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Le Pape célèbre l'espérance «désarmée» et «pleine d'immortalité» des martyrs

Ce dimanche, Léon XIV a présidé une célébration faisant mémoire des martyrs du XXIe siècle en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, en présence de représentants d’autres confessions chrétiennes. Le Pape a déploré que malgré la fin des grandes dictatures du XXe siècle, la persécution des chrétiens ne soit pas finie. Leur sang est «semence de nouveaux chrétiens» a-t-il souligné, réaffirmant l'engagement de l'Église à «préserver la mémoire des témoins de la foi de toutes traditions chrétiennes».

Fabrice Bagendekere SJ – Cité du Vatican

C’est près de la tombe de l’apôtre Paul, symbole de l’unité chrétienne, que l’Église a communié avec les martyrs et témoins de la foi de notre siècle, en la fête même de l’Exaltation de la Sainte Croix, symbole du «sacrifice du Christ, du pardon des péchés et de l’espérance en la résurrection». Un message qui unit toutes les Églises professant leur foi dans le Christ, qui est venu dans le monde, mort et ressuscité pour sauver l’humanité de l’emprisonnement du péché. Présents à cet office, des représentants des Églises orthodoxes, des anciennes Églises orientales, des communautés chrétiennes et d'organisations œcuméniques, que le Pape a saluées de tout cœur, leur adressant son «étreinte de paix» et les remerciant d'«avoir accepté [son] invitation à cette célébration». Dèjà Jean-Paul II, le 7 mai de l'an 2000, avait présidé une commémoration des témoins de la foi afin de rappeler l’«œcuménisme du sang» des chrétiens qui perdent leur vie in odium fidei, dans des contextes hostiles.

Lors de la célébration faisant mémoire des martyrs du XXIe siècle, ce dimanche 14 septembre
Lors de la célébration faisant mémoire des martyrs du XXIe siècle, ce dimanche 14 septembre   (@Vatican Media)

Le martyre, la communion la plus authentique qui soit avec le Christ

«Pour moi, il n'y a d'autre gloire que celle de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ». C’est avec cette adresse de Paul aux Galates (Gal 6, 14) que le Saint-Père a introduit son homélie, exprimant au nom de tous la conviction que «le martyre jusqu'à la mort est ‘‘la communion la plus authentique qui soit avec le Christ qui verse son sang et, dans ce sacrifice, rapproche ceux qui étaient autrefois éloignés’’», comme le même Paul écrivait aux Éphésiens (cf. Ep 2, 13). Aujourd'hui encore, a dit Léon XIV, «nous pouvons affirmer avec Jean-Paul II que, là où la haine semblait imprégner tous les aspects de la vie, ces audacieux serviteurs de l'Évangile et martyrs de la foi ont démontré de manière évidente que ‘‘l'amour est plus fort que la mort’’», se référant ici aux paroles du saint Pape lors de la célébration œcuménique du 7 mai 2000.

Prendre sur soi la haine, pour partager le sort des humiliés et opprimés

Tout mène au Christ. «Nous nous souvenons de nos frères et sœurs en tournant notre regard vers le Crucifié», a dit le Pape, rappelant que, Lui le premier, «par sa croix, Jésus nous a révélé le vrai visage de Dieu, son infinie compassion pour l'humanité ; il a pris sur lui la haine et la violence du monde, pour partager le sort de tous ceux qui sont humiliés et opprimés: ‘‘Il a porté nos souffrances, il s'est chargé de nos douleurs’’», comme le dit bien le chant du serviteur souffrant ( voir Is 53, 4). Aujourd'hui encore, a souligné le Saint-Père, «de nombreux frères et sœurs, à cause de leur témoignage de foi dans des situations difficiles et des contextes hostiles, portent la même croix que le Seigneur», décrivant le contexte général du martyre contemporain. «Ce sont des femmes et des hommes, des religieuses et des religieux, des laïcs et des prêtres, qui paient de leur vie leur fidélité à l'Évangile, leur engagement pour la justice, leur lutte pour la liberté religieuse là où elle est encore violée, leur solidarité avec les plus pauvres», a-t-il dit, invoquant sur eux les béatitudes et proclamant la foi en leur immortalité.

