À bord du Bel Espoir, Léon XIV encourage les jeunes à construire la paix de demain

Léon XIV a dédié le premier déplacement de son pontificat dans la ville d’Ostie aux jeunes du Bel Espoir, dont le bateau est amarré pendant deux jours au port touristique de cette ville de la commune de Rome. A l’orée de leur toute dernière traversée en mer de la Ville éternelle à la cité phocéenne, d’où le projet est parti il y a deux ans, le Souverain pontife leur a prodigué quelques conseils pour construire la paix.

Delphine Allaire - Ostie, Rome

Après plus de deux jours de navigation le long de la côte tyrrhénienne depuis Naples, deux escales sur les îles de Procida et Ponza, les jeunes à bord de la mythique goélette à trois-mâts Le Bel Espoir ont touché terre dès mercredi soir à Ostie, l’antique port de Rome dont l'histoire est liée à saint Augustin d'Hippone. Avant de remettre les voiles vers Marseille qu'ils atteindront samedi 25 octobre, et d'accomplir une ultime traversée de huit jours en passant par la Corse, ils ont reçu vendredi 17 octobre la visite, inattendue mais espérée, d’un hôte de marque. Le Pape Léon XIV en personne est venu les saluer, partager un moment convivial et prier avec eux, sur le bateau en bois.

Tout un symbole, le Bel Espoir ayant aussi navigué d’un Pape à l’autre en cette année de l’espérance. Le Pape François a béni le départ du bateau de Barcelone le 1er mars et Léon XIV continue de suivre l’odyssée. Le Souverain pontife américain a ainsi loué ce type d’expériences de rencontre et du dialogue expérimenté tout au long de ces huit mois par 200 jeunes ayant sillonné 30 ports par groupe de vingt-cinq aux nationalités, cultures et religions toutes différentes.

 

«Vous êtes un signe d’espérance pour la Méditerranée et pour le monde»

«Le monde d'aujourd'hui a besoin de plus que des mots. Il a besoin de signes; de témoignages qui donnent de l'espérance. Et le nom même de ce bateau, ainsi que la présence de vous tous ici aujourd'hui, en sont la preuve», leur a d’emblée assuré Léon XIV, développant trois idées, au premier rang desquelles le dialogue. «Combien il est important d'apprendre à se parler, à s'asseoir, à apprendre, à écouter, à exprimer ses propres idées et ses propres valeurs, et à se respecter mutuellement afin que les autres se sentent vraiment écoutés», a répété le Successeur de Pierre à la proue du bateau, saluant l'expérience de dialogue des jeunes, «qui nous aide tous à apprendre à nous respecter les uns les autres».

À partir du dialogue, le Pape missionnaire a égrainé l’idée de construire des ponts; «pas nécessairement un pont au-dessus de la Méditerranée, mais un pont entre nous tous, peuples de nombreuses nations différentes». Après avoir salué individuellement chacun de ces jeunes, originaires d’Albanie, des Balkans, d’Égypte, de Palestine, d’Espagne, de Malte, France ou encore Italie, entre autres, Léon XIV a souligné très simplement combien «il est merveilleux d'apprendre à connaître des gens, en voyageant littéralement autour de la Méditerranée». «Je suis sûr que toutes ces personnes vivant sur un bateau aussi petit... Je ne suis pas encore descendu (dans les cabines, ndlr)... apprennent à vivre ensemble, à se respecter les uns les autres et à surmonter les difficultés. C'est aussi une expérience formidable pour vous tous, en tant que jeunes, mais c'est aussi quelque chose que vous pouvez nous enseigner à tous», a-t-il détaillé avant d’évoquer une troisième idée: être des bâtisseurs de paix, apprendre à être des promoteurs de paix, «dans un monde qui tend de plus en plus vers la violence, la haine, la séparation, la distance et la polarisation».

