Le Pape aux religieuses: le monde a besoin de femmes généreuses
Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican
«Une femme forte, qui peut la trouver? Sa valeur est bien supérieure à celle des perles.» C’est autour de ce questionnement de l’auteur du livre des proverbes (voir Pr 31, 10) que le Souverain pontife a construit sa réflexion, affirmant lui trouver une réponse dans les histoires de ces quatre fondations religieuses. «Un trait commun aux instituts auxquels vous appartenez est le courage qui a caractérisé leurs débuts», a indiqué le Pape, expliquant que Dieu a trouvé dans ces édifications «non pas une, mais plusieurs femmes fortes et courageuses, qui n'ont pas hésité à prendre des risques et à affronter des problèmes pour embrasser ses projets et répondre ‘‘oui’’ à son appel». Aussi a-t-il loué la pérennité de ces érections, soulignant le fait que les pionnières de ces institutions n’ont pas seulement agi à leur époque, mais «ont ouvert la voie à beaucoup d'autres qui, comme vous, suivant le Christ pauvre, chaste et obéissant, ont poursuivi son œuvre, parfois jusqu'au martyre».
La contemplation et l'engagement apostolique, racines de la vie consacrée
Le Saint-Père a décrit les mères fondatrices de ces quatre instituts religieux comme des «femmes extraordinaires », louant leur action missionnaire, accomplie dans «des temps difficiles», disait-il. Elles «se sont penchées sur les misères morales et matérielles dans les milieux les plus abandonnés de la société ; qui, pour être proches de ceux qui étaient dans le besoin, ont accepté de risquer leur vie, jusqu'à la perdre, victimes de violences brutales en temps de guerre», a affirmé le Pape, invoquant sur elles les paroles de l’Hymnus Fortem virili pectore, un ancien hymne de la Liturgie des heures qui «chante les louanges de femmes comme elles, révélant leur secret» par ces mots: «Elles ont dompté la chair par le jeûne, elles ont nourri leur esprit de la douce nourriture de la prière, elles se sont désaltérées des joies du ciel». Léon XIV a souligné que ces paroles «sages et profondes» rappellent «les racines de la vie consacrée, tant dans la contemplation que dans l'engagement apostolique».
Il ne s’agit pas de ‘‘spiritualisme’’ mais d’une expérience bien réelle
Le Souverain pontife a par ailleurs rappelé aux religieuses que «la force de la fidélité», au niveau de la contemplation comme de l’engagement apostolique, «provient de la même source, le Christ», et que les moyens d'en puiser la richesse sont, comme l'enseigne l'expérience millénaire de l'Église, «l'ascèse, la prière, les sacrements, l'intimité avec Dieu, avec sa Parole, avec les choses du Ciel». Aussi le Saint-Père s’est-il servi du témoignage millénaire de ces instituts religieux pour se dresser contre les discours qui cherchent à montrer que les vertus religieuses sont inatteignables. «Certains, dans notre monde immanentiste, pourraient penser qu'il s'agit là de ‘‘spiritualisme’’, mais ils seraient facilement démentis par le témoignage de ce que vos congrégations ont fait et continuent de faire au cours des siècles».
«Monter vers les hauteurs avec les pieds de l’humilité»
Par ailleurs, le Saint-Père a insisté sur le fait que «tout cela n'a été possible que grâce à la force qui vient de Dieu», évoquant l'expérience apostolique de chaque jour. «Notre travail est entre les mains du Seigneur, et nous ne sommes que de petits instruments inadéquats, des ‘‘serviteurs inutiles’’, comme le dit l'Évangile », a dit Léon XIV. «Si nous nous en remettons à Lui, si nous restons unis à Lui, de grandes choses se produisent, précisément à travers notre pauvreté», a dit le Souverain pontife, évoquant à ce propos, saint Augustin qui, dans De sancta virginitate, fait cette recommandation aux vierges: «Montez vers les hauteurs avec le pied de l'humilité. Lui [Dieu] élève ceux qui le suivent avec humilité [...]. Confiez-lui les dons qu'il vous a accordés, afin qu'il les conserve ; déposez auprès de lui votre force (cf. Ps 58, 10)».
Toujours à ce propos, le Pape a évoqué les paroles de Jean-Paul II dans son exhortation apostolique Vita consecrata, dans lequel, méditant sur la vie religieuse dans le contexte de la Transfiguration du Christ, le Pape polonais parle d'« une ‘‘montée sur la montagne’’ et d'une ‘‘descente de la montagne’’», expliquant que «les disciples qui ont joui de l'intimité du Maître, enveloppés pour un instant par la splendeur de la vie trinitaire et de la communion des saints, presque ravis dans l'horizon de l'éternité, sont aussitôt ramenés à la réalité quotidienne, où ils ne voient que "Jésus seul" dans l'humilité de la nature humaine, et sont invités à redescendre dans la vallée, pour vivre avec lui la fatigue du dessein de Dieu et emprunter avec courage le chemin de la croix».
Une présence vigilante et silencieuse dans des lieux malheureusement déchirés par la haine
Le Souverain pontife a conclu son discours par des remerciements aux quatre familles religieuses «pour le bien que vous faites dans tant de pays du monde et dans tant de contextes différents», redisant combien l’héritage qu’elles ont reçu est significatif. C'est ici qu'il a déclaré: «De nos jours encore, nous avons besoin de femmes généreuses». Il a par la suite expressément adressé «un salut particulier» aux sœurs Carmélites déchaussées de Terre Sainte. «Ce que vous faites est important, par votre présence vigilante et silencieuse dans des lieux malheureusement déchirés par la haine et la violence, par votre témoignage d'abandon confiant en Dieu, par votre invocation constante pour la paix. Nous vous accompagnons tous par notre prière et, à travers vous, nous nous rapprochons de ceux qui souffrent, leur a dit le Saint-Père.
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