué le 4 août 2009 par des jeunes lors d'une tentative de vol - en renaissance, grâce à la rencontre et à l'accompagnement d'Antonio, l'un des jeunes qui a participé à l'agression.

La violence n'a pas le dernier mot

Pour le Pape ces différents témoignages transmettent cette certitude: «la douleur ne doit pas engendrer la violence; la violence n'est pas le dernier mot, car elle est vaincue par l'amour qui sait pardonner». La plus grande libération, a estimé Léon XIV, «vient du pardon, qui, par grâce, peut ouvrir le cœur malgré toutes les brutalités subies». La violence subie ne peut être effacée, a-t-il reconnu, mais le pardon accordé à ceux qui l'ont générée est «une anticipation sur terre du Royaume de Dieu», c'est le fruit de son «action qui met fin au mal et établit la justice», a encore ajouté le Saint-Père.

“À vous aussi, frères et sœurs qui avez subi l'injustice et la violence de l'abus, Marie répète aujourd'hui: «Je suis ta mère». Et le Seigneur, dans le secret de votre cœur, vous dit: «Tu es mon fils, tu es ma fille». Personne ne peut vous enlever ce don personnel offert à chacun». Et l'Église, dont certains membres vous ont malheureusement blessés, s'agenouille aujourd'hui avec vous devant la Mère. Puissions-nous tous apprendre d'elle à protéger les plus petits et les plus fragiles avec tendresse!”

Léon XIV a exhorté à «marcher ensemble» et à apprendre à recevoir de Marie «la force de reconnaître que la vie n'est pas seulement définie par le mal subi, mais par l'amour de Dieu qui ne nous abandonne jamais et qui guide toute l'Église». Rappelant les paroles de saint Paul, le Pape a expliqué que «lorsque nous recevons la consolation de Dieu, nous devenons alors capables d'offrir la consolation aux autres».

Paix et consolation

Au moment où l’Église célèbre ce 15 septembre, au lendemain de la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, la dévotion à Notre-Dame des Douleurs, Léon XIV a expliqué que «ceux que nous aimons et qui nous ont été arrachés» par la mort ne sont pas «perdus et ne disparaissent pas dans le néant». Leur vie, a-t-il affirmé, appartient au Seigneur qui, «comme le Bon Pasteur, les embrasse et les serre contre lui, et nous les rendra un jour afin que nous puissions jouir d'un bonheur éternel et partagé».

Par ailleurs a-t-il dit, à côté de la souffrance personnelle, il existe aujourd'hui encore une souffrance collective de populations entières qui, «écrasées par le poids de la violence, de la faim et de la guerre, implorent la paix». C'est un cri immense, a indiqué Léon XIV, qui «nous engage à prier et à agir pour que cesse toute violence» et que ceux qui «souffrent puissent retrouver la sérénité». La véritable consolation «que nous devons être capables de transmettre est de montrer que la paix est possible et qu'elle germe en chacun de nous si nous ne l'étouffons pas», a-t-il déclaré. Et d’ajouter: «Que les responsables des nations écoutent tout particulièrement le cri de tant d'enfants innocents, afin de leur garantir un avenir qui les protège et les console».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

15 septembre 2025, 17:10