Le goûter du Pape avec les jeunes

Félicitant enfin les jeunes comblés et ravis de cette visite surprise qu’ils n’ont découvert que la veille, le Pape s’est vu remettre plusieurs cadeaux. Une carte de la Méditerranée sertie de mots personnalisés de chacun des jeunes, le premier chapitre du Livre blanc de la Méditerranée relatif à la première étape du Bel Espoir, ainsi que le recueil des paroles du Pape François sur la Méditerranée, de Lampedusa (2013) à Ajaccio (2024). Le Pape de 70 ans a ensuite visité l’entièreté du trois-mâts descendant dans les cabines pour remonter à la salle à manger où un goûter familial a eu lieu: tartes aux pommes, viennoiseries, pancakes avec les jeunes et partage d’expériences. Lama, Palestinienne de Ramallah, a livré douloureusement l’expérience difficile du dialogue en Terre Sainte. Avec son amie Cristina, également de Ramallah, elles ont offert au Pape une pochette tissée de Jérusalem, ainsi qu’un porte-clé réalisé par le poète palestinien Mahmoud Darwich. Hanan, Bosnien musulman, a souligné l’importance du dialogue entre les religions et Muhamad, de Libye, est revenu sur son parcours de migration. Avant la bénédiction apostolique, une prière commune a été récitée avec le Pape, composée par les religieuses du monastère de Pennabilli, coordonnant le réseau des monastères de la Méditerranée, qui ont spirituellement suivi toute l’odyssée maritime. «C’était émouvant d’avoir le Pape dans notre lieu de vie, avec nous. C’est touchant qu’il ait instantanément compris ce que l’on vivait. Notre unité dans les différences, dans la joie et l’amour les uns pour les autres», confie Aurore, la responsable des jeunes pour cette huitième et dernière étape.

Préparer des institutions de paix

Introduisant le moment privilégié avec le Pape, le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, à l’origine de l’aventure initiée en 2023, a rappelé les quelques étapes précédentes du bateau. Parmi elles, le rendez-vous manqué au Liban qui aurait dû survenir au moment où la guerre entre Israël et l’Iran s’est déclenchée. «Sur la mer, il y avait plus de porte-avions que de voiliers», mais aussi la rencontre avec le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier à Istanbul, en Turquie. Deux pays dans lesquels Léon XIV se rendra fin novembre et début décembre, accomplissant en Méditerranée le premier voyage de son pontificat. «Si tu veux la paix, prépare des institutions de paix», ce bateau est une école en vue de préparer des jeunes à s'engager dans des institutions de paix, a résumé le cardinal Jean-Marc Aveline.

L'escale romaine, du dialogue interreligieux à la tombe du Pape François

Les yeux scintillants, dansant et chantant, plein d’espérance après le départ de l’évêque de Rome, l’heure est à la baignade dans les eaux d’Ostie pour certains vaillants de l’équipage. Les jeunes du Bel Espoir repartent fortifiés de leur escale romaine, durant laquelle ils ont aussi pu se recueillir sur la tombe du Pape François à Sainte-Marie-Majeure jeudi. «Un grand moment d’émotion», pour nombre d’entre eux, dont de précédents participants aux rencontres méditerranéennes 2023 qui lui sont reconnaissants pour tout son magistère de la Mare Nostrum, mais aussi les musulmans du groupe fortement touchés. Les jeunes ont également rencontré jeudi l’imam de la Grande mosquée de Rome, Salah Ramadan Elsayed, et visiter au Vatican deux dicastères, pour le Dialogue interreligieux et pour le Service du développement humain intégral en compagnie du cardinal Michael Czerny, sensible au processus méditerranéen. Ils mettent à présent le cap sur Marseille enrichis de ces nourritures spirituelles et terrestres. En chantant en toutes les langues leur hymne: «Peace, pace, mir, paz, salam, Bel Espoir! Peace, paci, paix, love we share in unity...»

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17 octobre 2025, 19:00