Léon XIV encourage l'Italie à promouvoir la paix et la justice

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

Quelques semaines avant son voyage en Turquie du 27 au 30 novembre, et au Liban du 30 novembre au 2 décembre prochain, le Pape Léon XIV a effectué ce 14 octobre, une visite au Quirinal, «un palais étroitement lié à l’histoire de l’Église catholique et à la mémoire de nombreux Souverains pontifes». Le palais du Quirinal, emblème depuis 1946 de la République italienne et siège de la présidence, a été pendant plus de trois siècles la résidence papale de trente Papes, allant de Grégoire XIII à Pie IX, avant de devenir le palais des rois d’Italie.

Rencontre entre Léon XIV et Sergio Mattarella

Dans la matinée de ce mardi, Léon XIV, premier Pape américain, a rencontré le président italien Sergio Mattarella. Par cette visite, le Saint-Père «entend renouveler le lien fort qui unit le Siège de Pierre au peuple italien», dans le cadre des «relations bilatérales cordiales qui existent entre l’Italie et le Saint-Siège, profondément marquées par une sincère amitié et une collaboration mutuelle efficace» reconnue par l'évêque de Rome.

Léon XIV a adressé ses sincères remerciements aux autorités et au peuple italien, pour le «bel exemple d'hospitalité et d'organisation efficace» en cette année jubilaire, «que l'Italie offre sous divers aspects: logistique, sécurité, préparation et gestion des infrastructures et des services, et bien plus encore». Des milliers de pèlerins continuent d’affluer dans la capitale italienne pour participer aux différentes activités organisées dans le cadre du Jubilé de l’espérance 2025. Le Pape a salué «la belle synergie et la collaboration que nous vivons, et qui constituent déjà un "signe d’espérance" pour tous ceux qui viennent avec foi franchir la Porte Sainte et prier sur les tombeaux de Pierre et des apôtres».

Visite du Pape François 

La dernière visite d'un Pape au Quirinal remonte au 10 juin 2017. François avait rencontré le président Sergio Mattarella, affirmant cette année-là, «regarder l’Italie avec espérance, une espérance qui s’enracine dans la mémoire reconnaissante envers les parents et les grands-parents qui sont aussi les miens», soulignait-il, «parce que mes racines se trouvent dans ce pays». Parlant de son prédécesseur, Léon XIV n’a pas manqué dans son discours d’exprimer sa gratitude pour les efforts fournis par les autorités italiennes lors du décès du Pape argentin. 

Œuvrer pour la paix

Les guerres et conflits sont ensuite évoqués, «les graves souffrances qui blessent l’humanité au niveau mondial et qui nécessitent des réponses urgentes et clairvoyantes». Le Saint-Père a encouragé à œuvrer pour maintenir un climat de paix dans le monde, tout en ivitant à «cultiver et à promouvoir toujours davantage les principes de justice, d'équité et de coopération entre les peuples qui en sont irrémédiablement le fondement». Mettant également l'accent sur la paix dans son intervention, le président italien a souligné qu'«il est essentiel de désarmer les âmes et de désarmer les paroles». La responsabilité «incombe aux décideurs politiques et à ceux qui influencent l’opinion publique, en évitant d’exalter les conflits plutôt que de cultiver, au contraire, le dialogue et la compréhension mutuelle», a affirmé Sergio Mattarella. 

L’engagement du gouvernement italien en faveur des «nombreuses situations difficiles liées à la guerre et à la pauvreté, en particulier celles des enfants de Gaza», notamment en collaboration avec l'hôpital Bambino Gesù, a été saluée par l’évêque de Rome. «Ce sont là des contributions fortes et efficaces à la construction d'une coexistence digne, pacifique et prospère pour tous les membres de la famille humaine».

Mercredi 13 août dernier, trois enfants, dont deux garçons âgés de 6 mois et 13 ans, et d'une fillette de 2 ans, avaient été admis à l'hôpital pédiatrique Bambino Gesù. Avec ces arrivées, le nombre d'enfants venus de Gaza pris en charge par l'hôpital depuis le début du conflit en octobre 2023 s'élève à 20.

La générosité envers les migrants 

Outre cette solidarité affichée par l’Italie, Léon XIV a noté «l'assistance que ce pays offre avec une grande générosité aux migrants, de plus en plus nombreux à frapper à ses portes». Ainsi que «son engagement dans la lutte contre la traite des êtres humains». «Ce sont des défis complexes de notre époque, face auxquels l'Italie ne s’est jamais défilée», a-t-il précisé, encourageant au «maintien dynamique d’une attitude d'ouverture et de solidarité avec un cœur ouvert».

Baisse de natalité en Italie

Dans son intervention, le Souverain pontife s’est également focalisé sur la question de la natalité dans le pays. Au cours des dernières décennies, ce pays a «malheureusement connu une baisse significative de la natalité». En 2024, le nombre de naissances avait atteint un nouveau record à la baisse selon l'institut selon national de statistiques ISTAT. 370 000 naissances avaient été enregistrées en 2024, un chiffre en baisse pour la 16e année consécutive.

Il s'agit du chiffre le plus bas enregistré depuis l'unification du pays en 1861. Face à cette crise démographique, le Pape demande «un engagement à promouvoir des choix à différents niveaux en faveur de la famille, en soutenant ses efforts, en promouvant ses valeurs et en protégeant ses besoins et ses droits». Il a souligné l’importance «d’assurer à toutes les familles le soutien indispensable d'un emploi digne», dans des «conditions d’équité et en tenant compte des besoins de la maternité et de la paternité. Faisons tout notre possible pour redonner confiance aux familles», a-t-il insisté, «en particulier aux jeunes familles, afin qu'elles puissent envisager l'avenir avec sérénité et grandir en harmonie».

Un pays doté d'une richesse humble et cachée 

Le Pape Léon XIV a conclu son discours en adressant ses meilleurs vœux au peuple italien: «L'Italie», a-t-il clamé, «est un pays d'une immense richesse, souvent humble et cachée, qui a donc parfois besoin d'être découverte et redécouverte». Il encourage chacun des citoyens à «se lancer dans cette belle aventure, afin d'y puiser de l'espoir et d'affronter avec confiance les défis présents et futurs.» 

Pour l’Italie, «la force de son rapport avec l’Église catholique a signifié – un renforcement du patrimoine vital et indivisible de l’unité nationale, augmentant la cohésion du peuple italien et contribuant à la prise de conscience de la responsabilité que chacun porte envers la communauté dans laquelle il vit». «L'Église catholique a accompli et continue d'accomplir un travail remarquable pour soutenir les populations les plus vulnérables», a déclaré le président italien exprimant sa reconnaissance. 

En juin dernier, l’évêque de Rome avait reçu le président italien. C’était la première rencontre officielle entre Sergio Mattarella et le Pape Léon XIV. Toutefois, les deux hommes avaient déjà échangé quelques mots après la messe d’ouverture du pontificat du nouveau Pape le 18 mai dernier dans la basilique vaticane.