Une espérance pleine d’immortalité

Invoquant l’année jubilaire en cours, le Saint-Père a invoqué «l'espérance de ces courageux témoins de la foi». C'est une espérance, a-t-il dit, «pleine d'immortalité, car leur martyre continue à répandre l'Évangile dans un monde marqué par la haine, la violence et la guerre». C'est une espérance pleine d'immortalité, a-t-il poursuivi, «car, bien qu'ils aient été tués dans leur corps, personne ne pourra faire taire leur voix ni effacer l'amour qu'ils ont donné». C'est une espérance pleine d'immortalité, a-t-il déclaré pour la troisième fois, «car leur témoignage demeure comme une prophétie de la victoire du bien sur le mal», concluant par une louange à leur douceur et à leur tranquillité. «Oui, leur espoir est désarmé. Ils ont témoigné de leur foi sans jamais recourir aux armes de la force et de la violence, mais en embrassant la force faible et douce de l'Évangile», a proclamé Léon XIV.

Les martyrs, une grande fresque de l'humanité chrétienne

Pour illustrer ces béatitudes, le Pape a cité quelques figures de la longue liste d'au moins 1 624 chrétiens tués depuis l'an 2000: Sœur Dorothy Stang «engagée auprès des sans-terre en Amazonie», qui a montré la Bible, «sa seule arme», à ceux qui s'apprêtaient à la tuer en lui demandant une arme ; le père Ragheed Ganni, prêtre chaldéen de Mossoul en Irak, qui a renoncé à se battre pour «témoigner de la conduite d'un vrai chrétien»; le frère Francis Tofi, anglican et membre de la Melanesian Brotherhood, qui a «donné sa vie pour la paix dans les Îles Salomon». Ces audacieux serviteurs de l'Évangile et martyrs de la foi, a affirmé le Pape, constituent «une grande fresque de l'humanité chrétienne [...]. Une fresque de l'Évangile des Béatitudes, vécue jusqu'à l'effusion du sang», reprenant encore ici les paroles de Jean-Paul II lors de la commémoration des témoins de la foi au XXe siècle.

Lors de la célébrations, des lampes ont été déposées au pied de la Croix.
Lors de la célébrations, des lampes ont été déposées au pied de la Croix.   (@Vatican Media)

Nous ne pouvons pas, nous ne voulons pas oublier

Le Pape a regretté que «malgré la fin des grandes dictatures du XXe siècle, la persécution des chrétiens n'est pas encore terminée aujourd'hui, bien au contraire, elle s'est intensifiée dans certaines parties du monde». Et le Souverain pontife de réaffirmer l'engagement de l'Église à «préserver la mémoire des témoins de la foi de toutes les traditions chrétiennes», exprimant la volonté de le faire non sans eux. «Nous ne pouvons pas, nous ne voulons pas oublier. Nous voulons nous souvenir», a insisté le Saint-Père, indiquant que «comme au cours des premiers siècles, même au troisième millénaire, ‘‘le sang des martyrs est la semence de nouveaux chrétiens’’». Aussi, a-t-il renouvelé sa confiance en la Commission pour les nouveaux martyrs qui, en collaboration avec le dicastère pour la Promotion de l'unité des chrétiens remplit la tâche de dresser la liste des personnes qui ont témoigné de leur foi jusqu’au sacrifice suprême dans toutes les régions du monde.

Que le sang de tant de témoins nous incite à être ensemble le levain d'une humanité pacifique et fraternelle

Le Saint-Père a conclu son homélie par une double prière, pour l’unité des chrétiens et pour un monde meilleur, un monde de paix. Rappelant une des conclusions du Synode sur la synodalité, à savoir que «l'œcuménisme du sang unit les chrétiens de différentes appartenances qui, ensemble, donnent leur vie pour la foi en Jésus-Christ», le Pape a formulé la prière «que le sang de tant de témoins rapproche le jour béni où nous boirons au même calice du salut !». Léon XIV a ensuite et enfin évoqué le souvenir d’un enfant pakistanais tué dans un attentat contre une Église catholique en 2015. Abish Masih rêvait dans son cahier de classe de «rendre le monde meilleur» et Léon XIV a imploré que «le rêve de cet enfant nous incite à témoigner avec courage de notre foi, afin d'être ensemble le levain d'une humanité pacifique et fraternelle».

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14 septembre 2025, 17:17